Cette soirée s’annonçait chaudement sous le patronage de Saint-Estèphe, et malgré une température passablement élevée ce Mercredi, les impétrants arrivèrent solidement outillés, aves des flacons rafraichis.
Nous savions que l’appellation choisie regorgeait de bonnes affaires, et qu’une vie existait aussi à Saint-Estèphe en dehors des crus classés désormais réservés aux milliardaires chinois. Nous avons gouté de fort bonnes bouteilles, et sur les crus classés , ces derniers ont fort bien tenu leur rang.
VIN N° 1
Nous débutons avec un petit apéritif offert par l’un des participants, et à moins que Saint-Estèphe ne soit reconverti dans le Chardonnay pour les vins blancs, c’est un fort bon Chablis ou que le grand Cric me croque !!
La robe commence à évoluer légèrement, il n’est pas tout neuf à mes yeux. Le nez indique aussi un début de mousseron, une très légère sensation de sous-bois que l’on retrouve en finale. La bouche est restée par contre puissante et tonique. Je lui trouve plus un air de 1er cru que de simple village. Un 2010 ?
Chablis 1er Cru Montée de Tonnerre 2013 Domaine Droin. Jolie bouteille dans un millésime pas évident sur Chablis.
Vins N° 2 :
Vin encore foncé de robe, tannique en bouche, il est même un peu dur. Poivronne légèrement au nez , pas très mûr d’année. La finale est monotone, sèche un peu. On peut attendre un peu que tout ceci se fonde encore un peu à mon sens?
Château Meyney 2002
VIN N° 4
Vin plus « flou » que le N° 2, qui le place en grande difficulté. De demi-corps, un peu fluide il a une dominante terreuse, évoluée qui le dessert passablement. Bof
Ormes de Pez 2002. Face au Meney il est clairement KO
VIN N°4 :
Vin encore jeune de robe, rouge carmin foncé. Nez sur le fruit noir, puissant et concentré.
La bouche est également directe, carrée mais bel équilibre général grace à une adroite extraction des tannins.
Finale relativement simple à ce stade, car doit encore vieillir à mon sens au minimum 5 ans pour s’exprimer.
Une jolie découverte que cet «
Argilus du Roy « 2009. Il s’agit d’un petit domaine (4 ha), mais vinifié par un ancien responsable technique de Mouton-Rothschild qui connaît visiblement son affaire. Apprécié par toute la table.
VIN N° 5 :
Face à Argilus, nous avons un second vin tout aussi puissant et jeune. Un peu plus concentré je pense, il nous offre des arômes de cassis et de ronce, une touche boisée encore présente mais bien intégrée.
Très belle longueur en bouche, j’aime beaucoup ce flacon.
Il s’agit du très classique
Ormes de Pez 2009, très réussi sur ce millésime il faut le dire. Rien à voir avec le 2002.
VIN N° 6 :
Vin un peu plus évolué que les bouteilles précédentes, il est resté aussi riche et charpenté, mais se livre un peu plus en bouche, de très bonne tenue.
C’est un très bon Bordeaux hyper classique de 10/15 ans qui commence à nous donner des saveurs plus compotées, mais pas encore tertiaires. Qualité tannique exemplaire. Je pense que c’est un cru classé mais lequel ?
Lafon Rochet 2000. Belle bouteille, et qui commence seulement à se dévoiler !
VIN N° 7 :
Robe très foncée, ultra opaque.
Nez de cassis, avec une touche boisée/ vanillée de très bonne qualité, et bien intégrée.
La bouche commence à s’arrondir , mais on peut sans crainte attendre encore 4-5 ans car le vin reste riche et plein en bouche.
Certains évoquent Haut Marbuzet 2005, voire 2009.
Château
Petit Bocq 2003. Ce vin a toujours été de bonne tenue, et comme beaucoup de 2003 en Medoc il ira très loin je pense.
VIN N° 8 :
Ce vin est plus évolué que la doublette précédente, mais embaume la table de riches effluves qui commencent à tirer sur le sous bois, les épices. Le tout avec une structure en bouche qui reste très charpentée, mais remarquablement équilibrée. Grand Cru Classé fort probable..de très bonne tenue ! Calon ou Montrose ??
Calon Ségur 1995. Belle bouteille , qui tiendra encore 10 ans sans anicroche. Et même le double !
Vin N° 9 :
Face au N° 8 nous avons un vin plus jeune, encore fougueux dirais-je. Il est resté très puissant, concentré au nez comme en bouche, avec des parfums de fruits noirs, un boisé de très bonne qualité.
