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Villa d'Este Wine Symposium
Édition 2016[/size]
[size=x-large]La Paulée du jeudi [/size]
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[size=large]Tout le monde se souvient que la soirée du jeudi à Villa d'Este est marquée par le plaisir du partage et la joyeuse et foutraque ambiance d'une Paulée.
Chacun est invité à proposer à sa table une ou deux bouteilles de son choix, ouvrant ainsi l'évènement dans une généreuse atmosphère de "goûte-moi ça, c'est du bon" et autre "comment ça, ça t'plait pas ? Mais quelle fillette alors ?!"
Pas besoin de vous dire que se croisent et se recroisent alors quelques sacrées cartouches, du genre à dégommer tout un bataillon de grognards de la dégustation dès la première salve !
Les convives y gagnent alors en plaisir d'échanges ce que le personnel y perd en confort de travail.
Une vraie Paulée, quoi...
Bon trêve de bavardages, je suis sûr que vous avez faim !
A table ! [/size]
Bellavista, Franciacorta, Teatro alla Scala, Vendemmia Brut, 2009
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Robe jaune paille assez claire.
Nez agréable, assez riche et qui m'évoque un chablis solaire, sur des notes miellées et de praliné.
Jolie bouche gourmande, d'une maturité haute un peu douce mais sans déséquilibre et bien mobilisée par une acidité sympathique qui crée un effet de rondeur facile agréable sur le palais.
La bulle est assez large et présente mais n'agresse pas.
Finale plus qu'honnête pour un vin friand, assez généreux et d'une bonne lisibilité.
Très apéritif.
Henry Marionnet, Touraine, M de Marionnet, 2014
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Robe jaune paille quasi cristalline.
Nez primaire de sauvignon, sur le buis et le bourgeon de cassis puis des notes de citron jaune.
Bouche citrique, très tendue, sur un côté délicat et cristallin mais qui manque pas mal de vinosité.
L'aromatique manque de complexité, marquée par son cépage dans son expression pas très mure (groseille à maquereaux, cassis).
Finale stricte, à l'acidité sèche.
Un vin de soif.
Les Seilles, Fully, Petite Arvine, 2015
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Robe cristalline, presque pas teintée.
Nez ultra discret, quasiment muet sinon quelques minces notes de fleurs blanches.
Attaque perlante puis déroulé souple, avec une petite sucrosité qui crée un point de richesse et d'ampleur qui manque un peu de nerf à mon goût.
Matière de demi-corps, sans grande profondeur mais nette de structure.
Finale honnête même si peu rythmée.
Un vin un peu trop simple et qui manque de vinosité.
Domaine Bruno Clair, Corton Charlemagne, 2010
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Bouchon parfait.
Robe jaune très claire.
Nez très fermé à l'ouverture où ne transparait qu'un boisé de jeunesse. Regoûté en coulisses avec l'équipe plus tard dans la soirée, le vin se sera nettement ouvert en libérant de jolies senteurs de fruits jaunes et de fleurs blanches. Mais rien à dire quand même, c'est très jeune !
Bouche bien née, à la structure dense et à la trame acide puissante qui crée un effet traçant assez rythmé.
Mais le mutisme aromatique où ne s'exprime que l'élevage rend le vin très austère et passablement lassant, comme recroquevillé sur un côté renfrogné.
Finale puissante mais peu amène, avec notamment quelques amers de bois pas très élégant.
Très peu de plaisir en l'état, aucun doute qu'il faut l'attendre.
Domaine Pierre Morey, Meursault Perrières 1er cru, 2001
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Robe sur un doré léger.
Nez magnifique de complexité, où le grillé puissant et d'une netteté parfaite enrobe des notes délicates de fleurs blanches et de fruits à noyaux.
L'ensemble est magnifiquement bourguignon, dans le registre des domaines qui savent gérer parfaitement les élevages réducteurs.
Je repense à nos discussions en cours sur le sujet et ne peut m'empêcher de penser que pour ceux qui savent faire, le grillé gras comme ça, sans végétal lierreux, sans notes soufrées de gaz de ville, quand ça s'exprime sur le sésame, la tartine chaude de pain beurré du matin et que ça n'écrase pas le fruit, ben, moi, j'adore !
La bouche est absolument somptueuse, d'un impact immédiat remarquable avec un vin qui se pose sur tout le palais mais se voit propulsée par une acidité tranchante absolument délicieuse.
L'équilibre est magistralement réussi entre puissance contenue et capacité de relance, avec un toucher de bouche aussi puissant que précis.
Le vin réussit à concilier volume et délicatesse d'expression dans une expression tactile digne de la danseuse sur pointe, à la fois élégante mais d'une maitrise sans faille.
