Nous avons 1397 invités et 46 inscrits en ligne

Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2016

  • oliv
  • Portrait de oliv Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Administrateur
  • Enregistré
  • Messages : 94712
  • Remerciements reçus 24375
En attendant que nous trouvions le temps et la technique pour réindexer les rubriques perdues, je poursuis ici la narration du Villa d'Este Wine Symposium 2016.

Oliv
18 Jan 2017 18:20 #1

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • oliv
  • Portrait de oliv Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Administrateur
  • Enregistré
  • Messages : 94712
  • Remerciements reçus 24375

Réponse de oliv sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2016

Villa d'Este Wine Symposium

Édition 2016


Le déjeuner du vendredi




Fleur de courgette, ricotta di buffala, cèpe et sabayon de Castelmagno



Château Reignac, Bordeaux blanc, 2015



Robe à peine teintée d'un léger gris vert.
Nez fin, discret, sur des notes de poire et d'anis vert.
Bouche simple, sur une légère sucrosité et souplesse en attaque, avec assez peu de matière.
Une acidité nette peine un peu à mobiliser l'ensemble qui présente un côté un peu trop fluet.
Finale réglissée et un peu chaude, manquant d'équilibre et d'allonge.
Un peu simplet.




Selle d'agneau, potiron, échalote confite, sauce à l'estragon



Château de Carles, Fronsac, Haut-Carles, 2011



Robe très sombre, presque noire.
Nez mat, un peu capiteux, sur un boisé riche et chocolaté et de belles notes de coulis de fruits noirs.
Bouche dense, d'une matière crémeuse et ample qui tapisse le palais, sans aspérité mais encore puissante par sa concentration.
Les goûts concilient un élevage assez présent avec un fruit très mûr, sur la myrtille, le cassis et les épices douces d'un boisé bien géré.
Finale d'une présence forte par sa matière plus que par ses tanins qui restent d'une grande douceur et qualité.
Un vin qui demande vraiment à se détendre pour gagner en buvabilité.
A suivre avec intérêt car c'est de la belle ouvrage.


Consommé de fraise, fruits des bois, meringue et glace à la menthe

Dessert délicieux de fraicheur ! Parfait pour attaquer l'après-midi en pleine forme ! (:D





Quel plaisir que cette cuisine délicate et parfaitement calibrée pour permettre aux convives de conserver les papilles et les neurones en plein état de fonctionnement pour les évènements qui s'annoncent jusque tard dans la nuit.
Car faut pas croire mais c'est qu'il en reste à avaler, de l'intelligence en conférences, du bonheur en bouteilles et du plaisir sous la fourchette !
Je n'insisterai jamais assez sur l'ambiance qui règne à et autour des tables où le placement libre pour peu qu'on en joue le jeu permet des rencontres humaines très souvent plus qu'enrichissantes, par le croisement des ressentis sur les évènements déjà vécus bien sûr mais aussi par la découverte d'univers et de parcours professionnels qui n'ont parfois rien à voir avec l'univers du vin.
Discuter un peu coutellerie avec une famille de grands artisans français, les Chambriard , éduqué aux prémices de ce vaste sujet par mon cher vieux Bobosse passionné de cet art, permet d'ouvrir des horizons, de découvertes et de partages comme de rencontres futures.

Cette capacité du VDEWS à ne jamais se laisser enferrer dans le seul événementiel vin et son aridité parfois monomaniaque, correspond si bien au caractère de son initiateur et à mes attentes que c'est un vrai bonheur pour moi de constater chaque année combien la greffe continue à prendre, sans être affectée par l'usure du temps qui passe.

Oh, fan, c'est qu'en bonne compagnie, le temps passe très vite !
Déjà presque 15h ?! Il est temps de siffler mon ristretto, de ressortir mon carnet de notes du fond de ma poche et de filocher jusqu'à la salle de conférence pour ne rien rater des échanges à venir.
C'est qu'il s'agirait pas d'arriver embrumé vu le sujet qui s'annonce :



Le cerveau face aux dimensions sensorielles des grands vins





Le conférencier qui s'avance, Gabriel Lepousez, est neurobiologiste à l'Institut Pasteur , spécialiste de la perception sensorielle et grand amateur de vin .
Bon, si ce matin, j'avais déjà pris un bon coup de vieux dans les tempes en voyant l'Axel que j'ai connu tout jeune avoir si bien grandi, là, je me dis que c'est décidément la fin des haricots pour ma jeunesse finissante quand j'apprends que ces deux cadors dans leur discipline, impressionnants de maitrise pour tenir un auditoire et développer avec une clarté redoutable des propos pourtant pas évidents, surtout à l'heure de la sieste, n'ont... que 33 ans !
C'est en regardant les autres grandir qu'on sent que le temps passe ! Mais quand vous y ajoutez des gens d'un tel niveau à leur âge, ça filerait presque des complexes !




Gabriel Lepousez


Allez zou, hauts les cœurs, foin d'états d'âme, le lieu n'est pas propice à ça ! En avant pour un bon bol d'intelligence ! (:P)

Le cerveau reste le seul organe du corps humain que l'on ne comprend pas encore !
Et la dégustation de vin est une expérience multi-sensorielle d'une complexité rare car elle convoque différents sens et impose alors au cerveau de décomposer puis de recomposer cette myriade d'informations reçues afin de traduire en mots les sensations puis les émotions ressenties.
L'idée du goût est donc la mise en œuvre d'un travail du cerveau qui cherche à construire une unité à partir de cette multiplicité d'éléments perçus.
En bon Monsieur Jourdain des Arts de la Table, je suis ravi d'apprendre que mon cerveau travaille autant lorsque je lève le coude ! :oops:

La première étape de gustation est une perception de molécules dissoutes dans l'eau, la salive en particulier, et qui active des récepteurs.
Alors que nous disposons d'un récepteur pour le salé ou le sucré, l'amertume en active 25, réaction de l'évolution afin d'initier un réflexe de rejet vis à vis des matières toxiques à même de nous empoisonner. Servez un caramel, une frite et un chicon à vos jeunes enfants, on sait tous quel aliment va provoquer la soupe à la grimace (même chez les minots belges) !
A ce titre et c'est particulièrement flagrant quand on connait la cuisine piémontaise et plus généralement du nord de l'Italie, l'amertume nécessite une initiation donc une éducation.




Difficile de vous résumer des développements aussi riches.
Je partagerai donc avec vous les éléments qui m'ont intéressé et parfois surpris et qui ont mis des mots ou des réalités sur des sensations ou interrogations qui pouvaient être les miennes lors de dégustations.
Par exemple, j'ai enfin compris pourquoi lors de la consommation d'un eau pétillante, je trouvais souvent la fin de bouche légèrement acide.
Le Co2 apporte une sensation de fraicheur qui active dans le cerveau le récepteur de l'acidité !

Autres points : la perception de chaleur dans un vin, celui que nous décrirons peut être comme "capiteux", est activé par l’éthanol qu'il contient, celle de froid qui nous verra le qualifier de "frais" par le menthol.
Concernant la notion de minéralité, G. Lepousez lui préfère celle de salinité, plus juste chimiquement car plusieurs salinités sont possibles (NA+, acide succinique ou glutamate).

Information cruciale pour remettre en perspective nos tentatives de partager ici nos impressions sur les vins, il n'y a pas d'égalité vis à vis du goût !
Les variations génétiques de sensibilité, par exemple à un composé amer, le PhénylThioCarbamide (PTC), peuvent considérablement bouger selon les pays d'origine.
Et les industriels savent parfaitement en tenir compte pour adapter leur production à ces variations, le taux de sucre d'un célèbre Cola pouvant ainsi varier du simple au double de la Russie à l'Egypte ! :o






Historiquement décrié par Kant ou Freud car le sens animal le plus éloigné de la Raison, l'odorat reste pourtant le plus puissant en terme de discrimination.
Si le nombre de récepteurs humains pour détecter les arômes peut sembler déjà considérable, 400, c'est la capacité du système olfactif à fonctionner par synthèses combinatoires qui rend ses capacités si puissantes !
Une molécule active plusieurs récepteurs comme un récepteur peut être activé par plusieurs molécules, la bouche étant l'organe qui en active le plus, faisant passer les possibilités de plusieurs centaines à la base à plusieurs centaines de milliards de combinaison potentielles !
Et là encore, les variations génétiques entre deux individus sont considérables puisque 30% de ces récepteurs diffèrent d'un individu à l'autre.

