Villa d'Este Wine Symposium
Édition 2017
L'après-midi du vendredi
Tiens, le ciel s'est levé !
Difficile de décrire combien cet espace déjà magnifique sous les brumes matinales d'un automne finissant peut encore gagner en splendeur quand le ciel comme s'allume d'un bleu profond qui se reflète sur le lac.
Le lieu devient alors véritablement magique, avec cette atmosphère paisible tout en lenteur et d'un confort ouaté qui vous enveloppe et vous rassérène.
Il faudra qu'un jour je risque la colle de la part du Président en séchant une conf' pour aller faire un tour du lac et voir tout ça d'en face, moi...
M'est avis que les voisins de l'autre rive doivent quand même pas trop se plaindre de la vue.
Hervé Berland présente dans un anglais parfait la bascule écologique qui est en train de s'opérer au Château Montrose avec l'idée d'obtenir une autonomie énergétique à moyen terme, par l'utilisation du photovoltaïque pour la production d'énergie, d'un puits géothermique pour celle de chaleur ou encore par la production de produits issus des vinifications.
Des essais de biodynamie sont opérés pour le moment sur une petite surface et le domaine entend passer l'intégralité des parcelles en bio d'ici 3 ans.
En parallèle des spirituelles nous est servie une spiritueuse nourriture, finalement plus dans mon champ de compétence.
***
Château Montrose, Saint-Estèphe, 2009
Robe sombre, presque noire.
Beau nez sérieux et dense, sur la gelée de fruits noirs (myrtilles), les épices, de belles notes mentholées et une pointe animale qui apporte une vraie complexité.
Bouche puissante, très structurée, sur une matière ample qui se resserre autour de tanins bien présents et d'une belle acidité qui apporte trame et fraîcheur.
Finale un peu amère en dégustation seule mais que la table doit pouvoir gommer sans souci.
Beau vin d'avenir.
***
Le temps passe vite et déjà s'annonce l'Atelier de l'après-midi.
Je filoche, non sans profiter encore une fois de la dantesque vue sur le lac et constater que le
gigantesque platane
qui trônait sur la rive
n'a finalement pas survécu à la maladie qui l'affectait.
Tempus fugit... Il n'y pas que les chênes qu'on abat.
Von Winning, Kalkofen, 2014
Robe jaune paille.
Nez élégant, franc, sur les agrumes, le citron jaune, avec des notes de praliné qui lui donne un petit côté chablisien.
Bouche à l'acidité tranchante en attaque, enroulée autour d'un joli volume au toucher très agréable.
Déroulé franc, pas très complexe aromatiquement mais d'une vraie évidence gourmande de texture.
Finale agréable et équilibrée, pas interminable mais très lisible.
Bien.
Von Winning, Kieselberg, 2014
Robe jaune paille.
Beau nez ouvert, sur un compromis entre le citron jaune, des notes florales et un léger boisé épicé bien intégré.
Bouche plus structurée que le Kalkofen, d'une épaisseur perceptible en attaque mais bien tranchée par une acidité haute qui donne au vin assise, rythme et capacité de relance.
L'aromatique assez fermée crée un point d'austérité au moment où on aurait aimé voir ce bel ensemble s'exprimer.
Finale sérieuse, très salivante, sur une morsure acide qui étire longuement cette belle matière.
Un très beau vin, à la structure un peu brute en dégustation mais qui devrait mieux s'exprimer à table et peut-être également avec un peu de garde.
Très bien.
Von Winning, Ungeheuer, 2014
Nez serré, comprimé, au boisé perceptible et qui ne laisse pas grand chose d'autre s'exprimer.
Bouche plus riche que les vins précédents, sur un toucher ample et moelleux à la petite sucrosité perceptible en attaque.
Le vin une fois posé sur la langue prend son élan et comme s'étire après l'arrivée d'une acidité qui vient à compter du milieu de bouche.
L'ensemble déroule alors une structure impeccable de puissance maîtrisée, sur une lecture classique de vin bien élevé toute en densité et en maîtrise.
Finale tout en allonge et à qui il ne manque qu'un peu de complexité aromatique pour générer l'enthousiasme.
Très bien.
Von Winning, Kirchenstück, 2014
Robe jaune paille.
Nez totalement muet.
Bouche linéaire, sans développement, avec un côté délavé qui m'oriente vraiment vers un bouchon, le genre sacrément fourbe qui abime un vin sans se révéler aromatiquement.
ED vraisemblable.
Dönnhoff, Hermannshöle, 2012
Robe jaune paille.
Superbe nez, d'une expression très différente des vins précédents, sur un très fin exotisme enroulé dans des notes minérales et qui forment un ensemble précis et franc du plus bel effet.
Léger Co2 en attaque, ça frise sur la langue.
Bouche impeccable de construction, à la fois pleine et structurée par son volume dense mais traçante et effilée grâce à une superbe acidité mûre et parfaitement intégrée.
Goûts discrets d'agrumes et de pierre chaude.
Très belle finale tout en puissance et en allonge.
Excellent.
Dönnhoff, Hermannshöle, 2010
Robe sur un doré léger.
Nez marqué d'un petite évolution, sur le praliné, le mousseron, des notes de citron et de pierre humide.
Toujours un peu de Co2 en attaque pour un vin qui semble présenter plus de gras que le 2012.
Le milieu de bouche est en revanche mobilisé par une acidité motrice redoutablement efficace qui propulse une matière puissante et riche en extraits secs qui travaille bien le palais.
La finale est froide, brillante d'élégance et de tonus, sur de beaux goûts de citron jaune et de quelque chose qui m'évoque le minéral.
Un vin raffiné, pour les amateurs de tension.
Délicieux !
Dönnhoff, Niederhäuser Hermannshöle Spätlese, 2008
Robe jaune grisé à peine teintée.
Nez serré, sur de minces notes minérales, sur la naphte.
Bouche tonique, sur une acidité pointue et traçante qui prend un peu le pas sur une sucrosité légère.
Le vin manque un peu de fruit pour apporter du charme à cet ensemble plus en droiture qu'en gourmandise.
Finale austère et assez peu causante et qui laisse une impression d'austérité.
A revoir car peut-être en phase de fermeture.
Dönnhoff, Niederhäuser Hermannshöle Trockenbeerenauslese, 2003
Robe ambrée, presque acajou tuilé.
Nez au bouquet complexe et très parlant, sur la confiture d'abricot, le caramel blond, de superbes notes si difficiles à décrire mais typiques des vins issus de raisins pleinement botrytisés.
Bouche gigantesque, sur une sucrosité importante au toucher moelleux mais sans aucune lourdeur grâce à une acidité dantesque, dont une volatile bien présente d'ailleurs et qui permettent d'éviter tout effet d'empâtement.
Le vin déroule une puissance qui ne tombe jamais dans la grossièreté opulente, sur une aromatique délicieuse (abricots rôtis, safran) et qui ajoute de la gourmandise à cet équilibre très réussi.
La finale est superbe de persistance, conciliant puissance et complexité.
Superbe.
Encore une fois, un Atelier de haut niveau parfaitement géré par les équipes logistiques (ie par Suzie et Olivia,
les fistons Mauss et le fidèle parmi les fidèles Jean-Luc
) et qui permet un échange à la fois décontracté et pointu avec les vignerons.
Ouh mais c'est que la trotteuse a couru furieusement vite à l'horloge !
La dégustation de Prestige du jour commence dans quelques minutes.
Toujours du riesling, toujours l'Allemagne mais on file en Mosel cette fois, avec les vins d'Egon Müller.
A suivre,
Oliv