Avec un peu de retard, voici ce petit compte rendu de notre dernière dégustation, cette fois chez fx.
Chacun amène deux bouteilles de riesling, si possible une de France et une d'ailleurs, ce qui se résumera principalement, pour ce dernier, à l'Allemagne.

Mise en bouche avec une bulle amenée par le tout récent grand-père
C'est complexe au nez, sur les fruits secs (amande).
Belle bulle fine, c'est mûr mais ne manque pas de tension; belle finale.
Un champagne élégant, assez vineux et qui devrait trouver assez facilement sa place à table.
Champagne Pierson-Cuvelier Brut Grand Cru 2008 un 100% pinot noir.


En avant pour cette confrontation de rieslings.
Les vins seront servis par paire, en fonction des apports, le tout à l'aveugle.

1- La robe du premier est plus claire, avec des reflets verdâtres, semblant plus jeune.
Le nez est complexe, fin, aérien, avec, outre les hydrocarbures, des notes florales, de la rose et des fruits divers comme l'ananas, le litchi, la papaye.
En bouche où il subsiste un peu de sucres, c'est élégant, délicat, pas très puissant, avec des arômes de belle pureté.
La bouche est moins complexe que le nez, c'est peu alcoolisé mais bien équilibré et de belle longueur.
Egon Müller Scharzhofberger Riesling Kabinett 2008

2- La robe est ici jaune or, assez intense, brillante.
Le nez est plus puissant, avec des fruits mûrs, des agrumes, des fruits jaunes, un peu d'exotisme et une pointe de clou de girofle.
En bouche c'est plus sec que ce que le nez pouvait laisser croire, un peu chaleureux; c'est gras, ample, avec une belle finale structurée, presque tannique, finissant sur des amers agréables et de belles notes acides de citron confit.
C'est plus de matière que le premier mais peut-être un peu moins précis.
Zind-Humbrecht Riesling Brand Alsace Grand Cru 2008


3- Les deux robes (3 et 4) sont assez équivalentes, jaune doré.
Nez d'abord végétal, floral puis minéral, sur le pétard et la pierre brûlée.
La bouche est puissante, avec une attaque vive, puis chaleureuse, sur les fruits jaunes, l'abricot.
C'est moins élégant avec une finale épicée, un peu dure, resserrée, terminant sur des amers de pamplemousse.
Domdechant Werner, Kirchenstück, Riesling, 2013

4- Ici c'est top! Le nez est riche, profond, nettement sur l'ananas puis la "minéralité".
La bouche est suave, onctueuse, de belle tenue, droite, rectiligne, sur les agrumes et de nobles hydrocarbures.
Très beau vin, élégant, de classe aristocratique...
Domaine Remy Gresser, Kastelberg, Alsace Grand Cru, Riesling 2007


5- La robe est jaune cuivrée, nuance orange.
Le nez est bizarre, sur la pomme un peu blette.
La bouche n'est pas très nette non plus, avec un peu d'oxydation et une acidité pas bien intégrée.
Sans doute un problème de bouteille parce qu'un Wineck-Sclossberg 2008 à ce niveau, c'est assez étrange...
Domaine Jean-Marc Bernhard, Riesling grand cru Wineck-Schlossberg 2008

6- La robe est jaune doré.
Le nez est plus classique, minéral (pétrole, silex) et sur les agrumes.
En bouche, il reste un peu de perlant, des sucres; c'est riche mais élégant et bien équilibré, sur les fruits jaunes, l'ananas, la pomme.
St. Urbans-Hof Piesporter Goldtröpfchen Riesling Auslese 2007


7- Nez minéral puis sur les fruits jaunes, le coing.
En bouche, c'est sec, tendu, un peu austère.
C'est plus fin, avec des amers assez marqués, citrique, tout en restant assez viril.
Peut-être un peu difficile pour lui le tête à tête avec le "8" qui est du style costaud, plus en puissance.
Domaine Josmeyer, Alsace Grand Cru Hengst riesling 2010

