Je
remonte
ici ces éléments qui peuvent intéresser les amateurs de vins de Bourgogne.
Côte de Nuits 2011 et 2012 aux Grands Jours de Bourgogne
Domaine Lucien Boillot
Des 2012 actuellement en masse.
Le
Gevrey propose un joli nez au fruit croquant, sur la grenade et le pamplemousse et un bouche juteuse et facile, très agréable.
Les premiers crus
La Perrière et
les Corbeaux gagnent en densité, toujours construits autour de ce fruit pur et net, avec une pointe de fermeté pour le premier et un surcroit d'acidité pour le second. Les vins sont bien définis, sans déficit de chair et semblent bien nés.
Avantage au premier cru
Les Cherbeaudes, au nez délicat, sur la fraise et le menthol et à la très jolie bouche charnue, aux beaux tanins gras et à la finale d'une impeccable fraicheur.
De jolis vins fins, plutôt sur la délicatesse et au fruit pur très agréable.
Domaine Bouchard Père & Fils
Des 2012.
Rien de marquant sur le
Gevrey, vin bien fait, net, irréprochable.
Deux superbes bouteilles que le
Chapelle Chambertin, statué, dense, d'une grande qualité de texture et de densité et le
Clos de Bèze, plus réducteur mais doté d'une matière magnifique, à la fois veloutée et masculine, d'une puissance contenue par une acidité parfaite produisant un équilibre d'école et des tanins remarquables de qualité.
Un futur grand vin !
Domaine Philippe Charlopin
Des 2011.
Nez plein, concentré et tirant sur les fruits noirs. Matière juteuse et savoureuse, tanins veloutés pour un beau
Marsannay En Montchenevoy.
Le
Gevrey VV gagne en volume et surtout en longueur. Sa construction joue là encore sur le velouté, par des tanins superbes et un équilibre suave remarquablement tourné.
Le
Charmes Chambertin est moins immédiat, marqué d'un net boisé pas pour autant envahissant. La bouche est toute en présence tactile, en impact, sur une puissance de corps qui en impose. Attente impérative pour le laisser se détendre.
Une pleine réussite sur ce millésime difficile.
Maison Lou Dumont
Des 2011. Vins 100% égrappés, élevage fûts neufs à 50% sur les villages, 70% sur les grands crus.
Le nez du
Gevrey est élevé, sur le grillé. Grande tension en bouche marquée par une pointe végétale. Un vin qui manque un peu de matière.
Le
Gevrey cuvée Nature m'a semblé plus que strict, avec de faux airs de 2004, sur un végétal peu avenant et une acidité plutôt stridente.
Le
Charmes Chambertin reste construit sur une tension très haute, avec toujours ce nez bizarre, entre le caoutchouc et le géranium. Si l'attaque semble très tendue, la bouche gagne en cohérence pour s'ouvrir sur une fraicheur qui sait trouver une forme d'équilibre en finale. Mais cette sensation de fragilité supportera-t-elle les accords sur table sans s'effondrer ?
Domaine Jérôme Galleyrand
Des 2012.
Marsannay La Combe du Pré et
Fixin Les Champs des Charmes : deux vins assez proches en structure, dotés de hautes maturités et présentant des équilibres confortables, plus viril sur le Fixin, plus rond sur le Marsannay
Le
Gevrey La Justice gagne en assise et en tenue en bouche, d'un équilibre juteux avec un beau fruit franc. Les tanins sont bien intégrés, un peu plus que sur la cuvée
En Billard qui semble un peu plus ferme.
Le
Gevrey En Croisette issu d'une vendange 100% entière gagne en nervosité ce qu'il perd en immédiateté. Vin plus difficile à goûter dans des conditions pas si évidentes, moins lisible que ces prédécesseurs.
Bilan : de jolis vins bien structurés, avec des bouches fruitées et bien définies. Un domaine à suivre.
Domaine Dominique Gallois
Deux
Gevrey 2012 et 2011 décevants, avec des matières un peu diluées, particulièrement sur le 2011 qui tirait sur le végétal et la cendre froide, des notes que je retrouverais assez régulièrement sur ce millésime.
