Quelques mots (enfin presque
) de notre repas de lundi dernier à midi...par où commencer pour exprimer ce grand moment de notre vie que nous avons vécu au Cinq, au sein du superbe Hotel George V.
Commençons par le lieu justement....un hôtel en dehors du temps, une "galerie" pour arriver jusqu'à la table gastronomique du lieu qui donne le ton, tout sera luxe raffiné, volupté…et la salle du Cinq arrive en apothéose du lieu !!! Ne vous fiez pas aux photos, elle ne rendent pas 10% du sentiment du donne la salle en « live », majestueuse en dimensions, donnant un sentiment d’espace impressionnant, surligné par l’ouverture sur la magnifique cour intérieure de l’hôtel, une ambiance qui respire l’histoire du lieu, une décoration d’un raffinement et d’un classicisme tous deux divins…bref un lieu ultra classique mais quasi magique à notre gout.
Le premier sentiment est donc une sorte d’extase et le second sentiment et que le reste ne peut qu’être au niveau inférieur…détrompez vous la magie du lieu est juste là pour servir de faire valoir au reste et quel reste !!
Commençons par le service et quel service !!! C’est simple le plus grand service que nous avons eu la chance d’avoir (avec il faut l’avouer le Meurice, version Alléno, de l’année dernière…). Un service tout d’abord juste parfait dans sa « technique »…tout glisse avec une facilité déconcertante de la première à la dernière seconde….un timing irréprochable dans l’enchainement des actes de la pièce mais la qualité du service va bien au-delà de la « simple » technique, un service capable de devancer vos envies, un service aussi classe que la salle ET d’une décontraction juste parfaite. La parfaite distance entre sympathie et retenue, entre humour et réserve…et çà ne s’arrête pas là , on sent chez ce « jeune » personnel (le directeur Mr BAUMARD, le pourtant « pilier » du lieu était absent ce jour là…et çà ne s’est pas senti un seul instant ce qui montre bien qu’une sorte d’état d’esprit imprègne ce lieu) une forme de joie d’être là qui se sent à chaque seconde, une forme de plaisir qui se transmet aux convives que nous sommes…un service fluide où tout semble enjoué, naturel sans la forme « d’obséquiosité » que l’on peut trouver dans de si nombreux endroits de ce niveau… Bref difficile de trouver les mots tellement ce fut parfait (merci encore à eux dans la façon dont ils se sont mis en 4 pour me permettre de terminer la toute fin du repas avec mon alcool brun et les mignardises que je souhaitais finir avec mon cigare dehors…déménagement complet donc dans la cour extérieure avec une gentillesse extrême pour le client « pénible » que j’ai été à ce moment).
Je ne peux pas également citer la prestation du (encore une fois) jeune sommelier qui a officié ce lundi midi… dieu sait si j’ai été plus souvent déçu qu’enchanté par le niveau de la sommellerie des maintenant presque nombreuses « grandes » maisons que j’ai eu la chance de fréquenter…des sommeliers soit mutiques, soit condescendants, soit incompétents dans le vin (et oui…) et là LE sommelier PARFAIT. Jeune, dynamique, qui respire la passion, connaissant sa carte sur le bout des doigts, communiquant, d’excellent conseil après ma demande sur les vins d’un domaine que je souhaitait choisir...n’hésitant pas une seul seconde à échanger, à être à mon écoute…à anticiper mes demandes et à me faire découvrir quelques merveilles (encore merci pour ce grand vin de Fx PICHLER que j’ai bu entre autres
). Vous l’aurez compris également sur ce point là une prestation d’un niveau ultime et pour moi jusqu’à ce jour inégalé…Pour preuve après le vin blanc que j'ai "choisi" sur les conseils avisés du sommelier, je me suis pour la première fois dans ce genre de maison laissé guide par le sommelier : j'ai laché prise et j'ai bu tout le reste à l'aveugle, laissant le sommelier me faire boire ce qu'il voulait jusqu'à la fin, chose que je déteste en général faire !!
Bref sur ce domaine on sent également qu’un véritable état d’esprit imprègne le lieu dans ce domaine comme l’a montré l’arrivée d’un second (encore plus) jeune sommelier en toute fin de repas qui s’est révélé également plein de passion, de dynamisme et de gentillesse.