Finale brillante de persistance et qui ne sacrifie rien à son côté frais et désaltérant.
Magnifique vin !
La Cà Növa, Barbaresco, Montestefano, 2013
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Robe sur un rubis grenat très clair.
Nez discret, très fermé, sur de minces notes de petits fruits rouges (grenade fraiche).
Bouche assez linéaire, sur une attaque acide assez forte qu'une matière assez délicate peine à compenser.
L'ensemble parait fragile et manque un peu de vinosité et de gourmandise pour apporter plus de confort en bouche.
Finale marquée par une certaine charge tannique sans devenir asséchante pour autant.
Un vin assez strict d'expression.
Domaine de l'A, Côtes-de-Castillon, 2011
[size=x-small]Magnum[/size]
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Robe sombre, sur un bleuté net.
Nez agréable, très bien construit, sur les fruits noirs frais enrobés d'un boisé élégant qui porte les senteurs sans les écraser.
Bouche très réussie, sur un déroulé franc et juste où une belle matière répond à une acidité bien intégrée.
L'ensemble est jeune, sur des goûts de fruits noirs épicés mais d'un joli tactile net qui n'agresse pas le palais.
Finale précise et fraiche, aux tanins présents mais sans une once de sécheresse.
Très joli.
Changins, Vin de Pays, Pas de trois, 2013
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Robe pourpre très jeune.
Nez élevé, où un lacté roboratif perturbe des senteurs de fruits noirs.
Bouche à la matière souple, sans beaucoup de fond et qui s'ouvre sur un touché velouté trop statique et qui manque de naturel d'expression.
Finale un peu chaude et sans réelle capacité à déclencher l'envie.
Un vin sans vice ni vertu.
Château Montrose, Saint Estèphe, 2002
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Robe très sombre.
Nez mat, monolithique et peu expressif dont ne transparait qu'un ensemble noir fumé d'une froideur rétive.
Bouche dense, large et tannique, d'une expression droite et froide qui semble impénétrable au plaisir en l'état.
Finale ferme, fermée et très austère.
Pas d'autre solution qu'attendre. Mais j'ai un peu de peine à croire que ce vin deviendra grand...
A revoir dans xx années.
Château Pichon-Longueville Comtesse de Lalande, Pauillac, 1970
[size=x-small]Magnum[/size]
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Robe sombre mais avec un certain âge, par son disque extérieur tuilé clair et une légère turbidité.
Bouquet qui semble très classique d'un médoc à l'ancienne, quand le tabac côtoie des senteurs puissantes de goudron, de créosote ou d'encre avec une pointe végétale pour produire un bouquet complexe et très nettement tertiaire. Le réchauffement rendra le vin plus dur, accentuant à l'excès les notes froides d'encre de Chine aux dépens de celles plus chaudes d'épices douces et qui tenaient l'équilibre.
Bouche fondue, à la matière déliée sans grande réserve de puissance mais d'une allonge et d'une présence certaines.
L'acidité assez haute mobilise ce volume fin sans maigreur et lance une finale d'une bonne buvabilité quoiqu'assez courte quand même.
Un vin qui assume bien son âge et qui, malgré une petite faiblesse de fond, passait parfaitement à table et s'accordait remarquablement sur la finesse épicée du chevreuil au genièvre.
D'aucuns le jugeront d'une faiblesse un peu coupable, moi, j'adhère au style !
Bien à très bien.
Château Rayas, Châteauneuf du Pape, 2005
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Bouteille ouverte à la minute et qui va suivre un impressionnant développement tout le long de la soirée.
Robe plutôt profonde pour un Rayas, sur un grenat net et bien brillant.
Nez très fermé à l'ouverture et qui va mettre du temps pour se placer, libérant en fin de repas un ensemble classe et posé de fruits rouges (fraise, grenade) tirant sur les fruits noirs frais et d'épices douces.
La bouche est immédiatement formidable de qualités évidentes, sur une concentration idéalement maitrisée, d'une densité qui ne verse jamais une seconde dans la dureté ou la fermeté, illustrant à la perfection l'expression "main de fer dans un gant de velours".
Son impact sur le palais se joue tout en profondeur, dans un déroulé interminable de puissance et de douceur tactile soyeuse et caressante, sur une acidité vertébrale qui cause juste et une qualité de tanins absolument superlative.
En revanche et c'est sûrement là qu'il est indéniablement grand, je suis convaincu que ce vin n'exprime qu'une petite partie de ses qualités.
Sa concentration, même si d'un équilibre remarquablement géré, mérite encore de se décomprimer à la garde pour gagner en fondu, en évidence et surtout en complexité aromatique.
