Je crois qu'il faut être réaliste sur l’appellation Alsace.
Il y a plusieurs point qui font que l'Alsace aujourd'hui ne jouit pas d'une bonne réputation. Parmi ceux ci (non exhaustif):
- Le fait que l'Alsace ait choisi de s'orienter vers les cépages, et non ses grands crus. L'exemple de la Bourgogne voisine est parlant: Si l'on regarde le prix, et la qualité du chardonay moyen, il est bas (ça doit tourner autour d' 1 euro le litre).
Ce qui a fait de la Bourgogne ce qu'elle est, ce sont ses crus réputés dans le monde entier. Les Grands Crus, évidemment, mais également les crus moindre, ainsi que les villages. Meursault est un vin reconnu, et de notoriété mondiale, sans pour autant être un Grand Cru. De là découle également une qualité élevée. Puisque le vigneron pense pouvoir vendre sa bouteille à 20 euros, il va travailler, embaucher, vinifier avec ce prix en tête (enfin en compta), s'il pense ne pas pouvoir en tirer plus de 4 euros, il va s'adapter et faire pour 4 euros. Après, il y en aura toujours pour tirer profit du travail des autres, mais en moyenne, cette mathématique est implacable. La Bourgogne, ce n'est pas le chardo de plaine qui l'a et la fait, ce sont ses CRUS!
- Les bisbilles du vignoble. A Bordeaux, il y a vinexpo, en Rhône nord, il y a Ampuis, la Bourgogne a su se structurer autour de ses grands noms... En Alsace, le CIVA (l'interprofessionnelle), l'ASA (sommeliers), le synvira (syndic des vignerons) etc... se tirent dans les pattes constamment, sans compter sur les nombreux conflits d’intérêt qui les gangrennent. Sans compter les rivalités entre les "stars" du vignoble. Il en résulte une synergie égale à 0, la tête à toto. Impossible en Alsace d'imaginer un salon pour amateur avec à la fois ZIND, Deiss, Ostertag, Faller, Trimbach, Hugel et Mann au même endroit... Si? alors pourquoi personne n'y arrive? Le salon du rielsing (une bonne idée, regroupant presque tous les ci dessus) était exclusivement réservé aux pros... résultat, pas grand monde...
Du coup, c'est le négoce et la GD qui font la loi... et eux, ce qu'ils veulent ce sont des prix.
- Les allemands: Véritable fléau de l'Alsace et de sa route du vin. L'allemand boit du vin comme de la bière, quand il a soif. En quantités, mais surtout pas cher. Ok, il y a des exceptions, blablabla, je suis d'accord, mais en grande majorité, c'est encore pire que les français. Le vin moyen en FAV a leclerc doit être à 5 euros, les vins sur catalogues GD en Allemagne, ca tourne a deux euros cinquante. Comme historiquement, c'est une grosse frange de la clientèle alsacienne, les alsaciens en tiennent compte et tiennent à la garder en pratiquant des prix adéquates. Retour à l'argument plus en amont.
- Les sommeliers: qui ne croient pas en ces vins (d'Alsace) et tentent trop timidement de les mettre en avant. La aussi il y a des exceptions, heureusement, et je les en remercie profondément. Mais il m'arrive trop souvent (surtout à Strasbourg), de me voir conseiller un vin de Bourgogne sur mes poissons au restaurant alors que les grands vins d'Alsace s'y prêtent à merveille.
- Les vignerons EUX MEME! qui n'ont pas conscience de leur potentiel, s'entêtent à vouloir vendre au négoce à bas prix. Il est vrai que les exploitations sont souvent petites, mais l'exemple des vins de Vienne regroupant 3 vignerons montre que l'on peut se grouper, s'entre aider et avoir un peu plus d'ambition que du vrac à deux sous.
Le vigneron alsacien ne pense pas y arriver (à faire de bons vins), et puis son père faisait déjà du vin de merde, alors, il fait comme son père, des vins de merde...
Sans compter que beaucoup ne veulent surtout rien changer, 80hl/ha, ca pisse joyeux... Stromae dirait "alors on rogne"...
Comme le négoce paye au kilo, le vigneron fait du kilo.
Il y a bien d'autres arguments bien sur, mais tout ça fait qu'en GD, tu ne trouveras que des vins pas bons, mais pas chers!, surtout pas chers...