Ce vin m’impressionne par sa richesse ; et la qualité des tannins. J’hésite entre Cos et Montrose ?
Montrose 2004. Un des tout meilleurs 2004 que j’ai gouté. Surtout ne plus toucher, à conserver jalousement 10 ans en cave. Et c’est déjà très bon !
VIN N° 10 :
Suite à une erreur de service de ma part ce vin est servi en solo.
La robe est un peu évoluée, ce que le ne confirme immédiatement : Belles effluves de cuir, épices. Grande complexité.
La bouche est « à point » en ce qui me concerne : Tannins encore présentes mais soyeux, qui rendent ce vin resté très riche parfaitement buvable.
Longue finale qui reprend la complexité du nez.
Très haut de gamme indubitable, confirmé par la lecture de l’étiquette une fois la chaussette tombée :
Calon Segur 1996. Il est à noter qu’il est plus évolué que le 1995 (comme de nombreux Médoc je trouve, alors qu’on nous l’avait vendu comme le millésime du siècle ou presque).
J’ai trouvé ce vin excellent.
VIN N° 11
Ce vin est immédiatement détectée par la tablée comme ayant un certain âge, avec une jolie robe brique foncée.
Encore vaillant en bouche, l’équilibre général reste de bonne tenue pour un flacon . La complexité aromatique est l’atout de cette bouteille à pleine maturité, avec une jolie palette de senteurs de cuirs, d’épices. Ce vin est l’idée même du Bordeaux 20 ans d’âge ayant bien vieilli.
Sauf qu’’il a 28 ans ce très joli
Phelan Ségur 1989 !! Il doit encore tenir 5-6 ans sans aucun problème dans une bonne cave. Ensuite je ne suis pas Mme Irma.
Vin N° 12 :
Face au à Phelan Segur, le sparring -partner à fort à faire on s’en doute..
Le vin est clairement évolué, mais une majorité » de la table le trouve plus jeune que le Phélan.
Nez de grande ampleur sur des parfums complexes d’épice, de viandes. Mon voisin ne jure que par le paprika !
Jolie bouche patinée par le temps mais encore bien construite, assez riche même.
Très longue finale sur le jus de viande, les épices.
Comme il fallait bien que les petits jeunes boivent du vrai vin à maturité j’ai amené un bon joker de ma cave ;
Château de Pez 1982. Eh oui, 35 ans et encore tout fringuant !!
Vin N° 13 :
Un dernier rouge servi en solo nous offre une robe encore noire. Visiblement très peu évolué, le nez est en effet marqué par d’intenses parfums de mures, de cassis.
Très belle attaque ne bouche, le vin est épais, presque crémeux tellement il est riche. Mais sans aucune sècheresse finale des tannins. Remarquable extraction.
La finale n’est pas très complexe (mûre, cassis) à ce stade, il faut attendre..10 ans au moins !!
Château Lafon Rochet 2003 (ça tombe bien , j’ai faillli venir avec cette bouteille !!). Ce 2003 sera fameux en 2025, surtout ne pas toucher avant ! En toute confiance.
VIN N° 14 :
Robe orange fluo, avec cette note acétique sympathique qui signe souvent le vrai botrytis !! De la véritable orange confite !!
Très jolie bouche riche, concentrée mais pas lourde. Ouf ouf, je regarde Vivien et je lui indique que ça sent la grande année 89-90 en Sauternes !!
Longue finale toujours sur l’agrume, avec cette pointe balsamique rafraichissante. Cru classé indiscutable pour moi. Un Barsac ?
Romer du Hayot 1990. Très jolie bouteille encore très pure , aucunement marquée par le bois qui domine parfois un peu trop les liquoreux Bordelais au vieillissement je trouve. Une vraie gourmandise à déguster..aussi souvent que possible !
En conclusion une soirée de fort bon niveau, puisque sur 12 bouteilles de Saint-Estèphe aucun accident de bouchon n’est à déplorer, et que les flacons ont fait honneur à leur appellation dans leur quasi intégralité.
Evidemment nous avons réinventé l’eau tiède, en découvrant que le Saint-Estèphe est un vrai vin de garde, et que jeune c’est pas du pinuche pour Marie-Chantal ; mais on s’en doutait un peu quand même au départ..
L’effet millésime (2002) est aussi net également, même sur Bordeaux d’où le choix de les faire passer en tout début de dégustation. Les grandes années ont toutes répondu présent à leur appel, faut il le remarquer.
Photos à venir demain.
YR