Finale longue de présence même si plutôt réservée aromatiquement.
Rarement bu un vin jeune qui m'a donné une telle évidence de grandeur.
Heureux les possesseurs de telles bouteilles en cave. Quelque chose me dit que la récompense au bout de la patience peut être grandiose.
Somptueux !
A ce moment du repas, un drame a failli survenir !
Alors que je me lève, un verre de Rayas en main, pour aller faire profiter les copains des autres tables de ce magnifique vin (et constater qu'Axel, en plus d'un CV dorénavant long comme le bras, n'a rien perdu de ses qualités de dégustateur, me pliant le vin à l'aveugle, domaine comme millésime, en deux coups de nez et un coup de langue), je vois au loin mon assiette de fromages débarrassée alors que j'ai pas encore eu le temps de lui faire l'honneur qu'elle mérite.
Quoi ça ? Dites moi pas qu'c'est pas vrai ?!!
E pericoloso piquare fromaggioliv senza mio accordo ! Signore, aspeta plizzz !
Et merde, trop tard, je vois le petit serveur filer fissa au loin avec mon assiette pleine.
Mais comme je ne veux pas passer pour un psychopathe dur de la patte molle en fonçant compenser en cuisine, je reviens à ma table comme si de rien n'était, avec la zénitude affichée du moine bouddhiste avant la prière du matin...
Domaine du Comte Liger-Belair, La Romanée Grand Cru, 2008
[size=x-small]Magnum[/size]
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Robe assez claire, sur un grenat rubis bien brillant.
Nez où un grillé assez fort prend le pas sur des belles notes de fruits rouges frais.
Attaque en bouche superbe, pulpeuse et veloutée, sur un toucher soyeux très agréable.
Une acidité forte arrive en milieu de bouche et signe alors le millésime du vin par un point de tension moins confortable, comme bridant un peu ce jus parfait auquel elle n'est pas idéalement intégrée. L'effet de la perfection du Rayas 2005 bu juste avant a pu jouer en défaveur du pinot.
La finale est en revanche délicieusement fraiche et précise, sur de beaux goûts de framboise, de grenade et d'épices.
Un vin que j'aimerais bien revoir pour lui-même (oui, je sais, vous aussi...).
Très beau !
Clos de la Coulée de Serrant, Savennières, 2006
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Robe sur un doré ambré net.
Nez ultra puissant, sur des notes de raisins secs, d'abricot, de pierre humide, avec également des vapeurs alcooliques certaines.
Bouche massive, d'une grande densité et impact, à la richesse de corps presque moelleuse mais tranchée par une très forte acidité.
L'aromatique est baroque, compromis de notes de fruits secs, entre l'abricot et la figue, de datte, d'une légère oxydation, avec des goûts minéraux et une amertume qui lui donnent une vraie présence et allonge.
La charge alcoolique s'exprime toutefois à l'excès sur une finale longue mais presque brutale de puissance et qui m'évoque un peu l'équilibre des vins oranges.
Bien à très bien mais un style auquel je n'adhère pas vraiment.
Clos de Tart, 2002
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Robe assez profonde et sans réelle trace d'évolution.
Nez discret, sur une expression fermée et mate qui libère assez peu d'arômes.
La bouche est en revanche remarquablement bien construite, sur une texture dense à la puissance sans excès, d'une matière riche mais sans débordement, sur une trame profonde à l'acidité très bien intégrée et une indéniable qualité de tannins.
Belle finale longue, d'un toucher à la fois dense et frais.
Un vin qui m'a semblé avoir encore une vraie réserve de développement, notamment au niveau de son expression aromatique.
Très beau.
[size=large]Boudiou, quelle soirée !
Pour avoir eu le privilège de passer en coulisses un peu plus tard dans la nuit, quelques jolis morceaux de patrimoine savamment honorés n'avaient plus que leur étiquette à offrir au regard tenté de l'amateur toujours attentif à un beau moment qui lui passerait sous le nez.
Mais comme le genre pullule pendant le week end dans l'établissement, pas besoin de vous dire que les cadavres étaient déjà quasiment momifiés !
Joliment monté en lampe, un Mathusalem d'Asili Riserva 2000 de Giacosa, ça doit en jeter sur la table de nuit, non ?
Bon, allez, au dodo.
Car c'est pas tout ça mais demain, on remet ça !
Heureusement que le café italien est noir et serré. M'est avis que certains vont en avoir besoin pour démarrer de bon pied.
Quand j'vous dis que vous avez le droit de me plaindre...
Oliv[/size]
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Crédit photos :
Giulio Ziletti
www.borlant.fr/
www.soundtaste.eu/it...
www.comptoirdesmille...[/size]