En cette fin mai, le périple annuel de mon groupe de dégustation nous amène en Médoc. Nous nous attaquons aux visites des grands châteaux pour 3 jours. Nous commençons, avec le beau temps, par Cos d'Estournel.
Nous sommes accueillis par une charmante dame qui sera notre guide pour cette visite. La visite commence par un tour dans les vignes, durant lequel l’histoire du domaine ainsi que ses pratiques culturales nous sont racontées.
Cos signifie « colline caillouteuse » (d’ailleurs, il existe plein d’autres synonymes ayant donnés leur nom à d’autre domaines, comme « Lafite », « Mouton » ou « Tertre »). D’Estournel est le nom de famille du fondateur du domaine, dont le blason Lion et Licorne a servi aux premières étiquettes.
Le domaine, séparé de Lafite Rotschild que par un vallon, fait 100 ha. 65 personnes y travaillent à l’année et 90 saisonniers espagnols prêtent main forte pour les vendanges. L’encépagement est le suivant : 65% cabernet sauvignon, 30% merlot, les 5% restants étant composés de petit verdot et de cabernet franc. Les merlots sont plantés sur agiles et les cabernet sur graves (sauf pour de vieilles parcelles ou c’est l’inverse).
L’âge moyen des vignes est de 30-35 ans pour le second vin, Les Pagodes de Cos, et de 60-65 ans pour le premier vin, Cos d’Estournel. La densité de plantation est de 10000 pieds/ha et le rendement moyen est de 40-45 hL/ha. Les vignes sont taillées basses pour qu’elles profitent de la chaleur restituée par les cailloux du sol pendant la nuit.
En 2004, une série de travaux de rénovation est entreprise. J-M. Wilmotte s’est occupé du chai et du cuvier, alors que J. Garcia s’est occupé des jardins et de la décoration (d’inspiration indienne, avec les présences de statues d’éléphants et de portes du Rajasthan et de Zanzibar).
Ces photos montrent que l’extérieur est très réussi :
Et que l’intérieur n’a rien à lui envier (quelle classe !) :
Après la vendange, les raisins sont éraflés, triés manuellement et foulés avant d’être mis pour les fermentations dans des cuves inox tronconiques. Il y a 72 cuves, correspondant à 72 parcelles de vignes. Leur taille externe est identique mais leur taille interne est variable. Elles sont régulées thermiquement pour maintenir les températures au niveau souhaité pendant les fermentations alcooliques et malolactiques. L’intérêt de la forme tronconique est de diminuer la taille du chapeau de marc et de permettre un meilleur réarrangement de celui à chaque délestage. En effet, ici on ne pratique pas le pigeage. Et pour optimiser le travail par gravité, les remontages par pompe ne sont pas pratiqués non plus ; 4 cuves sur ascenseur sont utilisées pour transférer les jus puis les délester à nouveau par le haut. 2 à 3 délestages par jour sont pratiqués par cuves pendant la fermentation alcoolique. Voici une photo de ce magnifique cuvier :
Sous le cuvier, se trouve le chai à barrique pour les élevages. Le premier vin sont élevés avec 60-70% de barriques neuves, les autres étant à leur second vin. Le second vin voit 30% de barriques neuves et 70% de barriques de second vin. Après 2 vins, les barriques sont revendues.
Le premier millésime sorti des nouvelles installations est le 2008. Est-ce un hasard, c’est lui qui va survoler la dégustation :
Les Pagodes de Cos 2011 :
65% CS, 33% merlot, 2% PV
Robe pourpre. Nez ouvert, sur les fruits mûrs, avec une touche poivrée.
Attaque souple et fraîche. La bouche présente un côté aérien dû à cette belle fraicheur et à un grain de tanin assez fin. La retro est sur les fruits rouges mûrs, le poivre, le poivron rouge mûr. C’est gourmand et long en bouche.
Très bon actuellement.
Note 4-/5.
Cos d’Estournel 2011 :
Robe bordeaux/pourpre. Nez assez ouvert, sur les fruits rouges et noirs, et un boisé dominé par le café.
La bouche est puissante et tannique dès l’attaque, mais elle possède un bel équilibre. En retro, on retrouve le nez ainsi qu’une note fumée, légèrement graphite. Belle longueur.
C’est très bon, mais moins gourmand que les Pagodes. C’est encore trop jeune, et ça a un beau potentiel.
Note 4/5.
Cos d’Estournel 2008 :
Robe bordeaux/pourpre. Nez ouvert, sur le poivre, le cuir, le tabac et les fruits noirs.
L’attaque est souple. La bouche est fraîche et suave, tout en velours, très élégante. C’est puissant et gourmand. La retro confirme le nez mais avec des fruits noir et du cuir plus expressifs. Un léger fumé fait son apparition en finale. Très belle longueur.
C’est très bon à excellent.
Note 4,5/5.
Cos d’Estournel 2003 :
Robe pourpre. Nez ouvert, mûr, un peu animal (légère sueur de cheval), fruits noirs, cuir.
En bouche c’est frais et rond mais assez peu puissant. La retro est dominée par les fruits noirs légèrement compotés. C’est relativement long en bouche.
C’est bon à très bon, mais ce vin semble déjà un peu fatigué.
Note 3,5/5.
Cos d’Estournel 2002 :
Robe pourpre. Nez ouvert, sur le poivron rouge mûr, la réglisse, le fumé et un léger jus de viande.
La bouche est fraiche avec des tanins un peu accrocheurs. On y retrouve les aromes du bouquet complétés par un peu de cuir. Il y a une belle longueur.
C’est très bon, ce vin semble arriver à son apogée, avec encore quelques tanins à fondre.
Note 4-/5.
Cos d’Estournel Blanc 2015 :
Voici une curiosité produite depuis 2005 à partir de 80% de suavignon et de 20% de sémillon qui ont été surgreffés sur des cabernets sauvignons de 30 ans dans des parcelles tout au nord du médoc. L’élevage se fait en barrique, avec 5 à 7% de bois neuf.
Le nez est binaire, un mélange de bonbon au cassis et au citron.
L’attaque est souple, avec le cassis qui s’impose de suite. C’est un vin souple, assez soyeux, bien frais.
C’est bon, mais au prix où c’est vendu (plus de 100 euros), je passe mon tour. Note
3+/5.
Une visite très intéressante, et une dégustation qui ne l'était pas moins
.
Bibi