Un phénomène intéressant dont nous avons tous été victimes un jour : la saturation !
Le récepteur olfactif désensibilise beaucoup, rendant complexe les dégustations en séquence. Les effets de synergie (3 à 4 odeurs sont seulement détectables dans un mélange de simplement 5 molécules) ou de masquage (on a tous croisé un vin comme éteint et dont la cause était un TCA fielleux) limitent les capacités du dégustateur !

De plus, le cerveau peut se leurrer lui-même car il est un formidable outil d'anticipation, terriblement poreux aux influences extérieures.
Ajoutez un colorant rouge dans un vin blanc et il sentira la fraise ! Une belle étiquette reconnue, une médaille à un concours, un prix élevé, un discours d'autorité et le vin a toutes les chances de sortir valorisé.
Face à cette somme d'informations complexes que représentent les odeurs, le cerveau produit une représentation spatiale en créant des images de ce qu'on a senti ou cru ressentir.
A partir de là commence le travail de mémoire individuelle et donc l'étape culturelle dans l'apprentissage du goût, la représentation à la base homogène dans le bulbe olfactif étant mémorisée et donc représentée différemment dans le cortex olfactif de chacun.
Le souvenir de l'odeur d'une madeleine ne provoquera pas à tous l'émotion ressentie par Marcel Proust. Et soyez malade après un repas et vous aurez toutes les chances d'associer fort longtemps un dégoût important à un aliment qui ne vous a vraisemblablement rien fait !






Le phénomène illustre bien l'accès privilégié que les odeurs ont vers le cerveau, l'émotion ressentie à leur contact étant antérieure à la compréhension de cette émotion et provoquant ainsi la constitution d'une mémoire olfactive qu'on va pouvoir réactiver.
Reconnaitre une odeur apporte une familiarité avec le produit déjà ressenti et donc un sentiment de confort. Et donc de plaisir.
Le connaisseur devient alors par rapport au débutant celui qui parvient à mobiliser son travail de mémoire et activer une bibliothèque de souvenirs en convoquant ses précédentes expériences de dégustation.

Derrière la pluralité d'éléments sensoriels que le cerveau collecte, il y a la nécessité de produire un discours pour les unifier et donc de pouvoir partager ces sensations avec ceux qui goûtent le même vin.
Car s'il n'est pas d'objectivité dans la dégustation, par la diversité de nos prédispositions génétiques, par nos capacités plus ou moins puissantes en fonction de notre forme du jour, par tous les biais possibles qui peuvent leurrer le cerveau, la seule solution pour unifier ce maelstrom de perceptions (et nous l'avions bien vu dans le séminaire du Nez de l'an dernier), restent les mots !
Ce que nous tentons tous chaque jour ici en postant notre ressenti sur les vins que nous buvons, c'est de matérialiser ces sensations pour échanger à leur propos, partager des informations et dépasser le seul stade de l'individualité.
L'amateur de vin ne boit jamais seul et comme le spectateur au cinéma, le plaisir est tout autant dans le partage du ressenti et la mise en mots nécessaire pour y parvenir que dans le seul moment de la consommation.
Sitôt bu, trop tôt disparu. Alors que relues, les impressions du moment sont comme revécues.

Le fait du grand vin s'incarne alors dans cette recomposition sensorielle, quand l'unité d'un tout harmonise la multiplicité des parties.
Et c'est cette harmonie, celle qui dépasse le simple plaisir de la sensualité pour toucher à quelque chose de plus complexe, qui fait la différence entre le grand et le bon vin.

Très beau moment que cette conférence, remarquable de précision et qui m'aura permis de mettre des mots sur un parcours, des réalités physiologiques comme des ressentis.


Au fait, puisqu'on a conclu sur le grand vin, et si on filait voir ce qui se passe pour la verticale Coche Dury ?





A suivre...
Oliv
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: DidierT, Luc Javaux, Gombi, Marc C, TIMO, o_g, MathiasB, Frisette, david84
18 Jan 2017 18:51 #2

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 10201
  • Remerciements reçus 3776

Réponse de claudius sur le sujet Au coeur du Villa d'Este Wine Symposium 2016

Hyper intéressant !
Comme quoi une fois de plus, un des élément les plus important reste l'étiquette avec pedigree ....
Hahahahaha
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: bulez.andre59@gmail.com
18 Jan 2017 21:27 #3

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 4804
  • Remerciements reçus 4056

Réponse de LADIDE78 sur le sujet Au coeur du Villa d'Este Wine Symposium 2016

Olivier

très belle reprise de ce CR très intéressant , j attend la suite avec un grand plaisir , le dessert avait l air sympa ;)

didier

Mal-voyant depuis 31 ans et passionné de vins comme vous tous
18 Jan 2017 22:18 #4

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 801
  • Remerciements reçus 2496

Réponse de bassaler sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2016

Super ce slide sur la perception des gouts, les ligands et concentration de détection ! Ca m'a filé un coup de jeune (je crois bien que je n'avais plus entendu le terme "ligand" depuis la fin de mes études) ...
19 Jan 2017 08:15 #5

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 12766
  • Remerciements reçus 3613

Réponse de jean-luc javaux sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2016

Superbe comme d'habitude et il me semble que la nouvelle version apporte encore plus de clarté et de majesté à l'ensemble!

jlj
19 Jan 2017 10:01 #6

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • oliv
  • Portrait de oliv Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Administrateur
  • Enregistré
  • Messages : 94712
  • Remerciements reçus 24375

Réponse de oliv sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2016

Villa d'Este Wine Symposium

Édition 2016


Verticale Meursault Les Rougeots et 1er cru Les Perrières du domaine Coche-Dury





C'est avec grand plaisir mais aussi beaucoup d'émotion que je retrouve Jean-François et Odile Coche ainsi que leur fils Raphaël qui porte dorénavant sur ses épaules la destinée du domaine.
Quand François m'a appris qu'il avait convaincu la famille Coche d'être présent à l'édition 2016, j'en ai eu le cœur serré.
Car dans mes projets insensés, ceux que l'on fait les soirs de causerie au coin de l'âtre chez les amis, quand on a le rouge aux joues, la panse distendue et le sourire heureux propre au convive repu, il y avait un peu de ça, la beauté du lac de Côme, la magie de la Villa d'Este, la famille Coche. Et Alain.
J'aurais tant aimé partager ce moment avec Al', lui qui connaissait si bien la famille et depuis si longtemps.
Tous ces beaux évènements vécus au bord du Lac de Côme aurait peuplé de mémorables anecdotes nos longues soirées à venir sur les rives de l'étang.
La vie en a décidé autrement. C'est la vie...

Mais revenons à des choses moins personnelles et donc autrement plus intéressantes pour tous !

L'intégralité des postes ouverts à l'inscription ayant été comblée, je ne pourrai vous raconter cette dégustation avec l'exigence de minutie habituelle.
Peut-être que des lecteurs présents ce jour là dans la salle (David, c'est le moment de te lancer ! :) ) viendront compléter mes impressions d'ensemble.
Le rapport très précis de Kevin Shine et Kelly Walker sera également très utile aux plus anglophones d'entre nous.

De par mon amitié avec François Mauss et les siens, j'ai toutefois eu la grande chance d'assister au protocole de mise en place des postes de dégustation et de pouvoir goûter les vins.
Si je ne pourrai produire un rapport aussi détaillé et illustré que lorsque je suis assis à table, concentré, carnet de notes ouvert et plume affutée, l'exercice m'aura néanmoins permis de vérifier où en étaient certains millésimes et ce, sur plusieurs bouteilles du même vin, ce qui a toujours comme grand mérite de lisser les éventuels écarts de moins bien sur certains bouteilles.
L'esthétique de la mise en page et la précision de la description y perdront ce qu'une forme d'état des lieux du millésime concerné y gagnera peut-être.

