Bonjour.
Vous connaissez Cubitus, personnage de BD créé par Dupa ? Si c'est le cas, je n'ai pas besoin d'expliquer pourquoi j'ai ce pseudo.
Pour les autres, Cubitus est un personnage plus gourmand que gourmet mais toujours amateur de bonnes choses. Je me sens plus gourmet que gourmand quand même, mais parfois comme tout le monde... je cède à la gourmandise.
Je m'appelle David, 33 ans bientôt et vivant dans une région sinistrée pour les vins : Orléans (Même dans nos vinaigreries orléanaises, on n'utilise pas les vins du coin mais ceux de Bordeaux
). Arrivé sur le tard à la dégustation des vins, j'ai aujourd'hui une cave qui doit avoisiner les 180 bouteilles avec une palette qui représente bien ce que je suis... Un amateur en rodage et en recherche. Habitué depuis ma tendre enfance à la cuisine et à la volonté de maîtriser les épices, j'ai passé beaucoup de temps à développer mon nez et mon palais dans ce but... Et aujourd'hui, je me met à faire la même démarche concernant les vins. De part mes connaissances, j'avoue avoir une affinité particulière avec la charte des Vignerons Indépendants dont les productions doivent représenter 95 % de ma cave, dont j'apprécie énormément le contact en visite de domaine ou en salons.
Habitué depuis que j'ai l'âge de discerner les goûts et les arômes aux vins de Bordeaux de la famille (très tanniques et boisés) ou des vins difficilement dégustables, je m'étais fait une raison que je n'aimais pas le vin rouge. Et comme beaucoup, je m'étais retranché dans les vins blancs liquoreux ou sucrés, plus faciles d'accès et où il est difficile de se tromper (à mon avis). Aujourd'hui encore, certains de mes amis préférant la bière et n'ayant pas d'amis amateurs éclairés dans ma région, c'est difficile d'avoir des opportunités de dégustation ou de partage.
Premier déclic : bloqués dans les bouchons à Orange en 1999, je copilote un ami pour rentrer sur Orléans en coupant par les petites routes du Macif Central et à peine sortis de l'autoroute, nous entrons à Chateauneuf du Pape... Totalement néophytes mais connaissant l'appellation, on décide de s'arrêter.... au hasard. Ce sera le Domaine de La Millière avec un CDP 1995 qui aura le mérite de m'avoir fait goûté le premier vin rouge qui m'a fait dire : "J'aime". Mais je ne change pas d'avis sur les vins rouge pour autant, les vins que j'ai pû goûter par la suite restant dans le giron de ceux que je n'aimais pas.
Second déclic : 2006 en grande ballade en voiture à travers les Alpes et le Tyrol, chaque fin d'étape nous donnait l'occasion de goûter un vin du Pays dans lequel nous êtions (Suisse, Italie, Autriche puis on rajoutera la Hongrie en 2009), histoire de nous coucher moins bêtes le soir. C'est ma première vraie expérience de dégustation avec la possibilité d'en parler avec quelqu'un qui a été élevé dans ce milieu... Les jours passent et arrive un jour où on goûte un vin que je ne peux pas boire mais dont notre guide se délecte... Après quelques échanges, on en arrive à la conclusion : je n'aime pas les tannins prononcés (et ce vin là me donnait l'impression de mâcher un morceau de vieille barrique pour moi). Je commence enfin à me dire qu'il va falloir goûter des vins afin de définir ceux qui me plaisent vraiment.
Troisième déclic : 2009 au salon des Vignerons Indépendants de la Porte de Versailles, sur invitation d'un ami producteur de Cognac, je profite de rentrer d'un week-end à Bordeaux et de filer à Lille pour mon travail pour m'arrêter le dimanche au salon avec une amie Vietnamienne. Vu que tous les domaines de Saint Emilion étaient fermés lorsque nous y étions passés, on a décidé de les goûter au salon. De déception en déception, on se laisse finalement flatter par un Haut Médoc 2008. Pour passer notre déception, je l'accompagne goûter des champagnes qui tendaient plus vers le demi-sec alors que c'était des bruts, j'en viens même à lui faire goûter un Vouvray pétillant que je connaissais pour se rendre compte que beaucoup de personnes ne feraient pas la différence entre Champagne et un bon Vouvray. Annonce de fin de salon, je flâne au milieu des allées et me dit que ce serait bien de goûter une grande appellation, histoire de voire si la renommée vaut le prix et la réputation à mon goût. On arrive devant un stand de Côte Rotie, j'explique que je suis néophyte en vin et que je ne connais pas du tout les vins de Bourgogne... Le vigneron se moque gentillement de moi en me passant un prospectus expliquant que Côte Rotie fait partie de la Vallée du Rhone...
Finalement, il me laisse goûter les Côte Rotie 2008 et Côte Rotie La Gerine 2008 de bouteilles ouvertes depuis le début d'après midi, et là je prend une grosse claque... Une longueur en bouche surprenante avec une palette changeante d'arômes sur toute la longueur, je suis sous le charme et j'explose mon portefeuille. (
)
Depuis, je n'ai de cesse de goûter de nouveaux vins, de nouvelles appellations, accumulant de l'expérience (je me rend compte que souvent en salon, il vaut mieux goûter un vin, même jeune qui est débouché depuis quelques heures) en me faisant une cave que je divise en deux : les vins que je vais pouvoir sortir avec mes amis amateurs de bière, facile d'accès et démonstratifs avec le but de les amener à apprécier également le vin (100% de réussite à ce jour) et les vins que je choisi pour les grandes occasions et pour un public plus averti (des amis plus éloignés malheureusement). Dans les grandes lignes, j'achète souvent des Vieilles Vignes, plus adaptés à ma consommation, c'est à dire avant un repas ou après un repas, permettant de mettre en valeur la seule qualité du vin et ses arômes sans pour autant forcer le trait avec un alcool distillé dont les arômes sont plus facilement détectables (et pourtant, j'ai une vraie passion pour le Cognac et ses différents stades de vieillissement). Bref, les apprécier dans un moment de plaisir, plutôt que de prendre des vins pour accompagner un plat. Travaillant beaucoup les goûts de mes plats, j'ai l'impression de gâcher ma cuisine et le vin.
Dans la mesure du possible, je ne lis pas les notes des guides, en ne me fiant qu'à mon palais et mon nez, mais je ne dis jamais qu'un vin est mauvais... Il ne correspond pas à mes goûts, c'est tout (et les vignerons apprécient ce discernement lors des dégustations, c'est un respect pour leur travail qu'il faut conserver).