Verticale du riesling grand cru Muenchberg selon André Ostertag
Le CAVE SA à Gland finissait sa série de dégustations d’automne par une verticale de ce vin mythique d’André Ostertag. Le Muenchberg est un grand cru alsacien situé à Nothalten. Il a une surface de 17,7 ha. Le sous-sol est d’originaire volcano-sédimentaire, formés aussi de grés en décomposition. L’altitude se situe entre 235 et 314 m. Il se présente comme un amphithéâtre orienté plein sud. Ce « coteau des moines », traduction littérale, se situe proche de l’ancien site cistercien de Baumgarten. On y cultive la vigne depuis le XIIe siècle. Ce vignoble est protégé des pluies et des vents d’ouest par l’Ungersberg, qui culmine à 901 m. Le sol est plutôt pauvre. Le riesling s’y taille la part du lion, mais un peu de pinot gris y est également planté. André Ostertag travaille 2,5 ha du cru, en biodynamie. La relation entre le CAVE et ce vigneron date de plus de 25 ans, l’occasion de faire le point.
Les vins d’Ostertag sont intéressants, tout comme le vigneron. J’ai découvert un personnage profond, subtil, un peu philosophe, didactique, à la fois précis et un rien mystique voire peut-être ésotérique. Comme on le percevra au fil de la dégustation, il a pas mal tâtonné, expérimenté (sur la malo, les sucres résiduels, la barrique, la filtration, le collage, etc…), les vins devenant de plus en plus secs au fil du temps. Depuis l’année 2000, la malolactique a été faite sur pratiquement tous les vins de ce cru. Un élément notable, peu de « pétrole » (sur deux bouteilles), dans tous ces vins, l’expression conjuguée d’un terroir et d’un savoir faire ?
Je tiens à préciser que c’était ma première rencontre tant avec l’homme qu’avec ces vins. L’envie de mieux connaître tant le premier que les seconds.
2012
Vin encore non disponible. Jaune or pâle, gras. Le nez est fin et frais, sur la pêche, la groseille, voire le buis, sauvignonne presque un peu
. La bouche est grasse, pleine, soyeuse, avec une acidité traçante, une impression poudreuse, presque légèrement tannique, le vin se goûte sec, malgré 7 g de SR. Un grand vin racé, typé, à attendre impérativement.
Bien ++.
2010
Jaune or moyen, très gras. Au nez, impression anisée, presque vanillée, réservé, un rien mutique en l’état. La bouche est très ample, pleine, avec un superbe équilibre, finale ample, fraîche et minérale ; le vin est très long. La bouche est beaucoup plus expressive. Très bien, également un vin devenir.
Très bien ++.
2007
Saut dans le temps. Jaune or moyen, très gras. Le nez s’exprime d’abord dans le registre minéral, gypse, puis le buis, la groseille, la prune blanche et un côté « fumé ». La bouche est très ample, avec une petite moustille (est-ce du CO2, ou bien le côté très acidulé d’un vin qui n’a pas fait sa malo ?…), un rien de douceur, il y a du volume, une acidité traçante, de la salinité ; c’est long, un poil solaire, mais c’est très bon.
Très bien +.
2006
Jaune or intense, reflets gris et vert, gras. Le nez est un peu réservé, puis le gypse s’exprime, ainsi que des impressions de prune jaune très mûre. La bouche est grasse, glycérinée, mais il y a une belle vivacité, le vin paraît toutefois un peu plus en dedans (moins ample) que les précédents. Ce vin est un rescapé du millésime, près de 128 litres d’eau/m2 s’étant abattus sur le vignoble dans les jours précédents…
Bien.
2005
Jaune intense, reflets verts. C’est à nouveau minéral, un peu sur les hydrocarbures, réservé. La bouche est ample, un peu douce, c’est gras, mais moins tendu que les précédents, longueur honorable. Moins complexe et racé que les précédents.
Bien. Un vin peut-être pas dans une phase optimale, à revoir ?
2003
Jaune moyen, gras. Nez un peu végétal, un peu simple, puis évoluant sur quelque chose de lactique, voire de cosmétique, presque animal, lanoline. La bouche est sèche, grasse, ample, dense, l’acidité est en retrait, salinité, belle longueur. Le nez interroge un peu, mais la bouche s’en tire bien. Un bon 2003.
BIEN.
2000
Jaune or. Le nez est frais, épicé, encore un peu réservé, avec une note miellée. L’attaque est ample, grasse, un rien sucrée, belle salinité, acidité traçante, le vin a de l’élégance, de l’équilibre et une grande longueur. T
rès bien ++. Ira manifestement loin.
1999
Jaune moyen, nez épicé, miellée. Bouche grasse, un sucre résiduel est perceptible, très ample, bonne acidité, salinité. Un vin bien fait, mais sans grande émotion.
Bien.
1998
Jaune très intense, reflets orangés. Nez minéral, un peu miellé, acacia, fleurs blanches, un rien d’oxydation, beurre, livèche. Bouche grasse, très ample, superbe tension, harmonieux, tout est bien fondu et en place.
Très bien ++, mais à boire dans les trois ans.
1996
Jaune orangé, grisâtre, terne et trouble. Nez sur l’oxydation, le curry, le rancio. Bouche ample, belle vivacité, salinité, épice, un peu agressif en bouche. Problème de bouteille.
1991
Jaune or intense, lumineux et limpide. Nez sur la prune, miellé, une légère oxydation, lanoline, minéralité. La bouche est grasse, saline, ample, un peu simple et un poil courte. Moyen. André Ostertag confesse avoir chaptalisé et élevé ce vin en barrique, et l’avoir bâtonné (le vin d’une période d’expérimentations tous azimutsB)-…).
Moyen.
1988
Jaune or intense, reflets verts. Nez complexe, minéral, buis, groseille, une nuance pétrolée. La bouche est déliée, grasse, saline, dense, concentrée, longue et digeste. Encore « jeune », ce vin semble parti pour une longue route. Cuvée non filtrée, ni collée, pas de malo. Un moment de quasi éternité(
)…
Excellent.
1985
Jaune moyen, très gras. Nez un peu réduit, puis un peu soufré, lactique, un rien végétal, buis, groseille, évolue bien à l’air. Bouche, grasse, ample, longue, bel équilibre. Un peu simple dans son expression, surtout au nez, la bouche assure bien et il paraît pouvoir aller encore loin.
Bien ++.
Cette soirée a permis de parcourir une très belle tranche de temps, une belle illustration de la vie d’un vigneron.