Le
Combe au Moine 2012 n'est pas beaucoup plus convaincant, très linéaire et manquant résolument de concentration.
Je passe.
Domaine Geantet Pansiot
Des 2012.
Le
Marsannay Champs Perdrix est puissant, un peu excessif, sur un corps concentré et une acidité un peu dissociée. Le
Gevrey VV est plus en place même si je lui trouve là encore un côté viril qui, derrière une pointe réduite au nez, chahute pas mal le palais (
de fillette) par sa concentration et un côté assez anguleux. Le premier cru
En Poissenot gagne en volume mais semble caractérisé par un côté solaire un peu lourd, sur la figue et des notes un peu confites qui goutaient un peu lourdes par les chaleurs difficiles de la Maison des Vins de Marsannay.
Changement de registre sur le
Charmes Chambertin où le volume puissant et racé du vin semble beaucoup plus cohérent, aux tanins massifs mais sans sécheresse. Un beau vin d'un grand potentiel.
Des vins puissants qui semblaient exacerber un peu à l'excès la générosité du millésime.
A revoir dans de meilleures conditions de dégustation.
Domaine Jean Michel Guillon
Des 2012. Vins 100% égrappés, élevage 100% fûts neufs.
Joli vin fruité à la bouche simple et agréable, sur de petites notes surmuries très faciles que ce
Côte de Nuit. Semble prêt à boire.
Le
Marsannay Les Portes Monopole m'a semblé marqué d'une petite pointe animale (bretts ?) et qui séchait fort sur la finale.
Changement de registre sur le
Gevrey Cuvée Père Galland, un vin langoureux, à la douceur certaine, plein de fruit, avec un côté confit un peu excessif de générosité à mon goût.
Beau
Gevrey VV, vin rythmé, bien mûr, offrant une matière suave et une jolie présence, notamment par une finale sur des tanins encore à fondre.
Le premier cru
La Perrière déroule un équilibre assez semblable, avec un beau nez croquant mais une acidité peut être un peu plus élevée.
Gain de volume et d'ampleur sur le
Petite Chapelle, vin juteux à la fine sucrosité dont la finale se retend grâce à une fine amertume.
Le
Mazis emporte les suffrages par son surcroit de fraicheur et d'équilibre, sur une matière dense bien élancée par une acidité nette et bien intégrée. Très belle longueur finale.
Une production de lecture plutôt moderne avec des vins charnus, aux sucrosités peut être un peu excessive à mon palais mais dont le style peut plaire à beaucoup.
A suivre !
Domaine Harmand Geoffroy
Des 2012 mis en janvier hors GC.
Le
Gevrey est net et bien fait, sans déficit de corps et sur un fruit agréable. La finale n'est pas très longue.
Le
Gevrey VV m'a semblé plus rustique, sur une matière un peu légère qui finit sèchement.
Beau nez de fruits noirs sur le premier cru
La Bossière mais la bouche reste un peu statique, manquant de reliefs et d'allonge.
Bien plus convaincu par le
Lavaut St Jacques, ses notes fumées et sa belle texture franche et pleine.
La Perrière et le
Mazis ne m'ont en revanche pas marqué.
Domaine Maume
Deux série de vins présentés : les 2011 produits par Bertrand Maume et les 2012 basculés en biodynamie depuis le rachat du domaine par Moray Tawse et Pascal Marchand.
Les 2011 :
Des vins très fins, marqués d'acidité élevées et d'un beau fruit croquant, sur la groseille et la framboise sur le
Gevrey En Pallud comme sur le
Lavaut St Jacques auquel on peut toutefois reprocher une finale un peu courte et une forme de fluidité que j'attribue aux faiblesses du millésime.
Changement total de registre avec les 2012 !
Le
Gevrey En Pallud propose un joli nez fruité, sur la fraise mais la bouche est un peu chahuté par des notes de pâte à papier.
Très beau
Champeaux, vin soyeux, juteux déroulant une matière moelleuse sans lourdeur.
Beaucoup moins convaincu par le
Lavaut St Jacques qui m'a semblé un peu surmûri, avec des notes confites de fruits noirs qui tirent sur la figue et une forme de sucrosité qui lui donnait un côté massif et lourd.
