La semaine dernière, poussé par la curiosité et les liens amicaux déjà profonds qui nous unissent depuis notre rencontre sur le web, j'ai pris la route du nord et j'ai enfin rencontré celui que nous avons amicalement surnommé "la mémoire vivante du Bordelais" ou "les Annales de Bordeaux".
Nous avons fait connaissance dans la réalité autour d'un merveilleux Lafaurie-peyraguey 90 (commenté sous rubrique "sauternes") pris dans le jardin. Lorsque deux passionnés de vins se rencontrent, il n'est point besoin de briser la glace.
Nous sommes ensuite sortis et avons continué la soirée avec une Essence d'automne 99 de Cuilleron, un vin énorme, la robe est très sombre, ambrée, une gourmandise avec une quantité incroyable de sucre résiduel, puissant et confituré à l'extrême, onctueux et long. Un vin hors-normes. Nous avons continué avec Clos de Bourg demi-sec 2000 remarquable et déjà très bon, bien que jeune, une Cote-Rôtie Côte-Brune de Barge, d'une élégance parfaite et joliment concentrée.
Le lendemain, en fin d'après-midi, un Gewurztraminer SGN 94 de Chez Deiss, superbe de race, le nez encore assez marqué par les arômes variétaux, un peu fumé, légère perle à l'ouverture, un très beau SGN tout en équiliibre et en élégance, avec un belle liqueur et de la complexité.
Ensuite, dîner chez Daniel Bécu, à l'Auberge de la forêtà Hazebrouk, une excellente adresse.
Un moment inoubliable. La passion du vin eut tôt fait de dérider notre hôte, visiblement fatigué par une rude journée. A peine étions-nous assis qu'il voulut nous faire goûter un Meursault Sous la Velle 2000 de Mestre Michelot, encore un peu marqué par l'élevage mais très pur et de belle expression. Nous avons ensuite pris sur les entrées de poisson une bouteille de Narvaux du même producteur, où le terroir était moins caché par le bois.
Pour continuer, un superbe Roc de Cambes 95 (commenté sous la rubrique "Bordeaux") que je ne suis pas prèt d'oublier: un Bordeaux moderne, bien fait, charnu, concentré, puissant et fruité, mais avec une très belle structure et un terroir intéressant.
Puis, lorsque nous avons voulu passer commande d'une demi-bouteille de Clos des Papes 85, ce cher Daniel Bécu, apparemment remonté par nos échanges sur le vin, est revenu de la cave avec une bouteille de Clos des papes 66, qui avait encore gardé beaucoup de qualités :
une belle robe rubis, encore peu marquée par les années. Le nez est évolué, un nez de Chambolle-Musigny fait remarquer quelqu'un, oui mais d'un Chambolle qui a tenu la route plaisante un autre.. C'est vrai que le bouquet est bourguignon. En bouche, la matière est encore très belle. Daniel Becu, ancien meilleur sommelier du nord, attire alors notre attention sur la longueur incroyable de la finale. Je le regoûte à côté du Roc de Cambes, et je constate que si le Clos des Papes 66 n'a pu rivaliser avec le Roc de Cambes 95 sur le plan de la chair, du fruit, de la concentration et des tannins, ce vin présentait en revanche un équilibre presque parfait en bouche et se montrait bien supérieur en longueur et en finale.
Une fois de plus entre passionnés de vin, la mayonnaise a pris. La passion partagée, les échanges d'expérience, une certaine conception de la vie, tout cela rend les rencontres entre amateurs si passionnantes.
Voyant que je m'intéressais aux whiskies de malt, Daniel me sert un Sprinkbank, que j'accompagne avec un superbe Romeo y Julieta, puis nous avons goûté un vieux Bourbon impressionnant de volume et de longueur, pas caricatural non plus, avant de finir sur un genièvre local...Entretemps, une petite visite à la magnifique cave pour rêver ensemble devant des flacons. Seuls ceux qui aiment le vin comprennent ces moments.
Ah, j'oubliais la cuisine ! divine, moderne, goûteuse et artistiquement présentée, dans un cadre très agréable. Thierry pourrait en parler mieux que moi, ce soir-là , je n'avais guère la tête dans l'assiette...
bon, vous me direz que vous n'en savez pas plus sur Debaisieux qu'avant. Mais nous sommes là pour parler de vin, n'est-ce pas ?
merci à Thierry et à sa charmante - et aussi intelligente - épouse, Sophie, pour ces moments de réel bonheur
Yves Z