Toute dégustation est sans doute comparative puisque nous jugeons en fonction de ce que nous connaissons et, justement, ce que nous connaissons, c'est ce que nous avons déjà  dégusté et ce que notre mémoire en a gardé.
Cependant, parfois, on peut organiser des dégusations pour comparer deux vins, qui bien sûr doivent être comparables: cépage, millésime, origine; ce sont d'ailleurs souvent des vins qui n'ont qu'un seul point commun, par exemple, un merlot de la rive droite avec un merlot d'un autre horizon.
C'est d'ailleurs souvent pratiqué avec une arrière pensée, piéger le grand nom qui va être ridiculisé par le petit, mais les dés ne sont-ils pas pipés dès le départ, puisque il y a des a priori?
Personnellement j'ai le souvenir de cette belle comparaison de deux vins de cépage languedociens, dont d'ailleurs aucun n'était sorti vainqueur.
Je m'apprête à  ouvrir un de mes poulains pour qu'il serve de sparing Partner à  un grand d'une autre région.
Je me rappelle aussi d'une comparaison d'un Lamothe Guignard 90 avec un Loubens du même millésime: étonnant et aucune façon de départager ces deux beaux vins tellement différents, pourtant si proches géographiquement, deux interprétations opposées de ce magnifique millésime pour les liquoreux du Sud Ouest.
Deux autres liquoreux de muscat comparés et un grand souvenir de dégustation: un Panteleria et un nectar de Samos, deux grands vins très méconnus, si semblables.
Je ne parlerai pas de la drenière en date, Primeur Gaillac contre Beaujolais nouveaux; j'ai fait ma bonne action annuelle pour faire entrer un peu d'argent dans les caisses de nos vignerons. Chaque année, je me promets que je ne recommencerai pas.
Avez-vous déjà  pratiqué ce type d'expérience, peut-être par défi, et quelles sont vos souvenirs?

Jérôme

Je pense comme toi que le jugement est par essence comparaison avec nos références.

Cela étant, je pense qu'il faut distinguer la dégustation comparative qui consiste à  servir 2, 3, 4, 5 vins ensemble et la dégustation marathon dans laquelle on déguste des dizaines de vins.

J'adore la première version, que je pratique souvent, c'est l'excercice au cours duquel jai l'impression de beaucoup apprendre, en pouvant observer immédiatement les différences et les particularités d'un vin.

Je n'apprécie en revanche pas du tout les dégustation marathons, où l'on enfile les vins à  la suite sans avoir le temps de les découvrir vraiment.

amitiés

Yves

J'aimerais remonter ce message, pour demander aux uns et autres s'il leur est déjà  arriver de vouloir comparer deux vins (au maximum trois), et deux seulement, pour connaître le verdict ou chercher à  comprendre les différences.
Un peu comme ce qu'avait fait Olif en comparant terre inconnue et les deux cuvées du Clos du gravillas.

Parfois, je le concède, il s'agit de prouver que la grandeur supposée de l'un peut être mis en défaut par celui qui a priori était moins armé pour l'emporter. Mais c'est aussi très intéressant de montrer qu'un vin de réputation moins grande peut rivaliser avec des ténors. Peut-être pas sur tous les millésimes, mais ponctuellement, cela peut-être intéressant.

Avez vous des expériences de ce type?

Bonjour Jérome,

Lors des cours d'oeno que je suis actuellement, le prof nous sert régulièrement des vins côtes à  côtes, par 2 ou 3 (toujours à  l'aveugle) afin de mettre en évidence, de manière un peu ludique des différences ou des analogies, que ce soit par rapport à  l'encépagement, l'élevage, le millésime, etc. Moi même, dans les dégustations que j'organise, j'aime bien également procéder à  des regroupements. Par exemple, un Quinault l'Enclos 97 servi comparativement avec un 98 lors d'une thématique sur St Emilion, et tout le monde était cloué d'apprendre après coup qu'il s'agissait du même vin séparé par un seul millésime. Lorsque j'aborderai l'appelation Pauillac, je terminerai la dégustation en servant en même temps les 3 1ers crus dans un même millésime. En fait, il y a au moins 36 bonnes raisons de faire ce petit jeu comparatif. Le tout est d'en tirer les bonnes conclusions ou plutôt de ne rien en conclure définitivement.

Amicalement
Didier

De la même façon que Didier, lorsque nous nous réunissons pour une dégustation thématique à  l'initiative de mon ami caviste du Bon Echanson (coup de coeur RVF dans le nouvel annuaire des cavistes, cela mérite d'être signalé!), nous goûtons 6 ou 8 vins souvent à  l'aveugle et toujours 2 à  2 pour cerner les éventuelles différences, certaines fois flagrantes quand il s'agit de 2 vins totalement opposés (quelques uns d'entre nous sont complètement novices), du style un Madiran et un Bordeaux, ou plus subtiles, du genre Pape Clément 99 et Chapelle d'Ausone 99, où nous allons alors essayer d'étalonner les vins en question (cela pourrait sembler facile de différencier un Saint-Emilion d'un Pessac-Léognan, mais je précise que les deux contiennent une forte proportion de cabernet franc, ce qui brouille un peu les cartes).

Alors maintenant, à  la maison, j'avoue bien aimer ouvrir deux bouteilles en même temps, pour les jauger, les juger et suivre leur évolution sur plusieurs jours.

