Après avoir cherché sur les pages existantes, je remarque que même si le sujet de la notation des vins a déjà beaucoup été discuté sur LVP (sujet notation des vins, entres autres), il n'a jamais été vraiment défini de règles quant aux dégustations de groupe dont la finalité est intrinsèquement d'être publiée ici,
sur LPV.
Or, je pense qu'il y aurait lieu peut-être de définir un cadre de cotation. La raison qui me pousse à ceci est la suivante :
J'organise depuis deux ans pas mal de dégustations avec des membres de ce forum et je remarque très souvent des écarts sensibles dans la valeur de la notation alors que le commentaire textuel sur le vin est très cohérent entre les différents dégustateurs. A titre d'exemple, je cite la dernière dégustation du millésime 2007 de nombreux rieslings alsaciens et particulièrement le cas du Kastelberg du Domaine Kreydenweiss.
En début de dégustation, je signale que l'ordre de service est loin d'aller des vins plus faibles aux vins les plus épatants, mais bien une tentative de placer les terroirs les moins solaires avant les plus solaires, en tenant aussi bien compte, tant que se peut, des sucres résiduels et des acidités. Par ailleurs, je signale que les vins du Bas-Rhin font l'objet de la première partie de la dégustation, les circonstances climatiques étant en faveur de plus de fraicheur encore pour cette première région. Enfin, j'insiste sur le fait que les acidités seront très élevées, et même si elles sont clairement tartriques, qu'elles vont perturber la dégustation et qu'il faut absolument essayer de ne pas rendre cet axe dominant dans la notation.
Or, le Kastelberg, logiquement placé premier vin pour les raisons ici énoncées se prend des cotes entre 11 et 15. Même si, il n'y a après tout que 4 points de différence entre les dégustateurs, la façon d'interpréter un vin ayant un 11 ou un 15 est un monde de différence dans l'absolu.
Pour comprendre ce propos et sachant que les dégustations sont le plus souvent notées sur 20, je vous donne à titre d'exemple le barème de cotation de la RVF (issu de leur revue) , pas que je m'y identifie dans l'absolu mais l'interprétaiton des niveaux me paraît intéressante dans la représentation d'une cote sur 20. Et c'est utile pour interpréter la logique ( ou l'illogique) de mes propos par la suite)
20 :
les vins de rêve : Ils sont l'excellence. Des vins que l'on rencontre rarement, qui offrent une interprétation inégalée de leur terroir. Ils sont des repères pour les dégustateurs par leur complexité et leur élégance. Ces bouteilles se distinguent enfin par leur capacité à traverser le temps.
De
19,5 à 17,5 :
les vins exceptionnels : Dotés d'une forte personnalité, ils se détachent par leur élégance, leur complexité et leur puissance. Un certain nombre de ces vins émergent chaque année dans le vignoble, souvent dans les grands millésimes.
De
17 à 15,5 : les
grands vins : Le grand vin est le vin des grandes occasions. Sa personnalité repose sur une adéquation parfaite entre son terroir, son encépagement, sa technique de vinification, son millésime et l'homme qui l'a engendré. Une valeur sûre.
De
15 à 13,5 : les
bons vins : Des vins issus d'une vinification bien maîtrisée alliée à un joli terroir, un encépagement fin, le plus souvent dans un millésime de qualité. Des vins de plaisir.
De
13 à 11,5 : les
vins corrects : Un vin correct est techniquement réussi, sans défaut, avec une concentration moyenne et de l'équilibre.
Il procure un minimum de plaisir à la dégustation.
11 et moins : les
vins médiocres
Je rappelle, que l'on ne donne pas moins de 10 dans cette échelle, par convention, puisqu'un travail est tout de même noté.[/i]
En appliquant cette échelle dans mon esprit, je suis revenu vers certains de ceux qui avaient collé un 11 et un 12 particulièrement à ce Kastelberg et pour savoir ce
qu'ils n'aimaient pas. A mon grand étonnement, personne d'entre eux n'avait trouvé ce vin médiocre ou procurant un minimum de plaisir mais se rapprochent plutôt bien de mon commentaire ci-dessous :
Le nez s’ouvre très vite, d’abord sur des notes florales, puis se complexifie pour évoluer sur des fruits blancs et de la pomme. Une fine pointe d’alcool est perceptible. La bouche est droite, menée d’emblée par une acidité caracolante puis le tout se centre sur de la pierre. Ce côté minéral persiste en finale, longuement. Globalement, le vin actuellement paraît extrêmement austère, donc difficile à comprendre pour tous mais la matière est là, indéniablement. A revoir dans 5 ans.
Il ressort en fait plus que beaucoup démarrent réellement dans leur tête à 0 et que 12, comme on dit à l'Université, correspond à "satisfaction". Parrallèlement comme il faut bien aussi en garder sous la pédale pour les vins suivants, on ne sait jamais, on démarre bas. Résultat : le Kastelberg, même en travaillant les moyenne (moyenne réduite), se classe 30e sur 32 (dont un vin avec défaut), un classement indigne du niveau du vin. Si on regarde d'autres points du tableau (voir addendum plus bas), on se rend compte aussi qu'en fait, on ne peut pas en tirer beaucoup d'objectivité. Or.... nombreux commentaires suivants le post se sont attachés à ce tableau.
Dès lors, je pense clairement que si chacun avait une feuille de route avec des barèmes stricts à appliquer
pour les dégustations LPV, ce genre de phénomène pourrait être évité. Faut-il se limiter à une appréciation sur 20 ou non, ou plutôt aller vers ce que François Mauss propose et que je trouve intéressant, finalement peu m'importe, pour autant que les barèmes soit cohérents et uniformes.
Votre avis m'intéresse.... évidemment ! Tant sur l'idée d'un barème LPV que de celui à appliquer.
Addendum 1 : tableau des rieslings 2007 :
ICI
Addendum 2 : barème du Grand Jury :
R Référence Un vin quasi-parfait, qui procure une réelle émotion, offre une longueur d’anthologie et dénote un potentiel évident. Ses équilibres sont impeccables.
E Excellent Qualités immédiates, grands équilibres, longueur remarquable, classe naturelle. Au-dessus du lot avec un potentiel sensible et une marque de beau terroir.
TB Très bon Pas de défauts. De belles qualités évidentes. Une longueur. Equilibré. On est sous le charme. Une classe internationale.
B Bon Les qualités restent supérieures aux petits défauts (dans le sens de "petites faiblesses") qui sont cependant nets mais n’altèrent que modérément un réel plaisir à partager ce vin entre amis.
MO Moyen Les défauts sont sensibles, mais ne cachent pas quelques qualités qui auraient pu mieux percer si plus de soins étaient apportés à la vigne et/ou à la vinification.
ME Médiocre Les défauts sont dominants, évidents et dénotent un vin qui n’aurait pas dû être mis en bouteille.
D Défaut Un vin à problème : bouchon, TCA, mauvais goût, oxydation, aigreur, acide. On devrait tester une autre bouteille.