Mais avant de parler des vins, je tiens à signaler l'incroyable qualité de l'organisation mise en place par François et Thomas Mauss, assistés par l'équipe de sommeliers de la Villa d'Este !
Il faut avoir vu le protocole mis en place, incroyable de précision et d'expertise et qui débute par l'acheminement des vins depuis le domaine selon les recommandations du vigneron.
Certains demandent une mise au repos en cave sur place, à température parfaite, plusieurs semaines auparavant, d'autres comme Raphaël Coche jugent que les vins se goûtent mieux juste après le transport.
Le protocole d'ouverture de plusieurs dizaines de flacons (de 4 à 6 bouteilles du même vin selon l'audience du moment), plusieurs heures avant la dégustation si nécessaire, la validation par le vigneron ou représentant du domaine, toute cette mécanique de précision digne d’un stand de F1 suffirait déjà à impressionner le plus blasé des dégustateurs.

Mais c'est le ballet du service des vins sur 50 à 90 postes de dégustation qui force véritablement le respect !
Chacun se voit attribué une bouteille numérotée ainsi qu'un nombre de rangs de tables prédéterminé correspondant à ce qu'il doit servir. Charge à lui de retrouver le cru sur le set de dégustation du poste et de verser la quantité requise pour tenir le nombre de postes prévus.
Pierre Richard du service, s'abstenir !! :evil:
Quand vous avez en main un Perrières 1996 ou une Tâche 1990, s'agirait pas de rater la cible, de culbuter la table ou de se mélanger les pinceaux en remplissant le verre d'à côté et de jouer au bonneteau pour camoufler son erreur .




Mise en place par les équipes de Villa d’Este


Et là où la chose devient comme miraculeuse, c'est que lors de votre arrivée sur le poste de dégustation, les vins sont toujours d'une température de service absolument parfaite pour les mettre en valeur ! (tu)

Ajoutez la qualité des verres, la présence d'une bouteille d'eau, d'une miche de pain, d'un crachoir et, phénomène absolument primordial pour goûter libre de toute influence exogène, le silence absolu exigé par le Président Mauss, quitte à hausser le ton parfois, et vous comprendrez combien ces moments de dégustation sont des instants rarissimes comme il n'y a peut-être pas d'autres sur la planète.
Et le pire, c'est que ça aurait presque l'air facile quand on voit les Mauss gérer leur affaire.
Mais quelque chose me dit qu'ici aussi, comme Nadia Comaneci à la poutre à Montréal, la maitrise apparente est le fruit du travail et de l'expérience passée... :)

On passe aux vins ?





Meursault, Les Narvaux, 2011



Un vin qui m'a impressionné par sa densité et sa puissance résiduelle à ce niveau de cru mais surtout sur ce millésime !
J'avais gardé un souvenir difficile de la dégustation après mise où les vins goûtaient très mal, stricts aromatiquement et d'une austérité d'abord assez compliquée à apprécier.
Là, le vin propose un nez délicat mais franc, sur des senteurs de fougère, un tout petit grillé agréable, rien d’exubérant mais où tout est bien en place.
Mais c'est la bouche qui propose une tenue vraiment très intéressante, sur un caractère effilé et droit, à l'acidité haute mais bien intégrée à un corps d'une vraie concentration.
Si l'équilibre reste néanmoins celui d'un millésime assez froid, sur une trame tendue, aucune note végétale de sous-maturité type Suze, si courante sur ce millésime, ni acidité revêche ne vient brutaliser le palais.
En toute transparence, je n'attendais pas ce vin à ce niveau.
Très bien.


Meursault, Les Rougeots, 2009



Changement total d'équilibre avec un vin finalement moins à mon goût, sûrement par l'effet de séquence où le côté solaire du millésime a tendance à ressortir alors que bu seul, l'équilibre serait vraisemblablement lu comme plus fin. Les millésimes chauds sont souvent très réussis au domaine qui parvient à tempérer les excès de chaleurs et d'opulence. En gros, jamais vu de vins mollassons ou exotiques chez les Coche !
Ce Rougeots 2009 possède une ampleur de corps sans débordement et surtout une forme de générosité immédiate, sur un équilibre agréable, d'une texture large mais sans opulence qui fait qu'il offre déjà beaucoup de plaisir et que je ne suis pas sûr qu'il ne faille pas en profiter tel qu'il s'offre en l'état.
Son aromatique est franche et gourmande, sur des goûts de poire enrobé dans un élevage fin parfaitement maitrisé et le vin possède une belle présence en bouche, sans forcément offrir une très grande capacité de relance. Mais je voudrais bien le revoir à table où sa gourmandise pourrait bien faire merveille.
Un très joli vin de plaisir.


Meursault, Les Rougeots, 2007



Retour vers un vin plus classique des expressions du domaine, sur un nez fin, droit, compromis de notes d'agrumes et de senteurs minérales type pierre humide.
Bouche rythmée, tonique, d'un joli déroulé traçant grâce à une acidité pointue et bien enrobée dans un corps sans faiblesse.
On peut peut-être lui reprocher un petit manque de complexité aromatique, le vin s'exprimant très sur le minéral, manquant un peu de fruit et de floral pour ajouter plus de charme à sa très jolie texture effilée, fraiche et nerveuse à la fois.
Très belle finale d'une grande présence et franchise.
Très bien.


Meursault, Les Rougeots, 2005



Attention, bijou ! :woohoo:
3ème fois que je goûte ce vin et encore une fois, il m'impressionne à ce niveau d'appellation.
Ce qui le différencie de ses prédécesseurs, c'est sa puissance !
Assez ouvert aromatiquement, d'une complexité ouverte et qui allie le minéral finement grillé à une générosité de fruits (citron confit, fleurs blanches) remarquable, c'est vraiment son impact et son équilibre en bouche qui vire au remarquable.
Le vin frappe d'entrée par sa présence qui tapisse le palais, sur un gras sans une once de mollesse car immédiatement propulsé par une acidité mûre absolument parfaite.
Le vin concilie une forme d'évidence gourmande qui le rend facile à lire et à apprécier avec une réserve d'extraits secs et donc de puissance assez rarement ressentie sur un vin blanc, en particulier sur un village et qui impacte littéralement le palais.
Là, on est pile dans ce qui fait la spécificité des blancs du domaine selon mon expérience : leur puissance à cœur qui ne vire jamais dans l'excès de poids, de largeur ou d’esbroufe.
Comment le domaine parvient-il à conserver dans l'intégralité de la gamme un côté cristallin et désaltérant à ses vins, toujours construits autour d'une esthétique fuselée et aérienne basée sur la fraicheur et l'acidité en maintenant un noyau d'énergie et de vinosité redoutable qui peut s'avérer totalement ébouriffant dans les meilleurs millésimes !
La finale de ce 2005 est celle des plus grands vins, conciliant une persistance remarquable à une irrésistible envie de se resservir !
Superbe ! (tu) (tu)


Meursault, Les Rougeots, 1999



Quelques petites variations au nez entre les différentes bouteilles avec plus ou moins d'intensité, allant du classicisme total de la maison, sur le sésame grillé à des notes plus légères et moins fraiches, voire légèrement métalliques.
En revanche, la bouche était toujours d'une grande cohérence, à mon avis vraiment prête à boire, sur un équilibre gras/acidité très agréable et une présence pleine et qui semble presque paisible à côté de la puissance et du potentiel de réserve du 2005.
Un très bon vin mais qui confirme ma préférence pour Chevalières sur ce millésime par son côté plus nerveux et élancé.
Très bien. (tu)


Meursault 1er cru, Les Perrières, 2008



Nez assez serré, presque discret, sur la pierre humide, des notes d'agrumes et un côté mentholé frais.
Bouche étonnante, ultra tonique, presque acérée mais aussi assez fermée aromatiquement. L'ensemble produit est d'un tranchant redoutable qui manque un peu de confort en l'état et en dégustation seule.
J'espère avoir l'occasion de revoir ce vin dans quelques années car j'avoue ne pas trop savoir comment il va évoluer, en espérant qu'il gagne du gras et de l'ampleur et prenne en profondeur sans perdre ce rythme en bouche assez impressionnant.
A attendre.


Meursault 1er cru, Les Perrières, 2006



Très joli nez ouvert, sur une franchise de fruit agréable, sur l'orange et les fleurs blanches.
La bouche est de tous les vins celle dont j'ai le moins de souvenir, agréable mais plus statique et en largeur, sans l'impact et la verticalité auxquels je suis habitué et qui me convient si bien.
Je pense que ce vin est à boire.