Olif

Jérôme,

Personnellement je le pratique rarement. Cependant je l'ai fait dernièrement avec 3 bordeaux 97 dont j'ai posté mes CR ici. Par contre, pendant les cours d'oenologie que nous avons, Stéphane notre oenologue / vigneron le pratique régulièrement comme le décrit DidierD et dernièrement avec les Côtes du Rhône Méridionales de mon post sous cette rubrique.

Je ne l'ai pas précisé mais Gigondas 97 et CNP 95 ont été dégustés et donc comparés à  l'aveugle ou le Côte du Rhône générique et le Village par exemple.

Je pense que cela a un intérêt pédagogique pour comprendre par la suite le pourquoi du comment, au delà  de savoir lequel est le meilleur ou non qui offre peu ou prou d'attrait.

C'est d'ailleurs cette approche pédagogique qui me pousse à  le faire de plus en plus.

Cependant le plaisir de déguster une bouteille pour elle-même reste très attrayant avec ces plus et ces moins. Essayez de comprendre ce que le vigneron a voulu exprimer. Ou le terroir pour contenter certain ;-) Débutant moi même il ya beaucoup à  découvrir et je pense pour très longtemps! Je pense que ce coté inconnu / mystérieux à  l'ouverture de chaque bouteille fait partie du plaisir du vin. Même si cela fait mal de tomber sur de la vinasse de temps en temps.

Amicalement,
Didier

PS : Les 2 Pauillac ouverts et bus ne l'ont pas été dans cette optique ou celle de voir un 1er Cru en difficulté. Un ami amateur qui ne se prend pas la tête comme nous, a voulu me faire plaisir et il a la chance d'avoir une cave plutôt intéressante. Plus sympa. Il faut le dire.

Jeudi soir Olivier n'a pas donné cours mais nous a préparé un petit exercice pratique : 6 carafes : 2 blancs, quatre rouges = 5 français et un étranger. Seules indications : les blancs sont monocépages; la plupart des vins sont du millésime 2000; ce ne sont pas des "grands" vins.

Premier exercice : trouvez l'étranger et son pays d'origine ainsi que la région d'origine des français.
Deuxième exercice : la région n'est pas tout, essayez de trouver le(s) cépage(s).
Troisième exercice : développez votre première impression.
S'il vous reste des nerfs : trouvez le millésime et éventuellement le domaine.

C'est là  qu'on se rend vraiment compte de ses lacunes...
Sur les blancs, je me suis complètement plantée (pas la seule d'ailleurs, deux autres ont trouvé l'étranger mais un seul a trouvé son origine); je me rattrape sur les rouges (trois sur quatre pour la région, là  je suis la seule à  faire trois, le moral remonte un peu).
Pour les cépages, c'est une autre affaire, à  part le bordeaux (facile). Je m'en sors très moyennement.
Pour les millésimes, je trouve l'exercice facile, mais je me trompe quand même : le deuxième blanc est un 1992.

Premières impressions sur les rouges :
pour moi, le premier est un Languedoc, le deuxième un Chnf, le troisième un Bourgogne (impossible de s'y tromper) et le dernier un Bordeaux.
En affinant, je pense que le Bourgogne est un Côte de Nuits et le Bordeaux un Médoc; c'est là  que je place le 1995 malgré le peu d'évolution de la robe.
Sur les blancs : le premier est l'étranger (Allemagne ?); malgré ce que j'entends chuchoter autour de moi, je ne parviens pas à  imaginer le second en chardonnay du Jura; ce n'est pas le Jura, ce ne doit pas non plus être un chardonnay, mais qu'est-ce ? Je connais ces notes au nez, mais... en plus je lui trouve en fin de bouche une note un peu terpénique... Persuadée que je me trompe, je le mets en Alsace, sur un sol argileux.

Et le couperet tombe :
Blancs :
Clos des Rochers, Auxerrois Gd Premier Cru 2001, Luxembourg
Coulée de Serrant 1992
Rouges :
Ch. Maris 2000, Minervois
Domaine Santa Duc 2000, Gigondas
Morey St. Denis 2000
Dutruch Gd Poujeaux 1995, Moulis

Vraiment pas de quoi pavoiser... Le seul à  rire, c'était Olivier, bien sûr.

Eliane

Eliane,

Beaucoup semblent avoir confondu la Coulée de Serrant avec un vin du Jura. Montrait-il des notes d'oxydation ? J'ai personnellement constaté ce phénomène sur les 1995 et 1996 que j'ai dégusté. De plus, je constate qu'Olivier ne le compte pas parmi les "grands vins"... c'est Nicolas Joly qui va être content... :-)

Luc

Bonjour Luc,

D'après Olivier, ce que la majorité des élèves ont pris pour des notes oxydatives était la note terpénique que j'ai relevée en fin de bouche; au premier nez effectivement on aurait pu penser à  de l'oxydation mais comme j'aère toujours beaucoup cela a disparu très vite.

Je pense qu'Olivier, en parlant de "grands", a plutôt voulu dire "très connus"... parce qu'il lui a mis une note de 19/20 (voir le post "Coulée de Serrant" déposé samedi). D'après lui, ce vin est maintenant à  son apogée.

Bouchon : parfait !

Eliane

Merci Eliane pour ces précisions.

Luc