8- Nez d'abord végétal (racine) sur l'ortie blanche, puis floral, de la menthe poivrée et balsamique.
En bouche, c'est minéral, puissant, sérieux, sévère même; l'acidité est marquée mais cela ne manque pas d'une certaine douceur; citron confit.
Une belle bouche bien équilibrée, avec du volume, bien typée riesling, avec une fin de bouche sur les amers et une très belle longueur.
Wagner-Stempel Siefersheimer Heerkretz Riesling 2011


9- Le nez est minéral, les hydrocarbures, peut-être moins précis au début, puis sur les agrumes.
En bouche, l'acidité est très présente, c'est tendu.
Il y a moins de volume que dans le n°"10" , c'est moins puissant mais la tension est superlative; c'est du laser; très belle bouche et encore plein d'avenir.
Domaine Meyer-Fonné, Alsace Grand Cru Kaefferkopf riesling 2010

10- Pour celui-ci le nez est plus végétal, floral (fleurs blanches) et minéral (silex); très beau nez, élégant et précis.
Bouche sur les fruits jaunes et blancs aussi (pêche). Grande matière, puissant, tendu, beaucoup de caractère, ample et équilibré et belle longueur.
On retrouve un peu ce côté végétal en fin de bouche, ainsi qu'une trame tannique.
Deux très beaux vin mais quel nez sur celui-ci...
Emrich-Schönleber Halenberg Riesling Großes Gewächs 2011


11- La robe est plus claire ici, un rien grisâtre.
Le premier nez, après une trace de céleri, est épicé (genévrier?) sur le thé et la pierre.
En bouche, l'acidité est superbe, intense; c'est précis, sans alcool perceptible, sur les fruits blancs, le citron confit, le pamplemousse.
Des notes d'épices orientales ajoutent encore de la complexité à ce vin cristallin, pur, aérien et à la belle salinité finale. Superbe.
Domaine Weinbach, Schlossberg Cuvee Sainte Catherine, Alsace Grand Cru riesling 2013

12- La robe est jaune doré, brillante.
Nez mûr, sur la pêche, le citron, l'abricot et quelques épices.
La bouche est ronde, complexe, avec une belle finale.
C'est un vin fin, frais, agréable mais qui souffre un peu de la comparaison avec le Weinbach.
Weingut Prager Wachstum Bodenstein riesling Smaragd 2007 (Wachau, Austria)


Quelques brefs mots sur les afters qui ont accompagné les très nombreux fromages et la fin de la soirée.


Domaine Yves Cuilleron Condrieu Les Chaillets 2010
Un très beau viognier, floral, fruité (pêche, agrumes, abricot, fruits exotiques) élégant, frais et de belle longueur.
Thomas Morey Chassagne-Montrachet 1er Cru Morgeot 2012
Un peu de vanille, des fleurs blanches, une pointe de coco, un chardonnay pur, déjà accessible.
François Villard, Côte-Rôtie Le Gallet Blanc 2005
Nez fumé, lardé, poivré et des olives.
Belle fraîcheur, équilibré et à point.
Standish The Relic Barossa Valley, Shiraz 2006
Une autre syrah dans un style différent.
Robe plus noire; sanguin, réglisse et fruits noirs (mûre).
C'est hyper mûr, sur le cassis, l'eucalyptus et le cuir, dans un style dense, corsé, riche et plus exubérant.

Merci fx pour l'organisation.

