Dès le début de ce fil, je voulais réagir, mais je préférais lire les arguments des uns et des autres avant de me lancer.
Comme Guillaume (Paysage), je ressens sur le forum un certain ressentiment envers Bordeaux. Cela se sent par exemple dans le fil sur les compositions des caves des uns et des autres : ceux qui en ont pas mal semblent en avoir honte. Ceux qui en ont peu ont l'air d'en tirer de la fierté.
Réactions sur certains propos :
Un grand vigneron Ligérien disait dernièrement :"comment voulez vous faire un vin parfait quand vous détenez entre 60 et 150 hectares de vignes et que vous produisez 300 000 à 500 000 bouteilles par an". Sur des petits domaines à micro rendement le vigneron connait chaque pied de vigne,il sait exactement les tailles qu'il y a effectué ou le liage réalisé ..Il se lève chaque matin des 4 saisons pour regarder évoluer son carré de vigne.
Dans les domaines de 60-150 ha, il y a des personnes qui travaillent toute l'année sur les différentes parcelles. Elles s'occupent de 5-6 hectares comme si c'était les leurs, en y faisant la taille, l'ébourgeonnage, l'épamprage, l'effeuillage, etc... et gardent en général les mêmes parcelles d'une année sur l'autre. Il n'y a donc pas de différence flagrante dans le suivi de la vigne.
Alors bien sur qu'à Bordeaux on produit du bon vin mais comment atteindre l'excellence en produisant tant...Même un très bon terroir n'y fera rien surtout si durant la vinification on tente toutes les dernières inventions de la chimie (Micro oxygénation,Flash pasteurisation...).
Je ne pense pas que ce soit à Bordeaux que la Flash pasteurisation soit la plus pratiquée...
Quant à la micro-oxygénation, elle s'adresse plutôt à ceux qui n'ont pas les moyens de s'acheter des barriques. Donc pas trop à Bordeaux non plus. Il ne faudrait tout de même pas oublier que la micro-oxygénation a été inventée à Madiran afin d'assouplir des vins plutôt rudes. Assez bizarrement, personne ne songe à dénoncer Brumont ou Laporte qui s'en servent, alors qu'à Bordeaux, pfffiou les affreux technos...
Et en parlant de taille, avec plus de 100ha de vignes et 400 000 bouteilles annuelles, on est dans quelle logique?
Y a pas de logique, justement. Il y a des petits producteurs qui travaillent comme des saligauds, et il y a des domaines comme Pontet Canet qui font 300 000 bouteilles d'un vin de "qualité artisanale".
Pourquoi les Mitjavilles sont extra, pourquoi Sociando est populaire, pourquoi Bel Air Marquis d'Aligre se denote (et depuis très longtemps)? Pourquoi les delon (Lascases, et clos du Marquis) sont si bien ? Etc.... C'est peut être mes gouts? Car ce sont des artisans!!!
Sociando, c'est tout de même pas l'archétype de l'artisan qui bichonne sa vigne. Il est populaire car il a été un bon outsider il y a 20 ans face à des GCC qui travaillaient à l'époque comme des sagouins. Aujourd'hui, ces derniers se sont remis en cause. Sociando, pas assez. Du coup, il me semble plutôt à la traine...
Bel Air Marquis d'Aligre se dénote certes par ses élevages en cuves. Mais il ne faut pas être trop curieux sur l'état de ses vignes. Si El Bingo les voyait, il ferait une apoplexie :
Delon, des artisans ? Ce n'est pas le premier qualificatif qui me serait venu en tête. Malgré les apparences, c'est probablement le domaine le plus pointu techniquement de tout le bordelais.
Mitjaville, je ne me prononcerai pas pour l'instant. J'en saurais plus dans l'année qui vient à leur sujet
Sinon, je plussoie à 100 % au
message de Vincent
.
Je rajouterai que la région viticole de Bordeaux est tellement multiple que je ne vois pas comment elle peut être résumée en quelques phrases/clichés.
Il y a deux mois, nous avons organisé des repas/dégustations en aveugle où un Bordeaux (sur 5 vins) était servi. C'était un Graves tout en finesse, sans boisé apparent, avec une dominante cabernet sauvignon, fleurant bon le cassis et le cigare/fumée. Sur les 7 repas que j'ai dû faire (une vingtaine de convives à chaque fois), jamais personne n'a imaginé que ce vin puisse être un Bordeaux. Trop fin, pas tannique ni boisé, encore moins surmûr... Bref, loin du Baron de Lestac précédemment décrit.
Je pense que si certains se sont détournés de Bordeaux, c'est qu'ils ne sont pas tombés sur les vins qui auraient pu les séduire. Selon les assemblages, les terroirs et les modes de vinif, les résultats peuvent être des plus variés. On peut tomber sur des "bombes de fruit" comme des merveilles de finesse ou des horreurs boisées. Si les GC de Bordeaux ont pété les plombs ces dernières années, il ne faut pas oublier qu'il y a des domaines totalement inconnus qui vous concoctent des vins sympas et goûtus entre 5 et 10 € la bouteille, dont les rapports qualité/prix n'ont rien à envier au Languedoc (et nettement plus favorable que la Bourgogne). Et d'autres de très bonne qualité entre 10 et 25 € la bouteille. Mais c'est comme pour les autres régions : il faut se donner la peine de chercher.