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Maintenant que le vignoble mosellan est passé en AOC, des experts doivent délimiter précisément les parcelles qui répondent aux critères associés à cette appellation d’origine contrôlée. Une opération quasi top secrète !
En 2011, les vins de Moselle ont rejoint le club des appellations d’origine contrôlée (AOC). Délivré par l’Inao (Institut national de l’origine et de la qualité), ce label garantit qu’un produit répond à un cahier des charges précis.
Mais une fois l’AOC acquise, le travail est loin d’être terminé : il faut encore délimiter les zones géographiques de production des vins concernés. Pour cela, l’Inao a défini une série de critères généraux qui permettent de dessiner des périmètres précis. Une base sur laquelle l’institut s’est appuyé pour déterminer une première aire géographique qui intègre dix-neuf communes. « Les vins de Moselle comportent trois îlots : Vic-sur-Seille, le secteur de Metz et la région de Sierck-les-Bains », explique Gérard Meyer, technicien en charge du dossier à l’Inao.
La délimitation parcellaire, qui détermine les parcelles qui pourront effectivement produire du vin AOC, peut alors commencer. « Elle permettra de donner une vision aux viticulteurs. C’est un élément qui peut favoriser les transactions », complète Gérard Meyer. Hier matin, le technicien s’est donc rendu sur le territoire d’Arnaville (Meurthe-et-Moselle) avec Yves Wertenberg, ingénieur à l’Inao, pour commencer le travail de terrain. « Cela va prendre du temps », précise ce dernier. « L’homologation du périmètre de l’AOC se fera d’ici 2017-2018 . »
Gros enjeux et grands mystères
Pour les aider dans leur tâche, les deux membres de l’Inao s’appuient sur des experts locaux. « Cela permet d’apporter un argumentaire, mais nous ne pouvons pas donner leurs noms. » Toute l’étude reste en effet placée sous le sceau de la plus grande discrétion, les enjeux économiques pouvant être importants. « Ils ne sont pas comparables à ceux des grands crus », nuance Yves Wertenberg. « Mais une fois qu’une parcelle rejoint l’AOC, elle n’a plus le même prix. » Un tel terrain est également reconnu d’utilité publique et la culture y devient alors prioritaire. « Il est, par exemple, plus difficile de construire un lotissement dessus, même si c’est toujours possible. » Sur place, les experts mesurent et analysent le sol pour savoir où le vignoble peut s’installer en respectant les fameux critères de l’AOC. Mais là encore, mystère ! « On ne peut pas communiquer ces critères précisément. Ils concernent le climat, l’exposition ou encore la topographie. » Une fois le travail terminé, l’étude sera soumise à une consultation publique. « Elle est très attendue des viticulteurs, ils ont besoin de savoir. Elle leur permettra de valoriser leur patrimoine », conclut Gérard Meyer.
Jérémie NADÉ.