Un compte rendu d’une très belle soirée dégustation à l'Auberge du Pot d’Etain dans l’Yonne (quelques jours avant sa fermeture annuelle) et qui s’est déroulée fin janvier dernier.
Nous étions venus pour un dîner agrémenté de belles bouteilles, et avions pris la précaution de réserver des chambres pour dormir sur place, ce qui était plus raisonnable.
13 bouteilles pour 8 personnes (dont 1 cidre tout de même…).
N’ayant pas pris de notes durant le repas, voici le compte rendu réalisé par un des convives (merci à lui), et j’ai complété en mentionnant quelques indications inscrites en Italique entre [crochets]
1/Vincent Dauvissat Petit Chablis 2007
Un vin impressionnant, [pour 1 simple « petit chablis »] mais peut-être un peu rustique : [robe dorée], riche, beurré, très tendu, citronné, au goût de feuilles, avec beaucoup d’acidité (2007). B/TB
[2/Domaine RAVENEAU Chablis 1er cru Chapelot 1999 (non carafé)
Nez réservé avec quelques notes florales, de cire et de miel. En bouche le vin est ample, et avec une belle tension, cependant les notes miellées dominent largement, et alourdissent quelque peu l’ensemble malgré une belle longueur. B +]
3/Henri Boillot Puligny Montrachet Mouchère 2009 (à l’aveugle)
Un autre vin impressionnant par sa densité et sa tension. Le nez est bloqué par le soufre et la finale est également durcie mais il y a beaucoup de matière et de salinité. Potentiellement TB/EXC
[L’excès de soufre a un peu gêné l’appréhension de ce vin, un carafage plus long aurait été utile.Le principal contributeur de ce CR était parti sur un Puligny-Folatières mais plutôt 2008].
4/Louis Carillon P-M Perrières 2004
Un vin classique, beurré, frais, assez droit et tendu,. mais un bon équilibre (TB). mais trouvé ennuyeux par certains par rapport au vin servi en parallèle. [avec une finale un brin austère]
5/J.F. Coche-Dury Meursault Rougeots 2004
Un vin très complexe, changeant, avec du beurre, du minéral, de la cacahuète au nez. En bouche, c’est également un feu d’artifice. [Le vin est impressionnant et très large], à la fois floral et fruité avec une longue finale sur les arachides. TB/EXC aujourd’hui et du potentiel d’amélioration.
6/Lamarche, Vosne-Romanée 1er Cru La Croix Rameau 2006 (à l’aveugle)
Un joli vin très fruité, gras avec une finale plus florale (B/TB). Cela m’a fait penser au Bourgogne de Coche-Dury (je pensais 2009), ou un autres joli village de la Côte de Beaune. Tout faux.
[Suis passé à côté de ce vin dont le relief m’est apparu plus faible, ainsi que la longueur modérée, il faut reconnaître que le 1er rouge a toujours plus de mal après une longue série de blancs].
7/Lamarche, Vosne-Romanée 1er Cru La Croix Rameau 2009 (à l’aveugle)
Le fruité est plus complexe, sur les fruits noirs. Le vin est dense, tendu et long – clairement deux niveaux au-dessus du premier. Potentiellement EXC.
[Plus en phase avec Ralf sur cette description, cependant, parfois déçu par le potentiel de vieillissement des vins de LAMARCHE, je ne l’attendrai pas au-delà de 5 à 6 ans.]
8/Jean Gros, Richebourg 1992
Un beau vin évolué, avec du fruité sucré, une touche mentholée et des notes de thé trahissant l’âge. C’est surtout en bouche que le vin séduit avec un beau fruit et une belle texture soyeuse. Belles longueur et persistance. EXC
[nez complexe sur la rose fanée,les épices douces, bouche d'une rare délicatesse, avec encore du fruit ; l’âge et le millésime (peut-être) ont assagi ce Richebourg bien plus en dentelle et sur la finesse que sur la puissance].
9/De Vogüé, Bonnes Mares 1994
Clairement inférieur et desservi par le Richebourg, bu en parallèle. Sucraillon au nez et au fruité plus simple en bouche, le vin est encore charnu et équilibré. TB.
[Austérité, c’est le mot qui me vient pour qualifier ce vin. Il faut dire que le millésime était périlleux !]
10/J.L. Chave, Hermitage 2004 (à l’aveugle)
Nous sommes tous passés à côté de ce vin – le nez mielleux m’a d’abord fait penser à un Chenin demi-sec mais la bouche est trop riche pour cela, avec beaucoup d’alcool. Au nez, il y a un fruité fin (abricot) qui se développe, avec des touches vanillées mais l’équilibre est moyen (au moins à ce moment de la dégustation). B/TB, sous réserve.
[Ralf est plus modéré que moi concernant cette bouteille. Grosse déception vu l’étiquette, il est vrai que de repasser aux blancs derrières 4 rouges n’est pas simple, mais à part le miel et l’encaustique (cire), j’ai trouvé le vin fermé voire mutique, et court sur une finale amère et alcooleuse.]
11/Grange des Pères, V.P. Hérault, 2008 (à l’aveugle).
Ce vin a un équilibre clairement supérieur, avec une bonne acidité. Le nez est riche et sudiste, la matière est dense et le fruité en bouche est complexe. TB aujourd’hui avec du potentiel d’amélioration (quand les différents éléments seront mieux fondus).
[Belle bouteille, d’un potentiel certain, qui aurait nécessité une aération plus longue. Encore un peu d’élevage, grosse densité, abricot, pêche, et finale sur les fruits secs, très belle longueur]
[12/ cidre fermier F. DAVID
Ambré rosé et légèrement trouble, peu sucré, un vrai goût de pommes (et d'épluchures de pommes), transition très rafraîchissante entre le fromage et le dessert, avec juste ce qu’il faut de bulles pour se rincer la bouche après les fromages à pâtes molles (celui, qui a commandé la bouteille a toutefois regretté de ne pas trouver sur la carte un cidre de chez Bordelet].
13/Clos Joliette, Jurançon 1989
Beau nez de vin ancien, sur la truffe, le miel, les champignons. En bouche, le vin est sec et à la fois dense et aqueux, avec une finale courte sur l’alcool. B
[Nous attendions avec impatience la version liquoreuse (et la précision « liquoreux » nous était pourtant bien confirmée par la serveuse à la commande). Pas de chance, il s’agissait d’un vin extra sec, acide et déséquilibré par un alcool trop présent (14,8° me semble-t-il) ; bref, mis à part un léger arôme noble de truffe, une réelle déception.]
En résumé une somptueuse soirée, agrémentée de nombreux échanges entre les convives, et pour moi, une première dans ce temple de la bouteille, que j’inscris dans ma liste des étapes de pélerinage désormais incontournables.
Bravo à l'Auberge pour son accueil chaleureux, le service et le carafage des vins (10 ou 11 verres différents pour 13 bouteilles), et la qualité du repas.
Il reste encore plus de 1000 références à découvrir sur leur carte des vins, et nul doute qu'une prochaine visite permettra d’y découvrir encore de nombreuses merveilles. Le choix est tellement large que l’on peut passer plus d'1 heure carte en main avant de se décider ! (la carte des vins compte des dizaines de pages, c'est affolant, et il faut avoir des bras musclés pour la soutenir longtemps).
Une magnifique photo de toutes les bouteilles (vides) exposées sur la cheminée de l'Auberge a été prise, mais j'avoue ne pas avoir su comment la publier avec ce CR (si quelqu'un souhaite m'indiquer la marche à suivre, je peux tenter).
Pascal