Superbe
Mazis en revanche où le beau nez de fruits noirs répond à une bouche énergique et puissante aux tanins de grande classe.
A suivre de près pour mieux comprendre l'influence des choix de la nouvelle équipe par delà les millésimes dans ce grand écart perçu !
Domaine Denis Mortet
Des 2011.
Le
Fixin rouge Vieilles Vignes est un vin agréable doté d'une matière veloutée et rythmée de parfaite extraction marquée toutefois d'une pointe de végétal.
Derrière une petite réduction au nez, le
Gevrey Vieilles Vignes déroule un équilibre d'école entre une maturité parfaite qui pose un corps juteux et plein et une acidité qui lui apporte rythme et fraicheur. L'élevage est encore bien perceptible mais sait éviter tout côté caricatural. Un beau vin en phase
avec mes souvenirs
.
Le
Lavaut St Jacques offre un style très proche avec un surcroit de puissance et de volume, sur matière magnifiquement équilibrée et aux tanins brillants.
A attendre impérativement pour que l'élevage un peu dominant se fonde.
Rien à dire, de la très belle ouvrage !
Domaine Philippe Naddef
Le
Gevrey En Songe 2011 est strict, sur une acidité un peu stridente et marqué d'un assez fort végétal. Le
2012 gagne en volume mais reste d'une austérité qui confine à la sévérité.
Le
Champeaux 2011 est marqué de l'aromatique "greeny" comme disent les anglo saxons comme on a pu en rencontrer sur les 2004.
Son homologue en
2012 est en revanche nettement plus sérieux, sur un nez grillé et une matière concentrée, un peu brutale mais qui semble dotée du fond nécessaire pour bien évoluer.
Une série de vins au style un peu austère et qui détonent peut être dans un exercice aussi compliqué que la dégustation en série.
Domaine Rossignol Trapet
Des 2012
Le
Gevrey VV est un peu lacté et assez fermé, sur un bouche un peu stricte à l'aromatique épicée. Beaucoup plus de densité et d'ampleur sur le premier cru
Aux Combottes au nez précis et sérieux, sur de belles senteurs de fruits noirs et à la bouche dense et pleine.
Très beau premier cru
Clos Prieur, au nez grillé et de fruits rouges et à la bouche salivante, nerveuse, d'une grande fraicheur et d'un très bel équilibre.
Curieux équilibre sur le
Latricières, assez fermé, qui goutait curieusement, sur un côté doux acide compliqué à appréhender. Le
Chapelle Chambertin est plus lisible, sur un nez serré et une très belle matière encore ferme. Fond de verre superbe.
Malgré une petite réduction au nez, le
Chambertin emporte les suffrages par sa concentration sans excès, tout en velouté et ses tanins classieux. Superbe vin !
Très belle gamme.
Domaine Trapet
Des 2012.
Le nez du
Marsannay est un peu réduit mais la bouche est agréable, croquante, sur une petite sucrosité confortable bien balancée par l'acidité. Joli vin franc.
Le
Gevrey est plus pointu, sur une acidité assez haute mais qui donne une bonne énergie au vin qui joue sur une finesse agréable, sans grande puissance toutefois.
Le Chambertin est plus compliqué à appréhender, la marche du Grand Cru n'est pas immédiatement perceptible, le vin jouant dans un équilibre assez similaire à celui du Gevrey.
De Chambolle à Morey
Clos de Tart
Le 2012 propose une robe profonde et un nez luxueusement élevé, sur des notes fumées qui masquent en l'état de belles senteurs de fruits noirs.
La bouche offre une matière superbe, sur un velouté remarquable et une maturité haute qui sait éviter toute lourdeur.
L'ensemble est très concentré et appelle sûrement une longue garde pour se détendre et s'exprimer plus en fraicheur, en longueur et en naturel, quand les rouages un peu visibles de la belle mécanique se seront fondus.
Au vu de la matière première superbe, on doit pouvoir être serein !
Domaine Digioia Royer
Des 2012.
Le
Chambolle est sur les fruits noirs mais sa texture est ferme, avec une assez forte amertume.
Le
Vieilles Vignes semble très extrait, ce qui lui fait perdre en charme et en équilibre.
