[size=large]CR:Visite et dégustation des 2015 au Domaine de la Romanée Conti[/size]
Ayant un problème avec l'insertion des photos, il y en aura donc moins que prévu dans le compte-rendu, mais j'espère que les mots vous ferons un peu vivre le moment qu'on a vécu hier
Si on nous avait dit il y a quelques temps que nous aurions la chance de pouvoir aller au domaine, sans doute aurions nous rigolé, avec un petit pincement dans le coin de la bouche en se disant: "ce n'est pas pour nous..."
En ce jeudi d'avril on se rejoint avec l'ami Camille devant l'église de Vosne-Romanée, prêts pour un moment inoubliable dans notre jeune vie de passionné.
Nous sommes un peu en avance, allons donc faire un tour dans les vignes pour se mettre en condition.
Et ça y est, il est l'heure... on est un peu fébrile, mais bon, ce n'est que du vin au final, alors allons y sans se poser trop de questions, d'autant qu'on va vite être à l'aise!
Bernard Noblet nous accueille, et nous guidera tout le long de la matinée.
Nous savions que nous passerions un moment privilégié, mais ce que nous avons vécu hier restera sans doute comme l'un des moments les plus marquant, sinon le plus, de notre vie d'amateur.
A la fois grâce aux vins dégustés, mais surtout grâce à l'ambiance, à la gentillesse et la simplicité de Bernard Noblet. Un grand homme!
Nous allons donc d'abord déguster les vins du millésime 2015, sur fûts.
Les malos sont terminées.
CORTON
Premier vin de la dégustation.
C'est d'emblée fruité avec un peu d'aération, sur un fruit plutôt noir.
La bouche présente encore un léger perlant qui disparait vite pour donner un vin plein de finesse, aux tanins doux et frais.
ECHEZEAUX
La différence qualitative entre les deux est flagrante.
Quel vin!
Le nez est plein de mûre et de myrtille, charnu et incroyablement gourmand.
La bouche est absolument superbe d'évidence et d'équilibre, la matière est veloutée, soyeuse aux tanins doux et fondus.
C'est suave, fruité, caressant.
Finale superbe, pleine de mûre!
Première baffe!
GRANDS-ECHEZEAUX
Très différent de l'Echezeaux.
Au nez c'est beaucoup plus droit, frais, on sent plus la vendange entière ici, floral.
En bouche c'est une vraie cathédrale, immensément droit, long, bien charpentée avec une finale qui serre encore un peu.
Un vin encore un peu serré, mais quand ça va s'ouvrir ça sera surement superbe.
D'autant que le fond de verre est d'une intensité phénoménale sur la cerise...
ROMANEE-SAINT-VIVANT
Deuxième baffe de la dégustation...
Nez magistral, terriblement gourmand sur la fraise, la cerise, la framboise. C'est expressif, charnu, envoutant.
La bouche est tout aussi incroyable, à la fois sensuelle, caressante et velouté, les tanins sont gourmands, fondus, soyeux puis la fin de bouche nous donne un coup de peps, avec une fine tension qui étire le vin sur une finale interminable, énergique et intense...
Fond de verre sur la framboise, douce et acidulée.
Grandiose!
RICHEBOURG
De suite plus serré au nez, plus masculin et viril. Le contraste est saisissant avec la Romanée-Saint-Vivant.
On sent également plus la vendange entière ici, avec un côté plus droit.
La bouche est monumentale, avec une matière hors norme, puissante, charpentée, c'est carré, incassable, avec tanins plus aiguisés.
L'intensité en bouche est juste hallucinante, impactante.
L'équilibre général est cependant assez impressionnant.
Un vrai roi!
"Le Richebourg, un vrai mâle après la femme féline qu'est la Romanée-Saint-Vivant"
LA TÂCHE
Le nez est très expressif et surtout riche et puissant. On a des fruits noirs, de la confiture de cerise, des épices douces.
La bouche en attaque est large, puissante sans être ronde pour autant. Cette sensation d'une matière riche mais droite, aux tanins larges, équilibrés, d'une qualité hallucinante.
Puis après cette entame, le vin s'affine, et s'étire jusqu'à une longueur infinie, salivante, fraiche...
Superbe!
Arrive enfin le dernier vin. Surement la seule fois de notre vie où on pourra y tremper nos lèvres... quoi que...
ROMANEE CONTI
Alors la c'est simple, c'est la perfection absolue.