Meursault 1er cru, Les Perrières, 2001



Nez beaucoup plus frais et fin que le 2006, beau compromis classe de notes minérales et de zestes d'agrumes. L'ensemble fait encore très jeune !
Bouche brillante d'équilibre et de précision, sur une trame tendue dont le corps plein et dense à cœur s'étire très longuement dans une expression tonique et fuselée remarquablement balancée.
Finale longue d'une précision assez redoutable, avec une réserve de puissance vraiment délicieuse.
Excellent. (tu)


Meursault 1er cru, Les Perrières, 1996



Le nez est très curieusement marqué par des notes peu avenantes, sur un lacté aillassé qui m'évoque le fromage aux herbes.
Ce sera la seule tache sur ce vin a la bouche remarquable et qui réussit à allier une acidité motrice d'une grande puissance à une matière ample qui tapisse le palais.
Pas besoin de vous dire que le résultat au niveau du toucher de bouche est d'une profonde et d'une capacité de relance qui tient du redoutable !
Dommage que ce nez chafouin abime un peu la perfection de ce vin remarquable.
Très beau tout de même. (tu)






Je garderai plusieurs souvenirs forts de cette dégustation.

Tout d'abord, le grand sourire de Jean-François Coche, pas vraiment un homme démonstratif par nature, à son entrée dans la salle et avec son accent si bourguignon, son "aaah, ça sent bon le Meursault" ! Et c'est vrai que ça sentait furieusement bon dans la salle quand tous les postes étaient prêts ! :woohoo:

Ensuite et alors que se déroulait le tour de table et que nombre d'amateurs et de professionnels détaillaient leur émotion et écoutaient les explications concises et franches de Raphaël et de son père, je ne perdais pas du regard Odile Coche discrètement assise au fond de la salle et qui profitait de cet instant avec un recul et une discrétion teintés d'une fierté simple, celle des instants qui récompensent les exigences d'une vie de travail et comme la réussite de toute une éducation.

Car force est de constater que l'ambiance chez les participants à la sortie de la salle était incroyable de retenue et d'émotion, comme si cette dégustation avait et allait marquer un cap dans leur lecture des vins blancs de Bourgogne et peut-être d'ailleurs.
J'ai ainsi entendu plusieurs professionnels, habituellement plutôt économes en superlatifs et toujours pointus dans leurs analyses des qualités comme des limites des vins servis, aussi prestigieux soient-ils, venir plus tard interroger Raphaël et JF Coche pour comprendre : "Mais comment faites-vous ? Je n'ai jamais bu un meursault comme ça !".

Réponse de l'intéressé, dans ce phrasé simple et franc qui correspond si bien à l'éthique de la famille :

"Il n'y a pas de recette, juste du travail."


***


Et comme un cochophile n'est jamais rassasié, j'ai profité quelques minutes plus tard de la présence de Raphaël Coche sur son stand pour longuement discuter avec lui, tout en m'hydratant sagement...
C'est que c'est important que de prendre de soin de sa santé si l'on veut durer dans des compétitions de ce type !
Tous les sportifs de haut niveau vous le confirmeront... B)



Meursault, Narvaux 2014

Nez avenant, délicat et ouvert, sur de jolies notes de fleurs blanches matinées d'un très fin grillé.
Bouche très équilibrée, d'un volume ample et à la fois rythmé, sur une richesse de constitution qui tapisse immédiatement le palais sans l'alourdir.
Les goûts sont fins, en droite ligne des senteurs du nez, très floraux et d'une grande pureté.
La finale est longue, traçante et énergique et d'une grande gourmandise.
Délicieux ! (tu)


Meursault Caillerets 1er cru, 2012

Pas besoin de faire des phrases, ce vin est le frère ainé du village. Si son aromatique et sa construction de bouche lui sont directement similaires, sa densité, son impact et sa persistance sont d'une toute autre ampleur. La réserve de puissance et là encore, la capacité de relance du Caillerets sont impressionnantes, portant la finale extrêmement longuement sans pour autant lui sacrifier une irrésistible buvabilité.
Superbe vin ! (tu)




Ouch, c'est qu'en bonne compagnie, le temps passe vite !
C'est presque l'heure du diner et j'ai pas encore chaussé ma tenue de milord, serre kiki, chemise à jabots et chaussures à bouts carrés, moi !?!

Vite, en chambre pour un ravalement d'urgence !

A suivre,
Oliv





Crédit Photos
Armand Borlant
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: Super-Pingouin, si le vin..., Marc C, LADIDE78, TIMO, o_g, MathiasB, Agnès C, Frisette, starbuck, leteckel, david84
19 Jan 2017 18:52 #7

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 2976
  • Remerciements reçus 7674

Réponse de leteckel sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2016

Magnifique récit d'une dégustation qui devait l'être tout autant (tu)

Et la famille Coche en cravate, c'est collector :woohoo:

Merci Oliv' de nous faire partager cette ambiance.

ArnoulD avec un D comme Dusse
19 Jan 2017 19:17 #8

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 5510
  • Remerciements reçus 8740

Réponse de starbuck sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2016

Question bête de cochophile débutant, comment savoir que c'est un Narvaux ?
Est ce que tous les Meursault "tout court" sont des Narvaux chez Coche-Dury ?

Sylvain
19 Jan 2017 21:20 #9

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 2976
  • Remerciements reçus 7674

Réponse de leteckel sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2016

Question bête de cochophile débutant, comment savoir que c'est un Narvaux ?

Les "tauliers" étaient là...sinon, rien ne l'indique.

Est ce que tous les Meursault "tout court" sont des Narvaux chez Coche-Dury ?

Bah non, c'est pas Noel tous les jours . Il y a aussi Vireuils, et d'autres climats que les spécialistes du domaine se feront un plaisir de te confirmer.

ArnoulD avec un D comme Dusse
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: starbuck
19 Jan 2017 21:30 #10

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • oliv
  • Portrait de oliv Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Administrateur
  • Enregistré
  • Messages : 94712
  • Remerciements reçus 24375

Réponse de oliv sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2016

Il y a aussi Vireuils, et d'autres climats que les spécialistes du domaine se feront un plaisir de te confirmer.

Voir la liste donnée par Arnaud sur lapassionduvin.com/f...
19 Jan 2017 22:47 #11

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • oliv
  • Portrait de oliv Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Administrateur
  • Enregistré
  • Messages : 94712
  • Remerciements reçus 24375

Réponse de oliv sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2016

Villa d'Este Wine Symposium

Édition 2016


Le dîner du vendredi





C’est donc ventre à terre et quatre par quatre que j’escalade à la kenyane les marches fastueuses de l’escalier en marbre qui surplombe le lobby afin de rejoindre ma chambre.
C’est que l’expérience et les angoisses des années précédentes ont été productives.

Les cravates sont sagement alignées, les chemises repassées et le pantalon de compét’ pendu n’attendent que leur champion pour entrer en scène.
C’est donc tel un Ferrariste déboulant dans les stands que je saute dans ma tenue de scène.
Crac, boum, zou ! Une vidange des niveaux, un coup de peigne et d’sent-bon et la bête vrombissante est prête à affronter les derniers tours pour rejoindre le podium.

En piste !





Crevettes, panzanella, burrata et amarante

Un plat somptueux de précision et de fraicheur, le soleil mis en délicatesse.
Un vrai bonheur !!


Valais Mundi, Eclat, 2014
Magnum
Robe très claire, cristalline, presque pas teintée.
Nez bien tourné, fin, où les fleurs blanches répondent à des senteurs d'agrumes dans un ensemble élégant et bien fait.
Bouche agréable construite autour d'une acidité pointue et d'une délicatesse de structure qui créent un point d'équilibre tonique et frais très agréable et qui répond bien à la délicatesse du plat.
Finale qui manque un peu de densité mais agréable par sa buvabilité.
Bien à très bien.



Tortelli farci à la morue, crème de polenta et petits légumes à l'aigre douce



Weingut Von Winning, Riesling Forster Ungeheuer GG, 2014
Robe jaune paille.
Très beau nez élégant et franc, sur des notes florales et de peau de citron, avec une certaine richesse qui reste précise et évite tout effet de froufroutement.
Très belle bouche à la fois puissante par son corps ample et traçante par sa très belle acidité.
En dégustation seule, le vin est vraiment délicieux, d'une grande maitrise et expressivité.
Mais sur le plat, un point de déséquilibre se crée autour de sa richesse de constitution, remontant une sensation légèrement sucrée qui s'accorde moins bien que le vin suisse avec la délicatesse du mets.
La finale est très agréable, d'une forme de densité de jeunesse à patiner un peu mais d'une très belle lisibilité.
Vraiment très bon mais à accorder avec des plats plus riches.


