L'essentiel du débat devrait être :
" si je ne suis pas capable de faire la différence, au goût, en un vrai et un faux, est ce bien raisonnable de mettre tant d'argent dans une bouteille, surtout de vin ancien ? "
Si je peux faire la différence, je peux me retourner contre le vendeur (et je n'ai qu'à pas acheter n'importe où...) Si je ne peux pas, mieux vaut peut-être boire en fonction de ses capacités ? Si je n'ai pas encore les capacités, ne devrais je pas l'ouvrir avec un ou des amateurs/connaisseurs, pour apprendre ?
Si cela n'a finalement pas d'importance, où est le problème ?
Si la bouteille n'est destinée qu'à passer de mains de Chinois à d'autres mains de Chinois et de rester ad vitam aeternam dans un rayon, encore une fois, où est le problème ?
C'est un débat sur le ridicule de certains comportements hurmains, que nous devrions avoir, en fait.
Un peu comme si on s'offrait des boîtes de sac à main Hermes, avec marqué dessus le modèle et la couleur, et qu'on décide de ne jamais l'ouvrir... Et que même si on l'ouvre, on est incapable de savoir si c'est un vrai ou un faux sac Hermes, ni même de faire la différence entre le cuir et le skai...
C'est en cela que le vin reste, je ne suis pas fatigué de le dire, un monde aux codes très, très particuliers, qui n'ont rien à voir avec ceux du luxe.
Pour apprécier à la fois le prix ET/OU la valeur d'un vin, il faut une culture, un investissement personnel. Sur tous les autres objets du luxe tel qu'on l'entend aujourd'hui, ce n'est pas le cas : il suffit de payer. Et de le montrer aux autres. Quand il prend le pire des codes du luxe, (le prix plus corrélé avec la valeur, le tape à l'œil, la volonté d'impressionner les autres socialement par l'argent), on voit exactement ce qui arrive : des faux grands vins vins chers en pagaillle.
Tant mieux pour nous, pauvres buveurs passionnés, quand on y pense ;-)
P.S. : et le choix est clairement AUSSI celui du vigneron, qui vend ses vins, après tout, à qui il veut et au prix qu'il veut. S'il prèfère le faire aux Chinois, à des prix qui approchent le délire, qu'il ne se plaigne après tout ni de la contrefaçon, ni du fait qu'ils soient bus à 4 heures du matin dans des Karaoké en regardant des filles en louboutin danser sur des bars...