Bonjour à tous, je vais vous faire partager ma visite et mes impressions du Domaine de Chevalier ce matin.
Reçu par Rémi (dont j'ai honteusement oublié le nom) mais qui fait office de régisseur.Un accueil super sympa, très naturel, à des années lumières de certains grands domaines pauillacais ou pessacais...
Nous commençons, sur le parvis du Domaine, par une longue discussion sur les caractéristiques techniques du Domaine, l' intervention de l'équipe technique au Domaine de la Solitude, l'évolution du monde du vin en général, la visite de J.Robinson récemment, la démarche de la Place de Bordeaux et plus généralement les craintes et les espoirs suscités par l'évolution du monde du vin.Bref, un échange "en entonnoir" qui nous amène à l'essentiel : le vin de Chevalier.
Je devrais garder les infos qui vont suivre égoïstement pour ma pomme
, mais le propre d'un passionné n'est-il pas de partager ??? alors, c'est parti : Rémi commence par nous faire découvrir le 2004 .
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2004 : dégusté à la cuve (la mise en bouteille est prévue en juin).Au nez, on sent des flaveurs de réglisse, de mûre, de groseille.En bouche, les tannins sont déjà polis, et la trame sert de faire valoir à une explosion de fruits rouges, de notes fumées, de silex (de pierres frotées); un côté minéral qui donne de la fraicheur et une touche velouté qui tapisse le palais merveilleusement bien.La finale est longue, fraiche, sur le résineux et la torréfaction.C'est vraiment super bon en l'état.Vivement la fin 2006.
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2005 : certains l'avaient prédit, je confirme C'EST DE LA BOMBE, mais pas au sens de 2003 qui en décevra plus d'un. Là, il s'agit d'une bombe d'équilibre, de finesse, de justesse, de complexité. C'est peut-être le futur archétype du grand vin de graves au sens noble du terme. Voici les raisons de mon enthousiasme :
- les vins ci-après ont été dégustés en fûts, par cépage :
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merlot : un velouté de texture sublime, où les tannins se fondent harmonieusement laissant ressortir des notes de mûre et de fraise des bois. Ces merlots plantés sur graves profondes où l'argile est quasi absente font ressortir des notes fumées et minérales.
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cabernet sauvignon : la différence est nette à l'attaque avec une trame tannique plus marquée et diablement envoutante, qui laisse la place petit à petit à des notes de groseille et de cassis mur, bref il en impose puis se retire pour laisser au palais un florilège de parfums épicés, fruités...n'est-ce pas cela la noblesse d'un cépage ??
Grandiose.
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petit-verdot : le liant parfait pour les deux merveilles précédement décrites. Comme le dit Rémi, ce cépage demande une attention particulière pour bonifier un assemblage ("un diamant dans un écrin de ronces") et en 2005 c'est le jackpot. Tout est concentré dans ce prodige de petit-verdot, de fabuleux tannins, des notes de résine, d'essences naturelles, de petits fruits rouges.
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cabernet franc : si l'assemblage devait être fait aujourd'hui, il n'y rentrerait pas. Pourquoi ? pas au niveau des trois autres, semble t-on penser à Chevalier...certains chateaux pourtant paieraient très cher pour l'incorporer à leur grand vin !! en effet, même si l'on perçoit une lègéreté comparé aux trois autres, ce cabernet franc est d'une grande finesse, avec des arômes de rose et de cerise à l'eau de vie.
Retour au laboratoire où, après quelques explications sur l'intervention de S.Derenoncourt sur la vinification à Chevalier (il intervient non pas comme un "gourou" imposant un style, mais apporte de nouvelles idées et conceptionns notamment liées à l'utilisation des cépages ailleurs qu'à Bordeaux, les nouvelles techniques...) qui finalement synthétise le style de la maison entre tradition et modernité, nous goûtons les assemblages suivants :
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cabernet sauvignon / merlot : le velouté du merlot amadoue la puissance du cabernet, les tannins mettent en valeur des notes de petits fruits rouges murs (mûre, groseille...) avec un côté réglissé et minéral (donc frais).
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idem + petit-verdot : le choc, c'est déjà presque parfait et préfigure ce que sera le grand vin après l'élevage.Tout est superlatif, de l'attaque à la finale.On se rend compte combien le petit-verdot sublime le tout...c'est fabuleux.
Pour se rincer le gosier, le Monsieur nous fait goûter le
blanc 2004 à la cuve : la robe est troublée ce qui est normal, et laisse au nez des notes d'agrume frais; en bouche, la fraîcheur des arômes de pamplemousse et de citron laisse place à de superbes notes raisin mûr, de pierre à fusil. C'est que du bonheur...
Pour résumer, je vais humblement tempérer mes impressions car je n'ai pas le recul ni l'expérience d'un Yves Z., Daniel S. ou Luc J., mais le peu que j'ai me permet de dire que l'on tient là un merveilleux vin fait de finesse, de complexité et d'équilibre qu'il s'agisse du 2004 ou plus encore du 2005.
Pour finir, et j'y tiens, j'ai encore pris une grande leçon d'humanisme et d'humilité devant le discours de notre guide d'un jour.Le discours qu'il nous a tenu se transpose dans le verre, mais là, on confine peut-être à l'ésothérisme...
toujours est-il que, personne n'est maître de son terroir, la vigne aura toujours à nous apprendre et saura récompenser celui qui le mérite. En 2005, je sais où se trouve un des vainqueurs...:.D!!!
Franck.