Je vais passer la plume à Pierre qui vous apportera la touche technique et précise nécessaire que vous attendez sur ces beaux rieslings!

jlj
edit pour Enzo

Cher Jean-Luc,

Lors de cette soirée, vous avez goûté les vins par paire de chacun des contributeurs ou de façon totalement aléatoire en associant un "français" et un "étranger", je ne sais, et cela m'interpelle, car je trouve que chacune des paires est tout de même plus ou moins relativement dissociée entre le "français" et "l'étranger".
Était-ce le but de déguster ainsi?
Merci beaucoup d'avance de tes explications +++

Vivien

C'est fx qui a présenté les vins, avec il me semble, pour la plupart des paires, les duos amenés par les participants.
Il t'en dira sans doute plus sur ses motivations...

jlj

Il y a moins de volume que dans le "10" , c'est moins puissant mais la tension est superlative; c'est du laser; très belle bouche et encore plein d'avenir.
Domaine Meyer-Fonné, Alsace Grand Cru Kaefferkopf riesling 2010

???

enzo d'aviolo écrivait:

---

> Il y a moins de volume que dans le "10"
> , c'est moins puissant mais la tension est
> superlative; c'est du laser; très belle bouche et
> encore plein d'avenir.
> Domaine Meyer-Fonné, Alsace Grand Cru Kaefferkopf
> riesling 2010
>
> ???

moins de volume que dans le vin numéro 10, Laurent, qui lui est opposé (et rien à voir avec le millésime)

jlj

ahh merci, je n'avais pas compris, tu devrais ajouter "n°"

Très intéressant ces confrontations de style, bien que pas évident à comparer et à déguster sans doute! Merci!

Merci Jean-Luc.
Très beau compte rendu d'une grande clarté...

Merci Thibault.
Et des vins, tu en pensais quoi?

jlj

La dégustation aurait tout aussi bien pu s’appeler « riesling contre riesling » puisque le but était (comme je l’ai compris mais FX pourra confirmer) de mettre en parallèle un riesling alsacien et un européen dans un ordre pas tout à fait aléatoire mais qui n’était pas exactement calqué sur les apports de chacun. Ce ne fut perturbant que dans un cas : la 3ème paire, et encore…

Pour en venir aux vins :
1. Egon Müller Scharzhofberger Kabinett 2008
Aromatiquement, le nez ne ment guère sur son origine (caillou, citron confit, melon, pêche de vigne, touche florale subtile) ; c’est très fin, effilé et complexe avec une touche de sucre candi qui envoie sur un vin classique (pas sec) de Moselle allemande. L’attaque est vive, nette ; la bouche salivante avec une acidité marquée (fruit de la passion) bien équilibre par les sucres résiduels. Finale longue tout en subtilité. Très beau kabinett (clairement un haut de gamme du genre) mais pour le même prix (et même moins cher) on peut déguster d’excellents spätlese dans d’autres domaines…

2. Zind-Humbrecht Brand 2008
2. Bouquet bien mûr sur la mangue, l’abricot, les agrumes. En bouche, c’est plein, juteux avec beaucoup de fruit mais un peu confus comparé au moselle. Finale vive avec des amers marqués. Souffre en face de la netteté aristocratique du moselle (même si les registres sont complètement différents)

3. Domdechant Werner Kirchenstück GG 2013
Robe assez soutenue vert/doré qui fait un peu évolué. Premier nez entre pierre à fusil et fumée où le soufre a sa part puis ananas et pamplemousse nous réorientent vers un beau fruit. Attaque pleine et ronde, bouche assez ample, mûre avec une certaine fraîcheur insuffisante à faire vraiment décoller le vin. Quelques angles et une finale botrytisée sur des amers intéressants mais un peu brutaux. Un vin qui, globalement, manque un peu d’élégance.

4. Rémy Gresser Kastelberg 2007
D’abord plutôt fermé, le vin s’ouvre ensuite discrètement sur d’élégantes notes florales et des agrumes frais. C’est très élégant. La bouche est de la même veine, en demi-teinte par manque d’expressivité mais avec une charpente bien dessinée. Impressions cristalline et aristocratique. Belle longueur. Contraste frappant avec son opposant. Très beau vin.

5. J.M. Bernhard Wineck-Schlossberg 2008
Curieux nez de pomme au four et de chaux avec des traces d’oxydation peu avenantes. Cela ne s’arrange pas en bouche, acidité marquée et dissociée avec des notes marquées de cidre. Je penche pour une bouteille défectueuse.