Cheval des Andes, Mendoza (Argentina), 2012
Robe atramentaire, d'une opacité totale.
Nez très riche, sur le caramel au lat, le coulis de fruits noirs et de puissantes notes réglissées et mentholées qui m'évoquent le zan. L'ensemble est puissant et semble déjà chaud.
La bouche est ultra puissante, d'une sucrosité solaire en attaque qui masque un peu une acidité sous-jacente.
Des tanins féroces prennent alors le relais et mobilisent un peu cette masse en faisant saliver, remuant alors un peu un ensemble pâte de fruits noirs réglissés totalement statique sur le palais.
Mais force est de constater que l'ensemble est d'une brutalité de jeunesse, sur une constitution roborative qui s'accorde très mal avec la finesse du plat de viande.
Je me sens totalement incompétent à apprécier un vin si jeune et qui m'a semblé quand même un peu extrême.
Les verres des voisins ne m'ont pas semblé se vider plus rapidement que le mien, d'ailleurs.
A revoir car en l'état, je suis passé totalement à côté et mon pdf menace de porter plainte pour coups et blessures...



Veau légèrement fumé, chanterelle, mousseline de pomme de terre et truffe noire



Girolamo Russo, Etna Ross DOC, 'A Rina, 2014
Robe d'un grenat légèrement orangé et qui ferait presque clairette à côté du vin argentin.
Joli nez frais, sur les fruits rouges bien mûrs, avec un enrobage épicé très agréable.
L'attaque en bouche est marquée d'un perlant important puis d'un équilibre résolument sudiste, par une belle matière bien mûre pourtant tranchée par une acidité très haute.
Le milieu de bouche s'abime un peu dans des tanins et une amertume qui font un peu perdre au vin son côté jusqu'ici très charmeur.
Mais la finale sait rester franche et fraiche, sur des goûts croquants, sans verser dans la rusticité.
Joli vin !



Fagottini de gianduja et glace à la noisette


Pas question de sortir en boîte ce soir pour aller guincher avec le Président Mauss.
Et ce même si la cuisine toujours aussi précise et délicate du chef Zambanini permettrait sans risque de conserver le pas sûr pour faire valser les dames !

Mais c'est qu'il reste du chemin à faire et demain, on remet ça !
Donc au dodo, Bacchus et Morphée m'attendent.
Sur les bords du lac de Côme, qui dort dine. Et du palais, dandine ! :)

A suivre,
Oliv




Crédit Photos
Armand Borlant
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: DidierT, Jean-Bernard, si le vin..., Vougeot, LADIDE78, leguitou, Frisette, Raisin breton, david84
20 Jan 2017 12:25 #12

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 2672
  • Remerciements reçus 719

Réponse de leguitou sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2016

Encore un beau compte-rendu d'une qualité incroyable et une tablée qui semblait fort plaisante (à tous les niveaux).
Merci Oliv !

Bien cordialement,
Guillaume
20 Jan 2017 17:33 #13

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 10201
  • Remerciements reçus 3776

Réponse de claudius sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2016

superbe ... et les photos aussi

je ne connais pas ce millésime de Cheval des Andes mais d'autres plus anciens ...
ce vin ne m'a jamais emballé avec son côté "brute sans charme" ...
il doit me rester 1 bt de 2001 ou 2002 ...
à revoir un de ces jours ... peut-être qu'un miracle au vieillissement l'aura transformé ... ?
22 Jan 2017 03:31 #14

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • oliv
  • Portrait de oliv Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Administrateur
  • Enregistré
  • Messages : 94712
  • Remerciements reçus 24375

Réponse de oliv sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2016

Villa d'Este Wine Symposium

Édition 2016






Alors, là, décidément, c'en est trop et si je ne risquais pas d'abîmer un outil de travail indispensable à justifier ma présence en ce lieu respectable, je me foutrais des claques !
Car bien que couché à une heure fort peu chrétienne et n'ayant pourtant que ça à faire que de réduire la taille des Samsonites qui poussent sous mes yeux en profitant du confort du palace, me revoilà à étudier la table de nuit alors que les matines commencent à peine autour de la place Saint Pierre !

Et oui rebelote, pile dans le mille, Émile, c'est presque avec effroi que je découvre que le réveil affiche une nouvelle fois......... 4h48 !
A ce niveau de vice, c'est plus une horloge biologique que j'ai entre les oreilles, c'est une mécanique atomique à faire breveter par la Nasa !
De djiou, avec des nuitées de 3h, les conférenciers du jour ont intérêt à assurer pour m'éviter de piquer du nez, moi je vous le dis.


Conférences du samedi :

Vin et communication, le modèle Vivino / L'Intelligence Artificielle



Deux des conférences du samedi avaient trait à des révolutions technologiques en cours, leur apport au vin et à la société et les bouleversements qui en découleraient irrémédiablement.

C'est donc avec mon âge et mon regard de vieux LPVien, celui de quelqu'un qui a connu l'époque d'avant le numérique, quand on tapait encore ses mémoires d'études à la machine, qu'on cherchait péniblement quelques infos sur le vin dans les rares médias disponibles et qu'on ouvrait ses espérées merveilles le plus souvent en famille ou à des convives pour qui la boisson était un moment simple de plaisir qui ne méritait le plus souvent pas l'attention et les moyens que nous lui consacrions.
L'arrivée de l'ordinateur, de l'internet a bouleversé cet univers, LPV émergeant il y a 15 ans maintenant comme un espace d'échanges immédiat où le croisement des informations faisait alors tomber certains privilèges et monopoles et ouvrait des perspectives de communication jusqu'ici inédite.

Puis est arrivé le smartphone !

Comme le décrit intelligemment François Mauss dans son introduction avant de laisser la parole au patron de Vivino, Heini Zachariassen, le gain de temps est devenu la donnée indispensable exigée par les utilisateurs des nouvelles technologies.
L'histoire de Vivino, cette application au succès fulgurant, s'est construite dans le pays d'origine de son fondateur, les Iles Feroe, afin de répondre au sentiment de confusion mêlé de timidité que tous les débutants ont ressenti un jour face à un rayon de dizaines de bouteilles qui leur étaient totalement inconnues.
L'idée initiale était de "construire un produit pour nous", les débutants, les sans-grades du lever de coude, les qui n'y connaissent rien et que le monde du vin impressionne !
Comment accéder rapidement, au supermarché, au restaurant, sur tout lieu de vente, à une information d'aide à la décision ?!




F. Mauss, H. Zachariassen (Vivino), E. Levine (Cellar Tracker)



L'application développée qui permet, à partir d'une simple photo de l'étiquette d'un vin, d'ouvrir une base de données composées de détails techniques, d'ordre de prix et des notes attribuées par les autres titulaires de l'outil a très vite trouvé une audience énorme.
La société en pleine croissance, composée maintenant de 80 personnes, revendique ainsi 20 millions d'inscrits qui alimentent une base de données de 10 millions de vins pour 209 000 domaines, chaque jour qui passe amenant 30 000 inscrits supplémentaires ! :o

Le modèle construit par Vivino vise à démocratiser l'accès à l'information et à permettre au consommateur de s'affranchir de l'avis des experts.
Alors que ces derniers n'ont accès, au mieux, qu'à 25% des vins, le partage communautaire explose les capacités d'un seul homme, qui plus est limité dans ses goûts, en l'ouvrant à un myriade d'individus possibles.
La collecte des données et leur traitement remplacent alors l'expertise, le consommateur ne cherchant plus et n'ayant plus de temps à consacrer aux affres de la découverte comme aux exigences de la description et semble privilégier une simple notation !
La simplicité des notations doit primer sur la complexité des mots, le client veut qu'on lui confirme ce qu'il désire boire !

Je sais pas si ça s'entend dans la salle mais de djiou de nom di djiou, j'ai les ongles qui rayent le dessous de la table et la mâchoire qui grince de voir la complexité du monde du vin enfermé dans cet univers d'étoiles sur 5, de 4,5 points, de photos d'étiquettes et de trois mots creux balancés à la volée au restaurant alors qu'on devrait profiter de la convivialité de l'instant et prendre son temps plus tard pour essayer de trouver les mots justes pour décrire ce moment.