Quelques mots d’ailleurs sur la carte des vins : superbe aussi longue que large que ce soit en terme de tarif et de choix…longue car c’est une véritable bible dans toutes les appellations, dans toutes les régions, dans tous les pays…longue car effectivement les tarifs peuvent y atteindre les sommets. Large car autour de tous les « classiques » on trouve des vrais vins d’amateur, des niches et surtout au niveau tarif on peut (enfin car dans ce genre de maison c’est rare) enfin se faire plaisir avec de vraies bouteilles de connaisseurs. Pour illustrer mon propos il suffit de parler des premières pages de la carte qui reprend quelques bouteilles de la carte avec un titre qui ressemble à quelque chose du genre « nos plus belles bouteilles de terroir »…c'est-à-dire grosse modo les conseils de la maison : une liste d’une centaine de références (Chidaine, Henri Milan par exemple…) et pas UN SEUL prix à 3 chiffres…c’est tellement rare dans un tel lieu que cela mérité d’être signalé et ça donne le ton de la carte des vins : on va pouvoir se faire plaisir sans appeler forcément Cetelem
Donc des prix à 2 chiffres il y en a à la pelle...les parcellaires de boxler (les cuvée vieilles vignes sommerberg et brand en riesling) sont à 80 €, idem pour tous les 1er de Raveneau et Dauvissat.
Et la cuisine alors me direz-vous ??
Comment égaler un tel lieu, un tel niveau de service ? Et bien l’équipe de cuisine et le chef Eric Briffard y parviennent avec maestria !
Le genre est classique, très classique…merveilleusement classique ! Les produits sont mis en avant, ne sont jamais perdus dans l’assiette et leur grande qualité nous « pète » à la face.
Une cuisine au cordeau : pas une température, une cuisson, un assaisonnement qui souffre d’approximation, pas une seule fausse note…une technicité juste parfaite (pour rappel le chef est MOF).
Le menu dégustation de midi (180 €) est juste superbe...En "before" un apéritif avec
Olives noires en tempura (explosive bouchée), sablé de parmesan (sublime)avec une pointe de tapenade, sashimi de saumon pointe de wasabi et œufs de capelan (je pense)…
une mise en bouche autour de la crevette d’Espagne, une trilogie : tempura des têtes, queue snackée au piment d’Espelette et pomme (je cite les appellations de mémoire, désolé des approximations), verrine avec une sorte de crème fouettée au suc des carcasses (corsé) avec un mirepois végétal en fond pour le croquant... superbes mises en bouche à la fois légère et "explosives" !!
Apéritif (olive noire en tempura, sablé aprmesans, sashimi saumon)
Trilogie autour de la crevette en mise en bouche
Après le menu déroule avec :
En 1er :
"Couteau de Galice nacré au beurre d’algues, crevette de Palamos" (avec des ormeaux qui n’apparaissent pas dans la dénomination) : une entrée qui respire le bord de mer...on est bien en Galice au bord de l’océan, les couteaux, les crevettes et les ormeaux sont superbes de mâche et de fraicheur…de la salicorne assaisonnée pour le croquant, des sortes de filament d’algue en condiment (Nori ?) et un beurre d’algue fondu par-dessus. Terrible d’évidence…
Couteau de Galice nacré au beurre d’algues, crevette de Palamos
En second,
"la truffe noire de Richerenches - floralie de légumes raves - brioche feuilletée à la châtaigne - consommé truffé à la feuille de céleri" : un plat fulgurant qui est rentré dans le firmament de nos souvenirs gastronomiques…la brioche feuilletée châtaigne / truffe est ultime de finesse aussi bien de texture qu’aromatiquement (une sorte de voile truffé arrivant en retro), le consommé truffé dans l’esprit d’un bouillon de pot au feu (avec mirepois de légume d’hiver cru) est d’une profondeur aromatique abyssale et le centre de l’assiette est un festival végétal (carotte, betterave, pommeS de terre au pluriel…) rehaussé de truffes (rapés pour les PdT, lamelles…) de toute beauté aussi bien esthétiquement que gustativement, quasi indescriptible tellement cette assiette est riche de travail et de saveurs. Un plat qui à lui seul vaudrait largement la consécration ultime du guide rouge après lequel court injustement le chef.