6. Sankt Urbanshof Piesporter Goldtröpfchen Auslese 2007
Bouquet de sucre candi, de fruits jaunes compotés, melon et abricot confits, traces d’amandes. Attaque légèrement perlante avec un sucre très perceptible. La liqueur, contrebalancée par une très belle acidité juteuse, n’empâte pas la bouche qui reste étonnamment aérée et tonique. Grande longueur pleine de vivacité. Attendre 10 ans que les sucres se fondent…

7. Josmeyer Hengst 2010
Premier nez un peu racinaire (gentiane) puis viennent des senteurs plus végétales (aneth, tabac blond) et des arômes de fleurs blanches discrets. L’attaque est nette sans être tranchante, la bouche puissante, compacte et encore austère. Finale pleine de tenue avec des amers manquant un peu d’élégance.

8. Wagner-Stempel Heerkretz GG 2011
Bouquet original et expressif presque balsamique avec une pointe d’encens, de la menthe poivrée, du basilic et des fruits exotiques confits. Petite note réglissée et pamplemousse rose discret. La bouche fait preuve de précision et d’une substance large et dense. Subrepticement, le vin prend une place énorme sans nuire à son élégance naturelle. Longueur énorme avec des amers de grande classe. Excellent.
[size=small](Origine Rheinhessen mais terroir atypique de porphyre plus proche de la Nahe.)[/size]

9.Meyer-Fonné Kaefferkopf 2010
Bouquet verrouillé où percent quelques notes de fleurs et d’hydrocarbure. C’est aussi peu expressif en bouche avec une tension extrême (ressentie comme acidité malique) et une matière brute qui doit absolument se fondre pour donner du plaisir. Finale traçante.

10. Emrich-Schönleber Halenberg GG 2011
Bouquet tout en finesse et profondeur sur les fruits blancs confits, le citron, les fleurs blanches, quelques notes végétales. Attaque de grande netteté puis milieu de bouche à la tension et à la densité impressionnantes avec une chair arrondie pour enrober l’ensemble. Equilibre phénoménal et longueur énorme avec des amers subtils. Excellent vin dans un style plus retenu que le Heerkretz.

11. Domaine Weinbach Sainte Catherine 2013
Bouquet citrique (lime) et floral (tilleul) mais aussi épicé (safran, sel de céleri, baie de genevrier) et végétal (thé vert). Elégant et dépouillé en bouche presque « jansénique». Pureté et tension. Finale persistante et salivante. Excellent.

12. Prager Wachstum Bodenstein Smaragd 2007
Nez délicat à demi-ouvert sur les fruits blancs, l’orange amère et l’abricot avec des nuances plus balsamiques (notes de résine) et végétales (tabac). C’est très fin en bouche, délié mais concentré, gras et ample sans aucun « tape à l’œil ». Longueur délicate avec un botrytis subtil. Excellent.
[size=small](Wachstum Bodenstein n'est pas un lieu-dit mais un projet mené par Toni Bodenstein qui a planté en 1990 25 génotypes différents de riesling sur le terroir du Hinterseiber à Weissenkirchen - Wachau - avec le but de renforcer ainsi la complexité finale du vin)[/size]

Pas pris de notes sur les afters de (très) beau niveau avec une côte rôtie qui se démarquait de l'ensemble.

Pierre

Je me joins aux remerciement de JLJ pour l'accueil de FX.[/size][/i][/i]

Merci Pierre pour ton CR précis et technique.
Finalement on est assez sur la même longueur d'onde.
Si je veux synthétiser et résumer les confrontations de duos en classant, je dirais:

- Egon Müller
- R Gresser
- Sankt Urbanshof
- Wagner-Stempel
- Emrich-Schönleber
- Match nul pour le dernier

Etranger 4.5 - Français 1.5

jlj

Oui, tout à fait d'accord avec cela...

Pierre