Tout ce qu'on avait évoqué la veille avec Gabriel Lepousez, cette manière de dépasser l'individualité du jugement de goût immédiat par le langage et d'initier ce qui constitue ainsi un début de culture. Tout ce qui fait le sens du temps que nous passons sur LPV, à tenter de trouver les mots pour parler à d'autres amateurs de ce vin bu en leur exprimant pourquoi nous l'avons aimé ou ce qui nous a déplu.

C'est quand même autre chose qu'une étiquette notée 4,2 étoiles, non ?!! 8-x


Source

Oui, je sais, je suis un vieux dinosaure qui comprend rien aux d'jeunes ! :unsure:



Je commence à fourbir mes armes de défense de l'amateur éclairé quand Angelo Gaja demande le micro.
Alors que je me dis, vu les qualités d'orateur du personnage, que ça va barder fort, je vois le vigneron italien applaudir à cet outil qui permet d'initier au vin toute une génération ainsi décomplexée en utilisant de manière ludique des capacités technologiques !
La clientèle à laquelle s'adresse l'outil est celle des débutants et tout ce qui peut favoriser la mise du pied à l'étrier mérite encouragement !

Ben mince, plutôt que de m'énerver tout seul comme un vieux schnock dépassé qui comprend rien aux jeunes et à la modernité, Angelo Gaja n'aurait-il pas raison ? Le Président Mauss, toujours prompt à me botter le séant dès qu'une élitiste idée point le bout de son nez dans mon discours, aurait-il raison ?
Car faut bien démarrer un jour et c'est d'évidence pas le sommelier hautain du restaurant, le bon copain soit disant connaisseur qui vous marche sur la bouteille dès que c'est pas marqué Grand Cru dessus ni peut-être les CRs que nous postons ici qui rassurent le débutant...
Mince, j'hésite tout à coup... :huh:

Ma fureur comme passée, je rentre Bertha au garage et revient donc à de moins belliqueuses dispositions ! :D



Angelo Gaja



Là où ça devient très intéressant, c'est quand Heini Zachariassen affiche des chiffres !
Il y aurait à l'analyse une corrélation très proche entre les notes des clients de l'application et celles des critiques professionnels.
Les analyses des données postées par les amateurs sur Cellar Tracker confirme cet état de fait.






Car toute la valeur, crédibilité comme financière, de l'outil réside là : engranger des données, les compiler pour les retravailler. Et dans une échéance encore à déterminer, les utiliser à fin de commerce !
Il m'est assez difficile de détailler le séminaire passionnant qui a eu lieu plus tard dans l'après midi mais son conférencier, Antoine Petit, illustrera parfaitement combien l'avenir est aux technologies du Big Data, les données devenant le pétrole des temps futurs !



François Mauss et Antoine Petit


Très rapidement, on devrait être capable de prédire ce que le consommateur individuel aimera et donc de lui proposer les services adéquats qui lui correspondent.
Le business modèle est donc construit sur cette perspective : le client est la marchandise, son apport gratuit via l'outil gratuit constitue des infos qui seront ensuite médiatisées à des fins commerciales, par des conseils d'achat avec mise en relation avec des fournisseurs mais peut-être également par le travail autour de ces données dont le traitement et son exploitation auront une vraie valeur marchande.

Illustration de quelques possibilités extraites des milliers de notes de dégustation contenues dans la base de données :





Bon, si je suis un peu redescendu en pression, la soupape continue quand même à tourner sur la cocotte...

Car mince, cette forme de régression statistique à la moyenne, ce goût généralisé, celui des modes qui passent aussi vite qu'elles émergent, est-ce que c'est ça le vin ?!
Quid du travail exigeant que fait tout connaisseur, non pas pour trouver le vin mais se trouver dans le vin en affirmant ainsi l'individualité de son goût et de son plaisir ?
Quid des particularismes locaux, des équilibres, des terroirismes, des usages loyaux et constants qui sont ceux qui font l'histoire du monde du vin et qui rendent ce produit si particulier dans l'univers linéaire et uniforme de l'industrie agroalimentaire ?

Le traitement brut et brutal de données ne risque-t-il pas de tuer ce qui fait depuis toujours le charme et le mystère du vin, la convivialité autour des échanges infinis que son partage ne manque jamais de générer ? Si le marketing s'introduit à l'excès en cuverie afin de fournir le vin qu'un goût statistique médiant recherche, la vérité d'un univers, celle qui nécessite le temps et les exigences d'un travail sur soi et d'une éducation ne risque-t-elle pas de s'épuiser dans la recherche artificielle d'un audimat immédiat, de celui qui fait les marchands heureux et les consommateurs abrutis ?

Vision élitiste, ringarde et angoissée d'un dinosaure du lever de coude déjà plus vraiment de son temps ? Vertueux ou vicieux à en étouffer nos libertés, ce cercle parfait des capacités techniques ?
L'avenir le dira !
Mais bizarrement, je ne suis pas si pressé que ça de connaître la réponse...

Alors qu'une partie de la salle rejoint la dégustation Cheval Blanc, je reste en apprendre un peu plus sur les mystères de la bulle !

A suivre...
Oliv
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: LADIDE78, Frisette, leteckel
22 Jan 2017 18:25 #15

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 6939
  • Remerciements reçus 6098

Réponse de Frisette sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2016

Merci Oliv' pour la retranscription de ce séminaire, très intéressant au deumerant. Je partage ton avis dans le sens où une note n'a de valeur que si elle est argumenté et expliqué. Après, je comprends effectivement le côté rassurant de la note brute, en particulier pour les néophytes. J'entends bien que la cible et l'objectif est de rendre plus facile l'entrée du consommateur dans le monde merveilleux du vin...mais je trouve que c'est aller un peu vite en besogne, s'affranchir de tout un tas de connaissances historiques et culturelles qui font également partie intégrante de ce monde. On est clairement à la mode de la consommation kleenex : une information immédiate pour une consommation immédiate, sans se poser de questions, sans états d'âme. Je suis un peu perplexe, même si je reconnais que les principes initiaux sont louables.

Flo (Florian) LPV Forez
22 Jan 2017 18:54 #16

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 1478
  • Remerciements reçus 2310

Réponse de Agnès C sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2016

Bonsoir
Je ne pense pas qu'Oliv soit le 1er ou dernier représentant des dinosaures scribouillards de LPV 2 (ses écrits ont été retranscris dans Lascaux 4)..
J'aurais même tendance à penser que si on vient sur LPV c'est justement parce qu'on cherche une porte d'entrée dans le domaine de la découverte des vins différente d'une voie toute tracée du meilleur de la statistique.
C'est un peu comme la politique, ou l'art, ou la cuisine, chacun met où il veut le curseur de sa volonté d'apprendre, de l'effort à fournir, de sa connaissance à construire sur de l'apprentissage.
C'est tellement plus facile et sans risque d'aimer ce que les autres aiment, tellement plus rassurant aussi
Faut vraiment être masochiste pour apprendre à ne pas aimer!
L'inconvénient du monde numérique est sa principale qualité: l'ouverture à l'infini; alors acceptons notre condition d'humain avec nos limites, nos choix, notre liberté.
Il est dommage de se priver de la joie de la découverte et de l'erreur de l'apprentissage du goût, tout ça pour faire comme les autres!
Passées les années, se dire que rien n'est vraiment acquis et que malgré tout, on s'est construit une bibliothèque de souvenirs, de plaisirs, de partage, et de doutes, voilà un projet de vie qui n'est en rien mineur et qui vaut bien celui de ceux qui auront voulu ne boire que ce qui est bien noté.

Agnès, le crétacé m'a tuer
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: oliv, leguitou
22 Jan 2017 19:54 #17

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 19614
  • Remerciements reçus 4713

Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2016

mouais ...

c'est gonflé, vraiment d'étalonner les notes vivino avec l'échelle Parker ou Winspectator.

Personnellement, je n'ai jamais lu chez Parker ou sur Winspectator des commentaires sur de vins qui n'existaient pas.
Sur vivino, oui.

un exemple ici : www.vivino.com/winer...