La "floralie" de légume
La brioche feuilletée truffe / Chataigne
Le consommé
L'ensemble
Arrive ensuite la "
Saint-Jacques de la baie de Seine, nacrées à la bergamote, nage de topinambours aux huitres roses, poireaux confits"…avec encore une fois des produits d’une fraicheur et d’une mache redoutables…les Saints-Jacques, dans une sorte de panure de noisette et d’amande ( ?) ressemblent à de véritables « steaks » de la mer par leur texture, l’huitre tiède nous plonge dans l’océan…des chips de topinambours pour le croquant…une crème style « beurre blanc » ultra classique mais ultra gourmande, une écume citronnée (enfin me semble t’il)…seuls les poireaux (légèrement fumés ?) nous ont semblé un peu plus « quelconques » si j’osais dire
Les St Jacques
La sauce...
"
Anguille et poulpe sauvages grillés et laqués au sarrasin, tofu de raifort, chanterelles jaune et cocos de Paimpol au poivre sansho" pour ma moitié et "
Pigeonneau au sang de Touraine, fumé, en croûte de céréales au foie gras, betteraves à la mélasse de grenade" pour votre serviteur( je rajoute la cuisse confite qui n’est pas dans l’appellation).
Quelques mots sur l’assiette de ma moitié selon ses dires, une assiette merveilleusement audacieuse, quasi masculine par sa puissance à coté de laquelle il est impossible de passer…et ma moitié s’est laissé emporter à 110%.
Parlons maintenant du plat de pigeon…on touche avec ce plat le paroxysme de la tradition de la cuisine française à son firmament…un pigeon et un foie gras cuits en croute à la perfection, une cuisse servi confite (dressée verticalement sur la photo), un vrai jus d’anthologie…une garniture « terrienne » qui ramène au potager d’hiver…un plat confortable, merveilleusement confortable dans lequel on aimerait s’assoupir des heures…à vrai dire tout ce que j’aime…
Pigeonneau au sang de Touraine, fumé, en croûte de céréales au foie gras, betteraves à la mélasse de grenade
Passons maintenant au sucré…pour commencer un
« avant » dessert qui rince avec un caillé de brebis ( ?) avec gelée au pamplemousse rose et sorbet pamplemousse qui joue le rôle de trou normand sans alcool par la fraicheur et par ce couple acide / amer qui « pepse » merveilleusement.
Pour le dessert «
mangue givrée minute à La feuille de shiso, vaporeux coco, sorbet kaki aux dattes » pour votre serviteur et «
paris-brest aux noisettes du piémont, café Arabica glacé au citron vert » pour ma chère et tendre.
Je cite mon épouse « légereté et finesse du Paris Brest et fraicheur avec une touche de masculinité pour la sorte de granité au café, simplement beau et évident à ce moment du repas ».
paris-brest aux noisettes du piémont, café Arabica glacé au citron vert
café Arabica glacé au citron vert
Le Paris Brest
Concernant mon dessert à la mangue…un vent de fraicheur exotique grâce au dôme glacé à la mangue, « farci » avec une sorte de crème exotique et de fruits avec en parallèle la verrine kaki / datte et coco…encore une fois d’une évidence, d’une facilité déconcertante en dégustation à ce moment du repas et d’une technicité de haut vol…
mangue givrée minute à La feuille de shiso
vaporeux coco, sorbet kaki aux dattes
Reste à achever ce tableau avec un CHARIOT (un grand comme on en fait plus…enfin ailleurs qu’au cinq
) de mignardises où trônent de merveilleuses sucettes guimauve /ananas, des cannelés éblouissants, des caramels, des chocolats, des…. n’en jetez plus, nous sommes conquis...raaahhhh lovevely
[img]src="http://media-cdn.tripadvisor.com/media/photo-s/05/39/86/33/le-cinq.jpg[/img] Rivesaltes 1978 cuvée Aimé Domaine Cazes et mignardises
Un très grand repas donc en conclusion, ultra classique dans le bon sens du terme je le répète mais l’orgasme culinaire est bien là et le grand…mais attention il s’agit au Cinq de l’Amour en dessous porte jarretelle de chez Chanel, on est loin du cuir et du latex…Il s'agit au Cing de l'amour dans une baignoire de Palace avec les sels parfumées les plus beaux du monde, il ne s'agit pas de dérouler toutes les positions du KamaSutra dans un Hotel "lounge", au Cinq il s’agit de l’Amour à la parisienne, la parisienne des beaux quartier mais pas la "rombière" botoxée, la jeune « trentenaire », moderne mais classique, merveilleusement belle, à la fois dans son époque et empreinte de tradition….l’Amour à la française et au Cinq c’est le GRAND Amour !!!