Même lecture sur le premier cru Gruenchers, là encore marqué par une pointe amère.
Clos des Lambrays
Le 2011 possède une robe légère, sur le rubis. Son nez est marqué par des notes de cendre froide et un végétal assez fort. La bouche est légère, construite autour d'une acidité élevée, sur une matière précise mais de demi corps. Finale salivante mais manquant un peu de fond.
Pas de 2012 présenté mais un 2013 que je me sens bien incompétent à décrire.
Domaine Lignier Michelot
Des 2012.
Joli
Chambolle VV d'une impeccable extraction, sur une matière veloutée et un joli fruit croquant.
En La Rue de Vergy est tout aussi agréable à goûter, là encore marqué par cet équilibre délicat. Le
Morey Vieilles Vignes gagne en puissance sans sacrifier au charme et à sa pureté de fruit.
Le premier cru
Les Faconnières est plus viril, sur une tension plus importante et un côté un peu plus strict.
Très beau vin, plein, droit et d'une belle puissance sans excès que le
Clos de la Roche avec toujours ces délicates notes de petits fruits rouges retrouvés sur chacun des vins.
Un gamme superbe, aux vins bien définis, lisibles, délicats et d'un naturel remarquable.
Bravo au domaine !
***
Entre la distance entre les lieux de dégustation, la nécessité de trouver une place où déposer la voiture et la foule des Grands Jours qui n'a jamais aussi bien porté son nom, nul besoin de vous dire que les heures défilent plus vite que les verres ne se remplissent et le carnet ne se noircit.
Alors que j'aperçois au loin en pleine dégustation mon président Galinsky, un connaisseur qui ne raterait l'évènement pour rien au monde et que je retrouverai ce soir pour une jolie soirée étape, au moment où j'aperçois mon vieux Gui promenant sa casquette en peau de fesses et, j'espère son micro pour attraper de l'info de première main, on me tape sur l'épaule !
J'ai le plaisir de retrouver un amoureux du vin que je ne croise que trop rarement, une pointure d'une gentillesse à hauteur de son savoir, un Monsieur, l'ami David Rayer !
Si l'homme a dédié son temps et son œuvre aux vins d'outre Rhin, réduire ses compétences à cette seule région serait confondant de naïveté et comme oublier que doubler la distance à un Usain Bolt, c'est multiplier ses chances de médailles olympique et de records du monde !
Nous nous séparons bien trop vite en espérant se revoir bientôt.
***
Avec toutes les réserves inhérentes à l'exercice compliqué qu'est la dégustation en batterie, l'évènement permet toutefois de tirer des enseignements transversaux sur le niveau du ou des millésimes présentés comme sur les styles différents, parfois divergents de vinification ou d'élevage entre les domaines.
Je tire de cette manifestation, comme des dégustations qui suivront dans ce fil,
un bilan personnel que je vous livre et qui confirme mes impressions sur fût de cet automne :
Le millésime 2012 en Côte de Nuits semble remarquablement bien né, avec des matières d'une évidence de concentration naturelle assez remarquable, tout en chair et en volume contenu par de belles acidités, sur un fruit souvent d'une grande pureté et qui permet de soutenir des élevages même ambitieux.
On retrouve une densité de bouche confortable et pleine sans les excès solaires des 2009, avec une densité et une présence tactile qui m'évoque des 2010 plus immédiatement accessibles.
Dégusté en parallèle, 2011 peine à cacher une parenté avec le millésime 2004 et de nombreuses faiblesses de fond, des acidités souvent très, trop hautes, et un manque de matière patent allié à de régulières notes végétales qui pourraient bien constituer un marqueur lors des dégustations à l'aveugle.
Si les rendements en 2012 ont été moins catastrophiques en Côte de Nuits qu'en Côte de Beaune, l'année n'a pas été faste et la demande mondiale croissante dont témoigne la diversité des nationalités croisées lors de ces Grands Jours rend les disponibilités réduites et les prix en hausse constante.
Des arbitrages seront à faire pour l'acheteur et nul doute pour ma part que 2012 mérite louanges et donc peut être quelques efforts lors de la décision finale.
Oliv