Jérôme Pérez
22 Jan 2017 21:28 #18

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 19614
  • Remerciements reçus 4713

Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2016

d'ailleurs c'est à se demander si les moyennes Vivino ne sont pas un condencé de ventre mou où se mêlent notes des producteurs eux mêmes, notes de ceux qui n'y comprennent rien, notes de ceux qui vont d'abord lire ce qu'on en dit chez Parker et chez Winespectator mais aussi notes sincères d'amateurs avertis.

mais bon, 92/ 100 sans déclarer le millésime quand on a un peu de notoriété, c'est pas mal. Mais c'est peut-être d'ailleurs la note de la notoriété, tout simplement.

faudrait voir si les notes d'un même producteur varient tant que cela d'un millésime à l'autre.

Jérôme Pérez
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: si le vin...
22 Jan 2017 21:36 #19

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 10201
  • Remerciements reçus 3776

Réponse de claudius sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2016

Salut Jérôme

San Leonardo 2009 n'existe-t-il pas ?

l'échelle de Vivino me fait penser à celle d'un marchand bien connu par ici,
le moins bon vin est à 18, dès que c'est bon c'est 18,5 - 19 - 19,5
et les vin "parfaits" sont à 20 ... gros rires dans la compagnie ....

amitiés
22 Jan 2017 21:41 #20

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 19614
  • Remerciements reçus 4713

Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2016

non, impasse sur ce millésime jugé trop faible pour être déclaré.
Il y a du Villa Gresti et du Terre, mais pas de San Leonardo : il y a pourtant l'étiquette sur la page Vivino et en plus noté 9 fois....

Jérôme Pérez
22 Jan 2017 21:45 #21

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 6756
  • Remerciements reçus 3684

Réponse de Marc C sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2016

Incroyable le coup du vin qui n'existe pas! Du coup j'ai vérifié avec un autre exemple connu et bongo 4,0 pour un vin qui n'a jamais existé : www.vivino.com/winer...

Je suppose que la note est un subtil mélange des notes des autres millésimes pondérées par l'âge du capitaine...

Pour le reste, qui vivra verra... Ceci dit j'ai l'impression que ces outils arrivent à contre temps, la tendance étant au local, venant du producteur aux bottes crottées qui a une histoire à raconter. Sans doute pas incompatible avec un tel outil mais quand on voit les vins qui sortent dans les premiers (et avec la risible précision à 5 décimales pour des notes venant de sources aussi diverses comme le fait remarquer Jérôme...) on peut avoir des doutes.

Marc
22 Jan 2017 22:11 #22

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 4275
  • Remerciements reçus 72

Réponse de o_g sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2016

Coucou l'Oliv, un grand merci pour la narration de tes exploits, tu as souffert mais c'est pour le bien de tous !

Quand on voit un tableau montrant le lien entre notes Parker et notes vivino, on a l'impression qu'on pourrait deviner la note de l'un à partir de celle de l'autre, mais le (vague) statisticien qui sommeille en moi ne peut s'empêcher de se demander quel est le coefficient de corrélation entre ces notes. A savoir, en moyenne une étoile de plus de l'un veut dire tant de points en plus chez l'autre, mais quid du bruit ? Le rapport n'est évidemment pas systématique, et je ne serais pas surpris de savoir que les notes de WS et RP sont souvent plus alignées entre elles que celles de Vivino et RP par exemple.

La bise, O.
22 Jan 2017 22:25 #23

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 10201
  • Remerciements reçus 3776

Réponse de claudius sur le sujet vivino

Vivino 5 commentaires élogieux sur un vin qui n'existe pas ...
Je suis et reste sans voix
:o :?
23 Jan 2017 09:31 #24

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • oliv
  • Portrait de oliv Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Administrateur
  • Enregistré
  • Messages : 94712
  • Remerciements reçus 24375

Réponse de oliv sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2016

Un vigneron présent dans la salle a chargé in situ l'appli pour contrôler son domaine.
Et a confirmé publiquement les erreurs !

Le patron de Vivino, un peu gêné sur scène, a confirmé qu'une équipe de petites mains (en Inde, je crois) se chargeait de mettre à jour les données (profils des domaines etc), en espérant que les domaines eux-mêmes s'en chargeraient pour les infos précises.

Quelle vérité extraire de ce volume potentiellement gigantesque d'informations compilées, toute la question est là !
23 Jan 2017 10:26 #25

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • oliv
  • Portrait de oliv Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Administrateur
  • Enregistré
  • Messages : 94712
  • Remerciements reçus 24375

Réponse de oliv sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2016

Au passage, vu la somme d'infos monstrueuse collectée chaque jour par Vivino, rappelons avec un peu de recul qu'il est difficile de ne pas rencontrer des ratés.
J'ai d'ailleurs peine à imaginer comment cette base de données peut être véritablement contrôlée.
Quand je vois le temps passé à tenir celle de LPV, d'un volume absolument sans comparaison, la tâche me semble insurmontable à hauteur d'individu...

Mais j'imagine que c'est le propre de la technologie du big data de retomber sur ses pattes via une analyse statistique à laquelle le volume d'information donne son sens.

Je conserverai pourtant toujours une grande méfiance vis à vis de toutes ces technologies qui raccourcissent le temps dès qu'elles ont trait à certains domaines.
Comme l'ont dit le Président Mauss et Angelo Gaja, il faut aussi mettre le pied à l'étrier au débutant.
Moi ce qui m'inquiète, c'est qu'il s'en satisfasse.
Car j'ai la faiblesse de penser que rien de culturel ne peut émaner d'une béquille technique et que seul le temps de l'effort est créateur de sens.
Si la culture générale actuelle prend un G, c'est trop souvent celui de Google.
Fermez le wifi et y'a plus personne au balcon !

Alors j'entends déjà le Président Mauss sortir Bertha pour bombarder l'élitisme des singes tristes de l'oenosophie.

Mais vindiou , dans le monde du vin, ce qui est génial, c'est que l'effort est réconfort ! :woohoo:
La cave est une bibliothèque, les gammes répétées sonnent plop et glou, les explications de textes résonnent des rires des soirées entre amis !
Oser donner un avis, aimer ou ne pas aimer un vin, échanger entre convives, à l'aveugle, ou pas, tenter de trouver les mots pour expliquer pourquoi.
Voilà l'étape qui me semble la plus indispensable pour distinguer l'amateur du buveur et qui est celle que je défends ici.

Pour les consommateurs pressés, l'outil répond à leur besoin de conseils, eux qui n'ont que quelques secondes par jour à accorder à chaque chose.
Que ça suffise au débutant pour se guider, aucun problème ! A lui de pousser l'aventure plus avant ou de s'en satisfaire.

Mais je n'accepte pas qu'on résume la complexité du grand vin à une statistique médiane.
Ou à deux photos postées sur Twitter ou Instagram accompagnées d'une note aride ou d'un hiéroglyphe qui ne parle qu'à son émetteur.
Tirer des moyennes à partir de chiffres, ça ne parlera jamais comme un Bettane, un Galloni, un Nicolas Bon ou un Bertou (liste non exhaustive, surtout ici :) ) qui, avec leurs mots, tentent d'expliquer, de traduire le vin bu dans toute sa complexité.

Mais c'est sûrement mon côté vieux littéraire qui s'exprime ...

Oliv
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: fredhamster, leteckel, Cristobal
23 Jan 2017 14:35 #26

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 6756
  • Remerciements reçus 3684

Réponse de Marc C sur le sujet vivino

De ce que j'ai compris de ce genre de démarche c'est qu'il est illusoire de tirer un truc à peu près sérieux s'il n'y a pas des petites mains sérieuses et consciencieuses qui passent leur temps à faire le ménage et à ranger. Je serai surpris que les stagiaires informatiques indiens soient à ce point sérieux et consciencieux sur un sujet qui doit leur parler comme à moi un sujet du type : "Pouvoir tribal et hindouisme en Himalaya : le symbolique et ses transformations chez les Magar de Gulmi : Népal central"

Bon de toute façon le big data c'est la pierre philosophale du moment mais c'est à la fin de la foire qu'on compte les bouses...

Marc
23 Jan 2017 14:53 #27

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • oliv
  • Portrait de oliv Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Administrateur
  • Enregistré
  • Messages : 94712
  • Remerciements reçus 24375

Réponse de oliv sur le sujet vivino

Villa d'Este Wine Symposium

Édition 2016


La science derrière les bulles !