Quelques commentaires maintenant sur les vins bus :
Smaragd, Riesling "M" réserve 2002 du Domaine Fx Pichler : une bouteille éblouissante, découverte sur les conseils du sommelier dont il a été question dans le CR. Un nez tout d'abord très minéral, sur la pierre "chaude qui déroulera une magnifique complexité sur le jus de pommes mures, un festival floral pour finir à l'air sur l'essence d'agrume très mure (un festival également). La bouche est quant à elle ULTIME : une bouche qui a tout et comme souvent dans les grands vins blancs (en tout cas ceux que j'aime) se montre quasi "paradoxale") Une bouche ultra dense et ultra mure en attaque ;, large, puissante mais qui développe une fraicheur exceptionnelle derrière cette grosse densité grâce à une acidité fantastique par son intégration et sa précision mais donnant également un sentiment de support "minéral" (c'est pur, "pierreux") hors norme. Une bouche donc très mure, gorgée de soleil en attaque mais avec un équilibre incroyable, donnant un sentiment de fruit et de pierre et derrière cette puissance le vin à un grand allant, une tension terrible et une longueur au dessus du lot...Un grand riesling, un grand vin...
18,5/20
Priorat, Coster del Siruana, Miserere 1998 (à l'aveugle donc assemblage 27% Grenache 27% Cabernet Sauvignon 26% Tempranillo 10% Merlot 10% Carignan). Un nez complexe qui m'a fait voyager...çà part sur la fraise, la grenadine avec un coté fringuant pour aller ver le cassis, le poivron mure, les épices, l'orange et un coté boisé bien intégré. C'est objectivement superbe et çà m'évoque tour à tour chateauneuf, pommerol, saumur champigny...
En bouche c'est une attaque ronde, mure, moyennement large mais dense, légèrement capiteuse, avec des tannins nombreux mais superbement poudrés et derrière cette attaque "confortable" évoquant les grand bordeaux, arrive de la fraicheur via encore une fois une acidité parfaite de précision et d'intégration qui donne équilibre, finesse et longueur à toute la deuxième partie de la bouche où un boisé classieux et intégré se fait remarqué... A l'aveugle çà m'évoque les quelques vins de Rougeard que j'ai par ce coté à la fois fruit et travail des tannins et ce coté "glissant" et frais de la bouche. Une superbe découvert et un très beau vin :
17/20
Jurançon, Jardin de Babylone 2007 Domaine Dagueneau (à l'aveugle toujours donc). Un nez discret sur la crème de citron, la truffe et un coté exotique (superbe accord avec le dessert mangue). La bouche est plus moellleuse que liquoreuse, dense en attaque mais moyennement large mais surtout très fraiche et superbement équilibrée avec un très belle longueur. Dommage que la complexité ne suive pas avec cette très belle bouche :
15,5/20
Rivelsalte 1978, Cuvée Aimé, Domaine Cazes : Un nez très complexe sur la noix, le pruneau, la café, la cerise, le chocolat, les dattes.. çà pète dans tous les sens La bouche est large, dense, crémeuse mais surtout d'une fraicheur étonnante pour un vin muté et à ce niveau d'alcool....longueur de folie.
17/20
Pour finir un
Bas-Armagnac "Folle Blanche" 1981 du domaine de la Boingnères avec un nez superbe sur la vanille, les épices, une bouche puissante mais avec un alcool presque discret, plein de classe et avec une longueur...interminable et qui a fait un merveilleux compagnon au
Partagas Série D Especial Edicion Limitada 2010
Merci à tous de l'avoir lu et à de (TRES) prochaines aventures car le lendemain...le tourbillon Gagnaire a été au rendez vous
-D