Un nez où tout est déjà en place, sur la cerise, la fraise, la myrtille, le tout dans une douceur incroyable.
La bouche est magistrale, la matière parfaitement dosée, sphérique, pleine, le contraste entre la douceur et l'élégance.
Une femme sensuelle aux tanins déjà parfaitement caressants.
Persistance de bouche fabuleuse, sur la cerise juteuse.
Le nirvana....
Quel moment!
Un point sur ces 2015, un niveau que je n'aurais même pas imaginé dans mes rêves les plus fous. Même pas un an mais déjà des vins en place, se livrant à nous et donnant déjà un plaisir fou!
Déjà, après ça, on se dit qu'on a touché au sublime et on est déjà aux anges avec la banane jusqu'aux oreilles.
Mais ce n'est pas fini
Nous allons maintenant changer d'endroit et déguster des vins en bouteille, et quels vins!
Bernard Noblet revient donc avec deux bouteilles et les ouvre devant nous...
La première:
LA TÂCHE 1999
C'est simple, l'immense Bourgogne comme on se l'imagine.
Le pinot dans toute sa splandeur...
Un vin incroyablement jeune avec un nez ahurissant de pureté et d'évidence: on a à la fois les petits fruits rouges, puis la confiture de mûre, les épices, l'orange sanguine, le menthol.
La bouche est celle des très grands vins.
Une matière gigantesque, mais tellement bien équilibrée, pure, aux tanins sublimes, avec un retour sur la cerise.
La finale interminable signée d'une intensité rarement rencontrée finie de m'achever.
Un monument!
Puis la seconde s'avère bouchonnée, du coup il retourne en prendre une autre illico presto!
LA TÂCHE 1990
Nez de suite plus ancien, plus mature avec pour moi une impression de cèpe sec, d'humus, puis ça s'ouvre et ça rajeunit sur la confiture de fraise, le pot pourri, très floral.
La bouche est à la hauteur, encore incroyablement jeune avec une matière à la fois suave mais droite, aux tanins fondus d'une finesse superlative que le fruit rend d'une magnifique gourmandise et élégance.
Finale infinie et florale.
Superbe!
Quand on pense que c'est fini, notre hôte s'en va à nouveau chercher une "vieille" bouteille dans l'endroit où les trésors sont gardés, pour nous faire partager un dernier rouge...
Nous allons avoir l'immense privilège de boire une....
ROMANEE CONTI 1965
Robe bien plus claire que les précédents.
Nez d'une pureté juste inouie, sur un tertiaire d'une noblesse difficilement imaginable, le pot pourri, les feuilles sèches, la cerise confite, pivoine, groseille...
La bouche est absolument exceptionnelle de jeunesse pour un vin de 51 ans. Il a encore toutes ses dents!
C'est simple tout est parfait.
Le vin est un modèle de délicatesse, le tout mélant suavité de la matière et douceur des tanins avec fraicheur et acidité fine permettant à cette matière de perdurer sur une finale salivante et totalement jouissive!
Un vin intemporel, hors du temps...
Grandiose!
Sur un mauvais millésime dit-il pour "voir à quel point la Romanée Conti (et le travail qui y est fait) est capable de donner de superbes vins même dans des millésimes compliqués".
Puis quand on pense que c'est alors vraiment fini... que nenni!
"On ne va quand même pas finir sans un blanc"
BÂTARD MONTRACHET 2007
Nez légèrement comprimé sur une fine réduction grillée, puis avec l'aération, des notes d'amande et de caramel au lait sans que ça ne soit écoeurant.
En revanche, la bouche est un modèle de grand chardonnay!
L'attaque est puissante, riche et impactante sans tomber dans certains travers puisque d'un coup, une acidité laser vient rééquilibrer le tout donnant de l'allonge et de l'énergie au vin.
La finale est incroyablement fraiche, intense, longue...
Un immense vin blanc!
Cette fois, c'est vraiment la fin.
Il est l'heure de conclure ce moment, que l'on voudrait interminable mais qui sera inoubliable...
Que dire?
Du fond du cœur, merci au domaine et à Mr Bernard Noblet pour sa gentillesse, son humour et sa simplicité, permettant à deux jeunes passionnés de vivre ce moment qui restera à jamais gravé dans nos mémoires.
Je finirais sur une phrase de Bernard Noblet:
"Il n'y a pas de secrets ici, seulement quelques mystères et un peu de magie"
Julien, encore sur un nuage en écrivant ces quelques lignes...