Les plus anciens LPViens se souviendront peut-être de l'article très poussé que notre excellent P'titPhilou avait consacré à Gérard Liger-Belair et à ses recherches.
C'est que l'affaire ne date pas d'hier et que le chercheur travaille sur le sujet depuis plus d'une décennie.
Quand on voit son allure de jeune premier, nulle preuve plus scientifique que le bon vin, ça conserve ! :)




Gérard Liger-Belair


Comme très souvent à Villa d'Este, d'un séminaire dont on pourrait craindre a priori des débordements trop techniques émane une somme d'informations régulièrement passionnantes pour peu que l'orateur sache bien vulgariser son sujet et l'auditeur ne pas buller en fond de salle, même si ici, on resterait dans le sujet.
Et c'est peu de dire que Gérard Liger-Belair a tenu son auditoire en intérêt sur un sujet pourtant touffu et que cette conférence mériterait d'être suivie sur YouTube pour n'en rien rater.
J'essaierai de partager, modestement, avec vous les informations découvertes ce jour là.

L'origine du CO2 dans le vin ne provient pas de la fermentation alcoolique puisque le gaz est évacué mais de la prise de mousse qui agit comme une seconde fermentation alcoolique mais en espace fermé, la bouteille conservant donc le CO2 dissout dans le vin.
C'est l'industrie du verre qui a permis le développement d'une vraie culture de l'effervescence car capturer 6 bars dans un espace si réduit imposait un contenant qui résistât à une telle pression.
Une bouteille de champagne contient ainsi... 5 litres de Co2 piégé !





A l'ouverture, vous vous êtes sûrement demandé un jour ce qu'était ce petit nuage blanchâtre qui flotte quelques secondes à la surface du contenant.
Ce n'est pas du Co2 (invisible) mais des gouttelettes de liquide en condensation suite à l'expulsion heureusement progressive des 5 litres de gaz qui génère du froid.
Mais c'est pourtant au service dans le verre que la plus grosse perte de gaz s'opère !
Incliner son verre pour doucement faire glisser le liquide sur ses parois permettrait ainsi de conserver 10 à 15min d'effervescence supplémentaire !





20% du Co2 s'échappe par les bulles, jusqu'à 1 million par verre, le reste s'évacuant à la surface du liquide donc sans qu'on en ait vraiment conscience.

J'ai réussi à scandaliser ma grand-mère lorsque j'ai résumé abruptement lors d'un repas de famille qui si ses verres étaient parfaitement propres, on ne verrait aucune bulle remonter dans ses flutes ! :evil:
Ce sont en effet les aspérités à la surface du verre (peluches de torchon, poussières atmosphériques etc...) qui aspirent le Co2 dissout , la particule creuse se cassant une fois remplie puis se reforme en se remplissant, expliquant ainsi les bulles et leur répétition, plus ou moins régulière.



La température, la viscosité et la teneur en alcool influent sur la cinétique de production des bulles. Tout le monde s'est un jour copieusement arrosé le plastron au bureau avec un mousseux sorti d'un tiroir par un collègue pour fêter sa retraite ou son nouveau contrat et dont l'ouverture se serait sûrement révélée plus conforme aux règles de la sommellerie si le vin avait été servi rafraichi.
La régularité du train de bulles n'a absolument aucun lien avec la qualité du vin servi ! C'est encore une fois la particule émettrice et sa géométrie qui décident de cette émission.
Toujours lors de la même sauterie au bureau, non content d'être chaude, vous aurez sûrement remarqué que la bulle qu'on vous sert immanquablement dans un sublime gobelet en plastique semble accrochée longtemps à ses parois !
Là encore, rien à voir avec la qualité du supposé breuvage mais avec le caractère hydrophobe du plastique qui se tapisse de gaz pour se protéger du liquide. Plongez ici un Krug, il bullera tout aussi large que le mousseux de chez Lidl qui va vous ravager la tuyauterie dans quelques heures ! :pinch:

Parlons de la fameuse qualité de la bulle et de sa finesse supposée !
La taille de la bulle dépend de différents paramètres dont le premier est... la gravité !
Une bouteille consommée sur la Lune verrait ainsi ses bulles grossir de quatre fois leur volume terrestre.
La concentration en CO2 dissout et donc par conséquence l'âge du vin possède un impact très important dans la présence et la taille de la bulle.
Celle du début de service est toujours plus virulente qu'après aération. Le phénomène est similaire en cave où le vin d'une vingtaine d'années perd environ la moitié de son effervescence.




G. Liger-Belair insiste également sur l'importance du bouchage pendant l'élevage.
Mais l'un des paramètres essentiels reste la géométrie du verre !
La distance parcourue par la bulle, de son accroche dans le verre jusqu'à la surface; va concentrer la taille de la bulle et donc le taux de Co2 présent au dessus du verre. Tous les dégustateurs connaissent ce phénomène désagréable de piqûre carbonique qui vous claque le nez lors que l'on sent trop tôt un champagne servi en flute étroite.

On peut d'ailleurs s'interroger si la prédominance de la coupe pendant des siècles, du temps des mosers et à une époque où on accordait pas autant d'importance qu'actuellement au nez, n'était pas aussi une manière de privilégier le côté aromatique et finement tactile du vin en limitant son effervescence.

Encore un séminaire instructif et vivant, au contenu remarquablement bien géré par un orateur enthousiaste et que l'on sent passionné par son sujet d'études. (tu)

Mais toutes ces nourritures spirituelles, faut avouer... que ça ouvre l'appétit !

Et si on passait à table ? :woohoo:

***

Le déjeuner du samedi


Vitello tonnato



ColleMassari, Montecucco Vermentino, Irisse, 2014



Robe sur un doré très net.
Nez riche et généreux, sur un léger lacté, des notes de fruits blancs (pêche) et un côté solaire assez présent.
Bouche puissante, sur une matière large d'un grande maturité et à laquelle l'aération dans le verre fait le plus grand bien en ramenant du fruit (abricot, fleur d'oranger).
La finale est un peu massive à mon goût, marquée par une amertume assez forte et par une certaine charge alcoolique.
Le vin répond en revanche très bien aux deux plats.
Bien.



Soupe de lentilles, chipirons, rougets et pecorino



ColleMassari, Montecucco Sangiovese, Poggio Lombrone Riserva, 2012



Robe sombre, violacée presque noire.
Nez puissant, sur le coulis de fruits de noirs, presque la pâte de fruits, enrobé d'un léger lacté et de senteurs mentholées qui apportent de la fraicheur.
Bouche très jeune, encore un peu exubérante mais sur un beau déroulé franc entre une matière riche et ample et une acidité haute et bien intégrée.
Si le vin est sur une expression de jeunesse un peu brute en l'état, la matière première est belle et la finale dense mais sans sécheresse laisse envisager des lendemains qui chantent.
A attendre.



Fruits exotiques, crumble à la noix de coco, sorbet gingembre citron


Encore une fois, il faut signaler la qualité de ce déjeuner construit autour de goûts précis et francs et qui laisse le convive disponible à un après-midi qui s'annonce plus que studieux.

Cette année, pas de grimpette sur les hauteurs de Villa d'Este.
Le ciel est au gris humide et les lourdes gouttes de pluie qui irisent le lac de leurs impacts incessants n'appellent pas aux balades digestives.

A suivre...
Oliv




Crédit photos
www.dico-du-vin.com/...
www.winestats.info/p...
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: Marc C, LADIDE78, leguitou, Frisette
24 Jan 2017 14:43 #28

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 20664
  • Remerciements reçus 7817

Réponse de Eric B sur le sujet Liger Belair

G. Liger-Belair insiste également sur l'importance du bouchage pendant l'élevage.

Qu'est-ce qu'il dit à ce sujet (différence entre capsule et liège ?)

Eric
Mon blog
24 Jan 2017 17:03 #29

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • oliv
  • Portrait de oliv Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Administrateur
  • Enregistré
  • Messages : 94712
  • Remerciements reçus 24375

Réponse de oliv sur le sujet Liger Belair

Que le bouchage liège produisait une bulle plus fine.
24 Jan 2017 17:07 #30

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Modérateurs: GildasPBAESMartinezCédric42120Vougeotjean-luc javauxstarbuck